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Quartiers d’Istanbul : Üsküdar, traditionnel, authentique et animé…

L’arrondissement d’Üsküdar n’est autre que l’antique Chrysopolis ou "la cité de l’or"! Nul ne sait aujourd’hui si ce nom poétique lui fut donné pour ses richesses ou pour les reflets du soleil couchant sur les toits… Quoi qu’il en soit, le secteur d’Üsküdar, connu ensuite sous le nom de "Scutari", du nom d’une caserne qui s’y trouvait dans l’Antiquité (Skutarion, en grec) joua un grand rôle dans l’Histoire, car c’est dans son immense port que se déroulèrent plusieurs épisodes ou batailles célèbres.

Arrivée du ferry à ÜsküdarArrivée du ferry à Üsküdar
Arrivée du ferry à Üsküdar
Écrit par Gisèle Durero-Köseoglu
Publié le 18 septembre 2023, mis à jour le 16 avril 2024

Aujourd’hui, Üsküdar, caractérisé pour son mode de vie conservateur, se métamorphose peu à peu, par l’afflux de la jeunesse stambouliote venue s’y installer. L’arrondissement est si vaste qu’il est difficile d’en évoquer toutes les richesses mais voilà au moins quelques incontournables…

L’emblématique Tour de Léandre

A la limite avec l’arrondissement de Kadiköy, se trouvent les  quartiers de Harem et Salacak, qui sont les endroits de la ville où l’on profite d’un des plus beaux panoramas sur la péninsule historique de la ville d’Istanbul. C’est dans cette zone qu’arrive le tunnel Avrasya mais aussi que se dresse l’immense caserne historique de Selimiye, où l’on peut visiter le petit musée dédié à Florence Nightingale, la pionnière des soins infirmiers modernes durant la Guerre de Crimée.

 

Statue de Florence Nightingale au musée de Selimiye
Statue de Florence Nightingale au musée de Selimiye

 

Mais le "clou" de l’endroit est la Tour de Léandre, qui se visite chaque jour entre 9h et 20h,  par un bateau partant de Salacak (et aussi de Galataport). Restaurée entre 2021 et 2023 (après de multiples transformations au cours des siècles),  devenue musée, elle offre chaque soir un spectacle de sons et lumières et comporte un café. Ovide raconte qu’Hero, une prêtresse du temple d’Aphrodite de Sestos, sur la presqu’île de Gallipoli, tomba amoureuse de Léandros qui la rejoignait chaque jour à la  nage ; mais un jour, la tempête faisant rage, le phare s’éteignit, Léandros se noya et Hero se suicida de désespoir. Il semble que cette légende ait été attribuée par erreur à la tour de l’entrée du Bosphore par les voyageurs en Orient…

 

Tour de Léandre

 

Les Turcs, qui la nomment "Tour de la Fille", disent qu’un roi de l’Antiquité à qui un devin avait prédit que sa fille mourrait mordue par un serpent, fit élever la tour sur un rocher pour y mettre la jeune fille à l’abri des reptiles mais qu’elle fut cependant victime d’une vipère dissimulée dans un panier de fruits. Au-delà du mythe, on sait que, dès le Ve siècle av. J.-C.,  se trouvait sur l’îlot un poste de péage, puis, qu’au XIIe siècle, les Byzantins y élevèrent une tour ; après la conquête de Constantinople, Mehmed II la transforma en forteresse, elle servit ensuite de phare et même de lazaret, au XIXe siècle, lors des épidémies de choléra.

Le "code secret" de la mosquée de la sultane Mihrimah

Sur la place d’Üsküdar se dresse la merveilleuse mosquée de la sultane Mihrimah, très fréquentée par les femmes, édifiée en 1548 par l’architecte Sinan, sur le modèle de l’architecture de Sainte-Sophie et comportant deux minarets.

 

Mosquée de la sultane Mihrimah

 

La légende prétend que Sinan, bien que déjà marié et âgé de cinquante ans, avait fait partie des prétendants de Mihrimah, fille unique de Soliman et Roxelane, que l’on maria au pacha Rüstem.  Or, en 1566, lorsqu’il éleva pour Mihrimah une seconde mosquée sur la colline d’Edirnekapi, pour éterniser son amour déçu, Sinan en aurait choisi l’emplacement suite à de savants calculs mathématiques. Le "code secret" viendrait du fait que Mihrimah était née le 21 mars et que son prénom signifiait en persan "soleil et lune". Or, le 21 mars, on assisterait  à un phénomène extraordinaire : voir en même temps, le soleil se coucher derrière le minaret d’Edirnekapi et la lune se lever entre les deux minarets d’Üsküdar ! Même si ce conte sentimental résiste mal à l’analyse des faits et des dates, à vous de tenter d’observer ce prodige, pour en vérifier l’authenticité !

 

La sultane Mihrimah
La sultane Mihrimah

 

Le marché d’Üsküdar

Derrière la mosquée s’étend le pittoresque marché d’Üsküdar, très vivant, avec ses ruelles commerçantes, ses bancs de poissons et ses multiples passages couverts ; là, dans une atmosphère un peu surannée rappelant la Turquie d’il y a vingt ans, vous pourrez effectuer toutes sortes d’emplettes à des prix concurrentiels ; ou déguster un sandwich au poisson dans un des multiples troquets ; ou, si vous aimez les plats turcs classiques, manger sur la place au fameux restaurant populaire "Kanaat", connu aussi pour ses desserts…

 

L'entrée du Marché aux poissons
L'entrée du marché aux poissons

 

Non loin de là,  si vous souhaitez découvrir ces merveilleuses "maisons d’oiseaux" dont les Ottomans paraient les murs des mosquées, marchez jusqu’à la mosquée Yeni Valide (Yeni Valide Camii ) car les nichoirs y sont d’extraordinaires palais en miniature !

 

Maison d'oiseaux de la mosquée Yeni Valide

 

 

Les romantiques ruelles de Kuzguncuk

En prenant un autobus devant la mosquée de Mihrimah, vous vous rendrez facilement au quartier de Kuzguncuk, célébré par le poète Nazım Hikmet. Sa caractéristique ? Posséder beaucoup de verdure et une multitude de maisons en bois ottomanes dont beaucoup sont restaurées, peintes en couleur et vous donnent l’impression de vous promener dans un village !

 

Maisons ottomanes

 

L’avenue principale, Icadiye, est bordée de platanes sous lesquels s’alignent petits cafés, boutiques, échoppes de brocanteurs et d’ateliers d’artistes. Comme, au XVe siècle, le quartier fut, avec Balat, le premier lieu d’installation des Juifs d’Espagne et qu’ensuite, il fut longtemps habité par des minoritaires, on y trouve plusieurs synagogues et églises.

 

montage 2

 

L’une des curiosités de l’avenue est un immense jardin public où les enfants jouent en liberté et qui possède un potager collectif, le "Bostan", où les habitants tirés au sort peuvent cultiver des légumes.

 

Le potager de Kuzguncuk

 

Sur la colline s’étend le parc de Nakkaştepe (Nakkaştepe Millet Bahçesi) qui offre une vue imprenable sur le premier pont du Bosphore. Pour finir, signalons qu’au bord de l’eau se trouve le café "Sous les platanes" (Kuzguncuk Çınaraltı Kahvesi) où les Stambouliotes se rendent depuis plus de vingt-cinq ans et aussi le célèbre restaurant de poissons "Ismet Baba", datant de 1950. Pour l’instant, ce quartier, authentique, bien connu des Stambouliotes et très fréquenté par les jeunes, est épargné par le tourisme de masse. Souhaitons que cela continue…

Les fastes de Beylerbeyi

Situé juste après le premier pont, le quartier de Beylerbeyi est fameux pour ses étroites ruelles avec de jolies maisons anciennes "dans leur jus",  même si certaines ont été défigurées par de récentes constructions. Cependant, le charme de l’endroit réside surtout dans les "yalis", les manoirs en bois au bord de l’eau, que l’on peut admirer lorsqu’on se promène en bateau. L’un des plus célèbres est le "yalı" du pacha Mehmet Hasip (Hasip Paşa Yalısı), construit en 1825 par un architecte italien mais entièrement refait après un incendie et évalué à 160 millions de dollars !

 

Hasip Paşa Yalısı

 

C’est toutefois le Palais de Beylerbeyi, édifié par Sarkis Balyan entre 1863 et 1865, pour le sultan Abdülaziz, qui constitue la merveille du lieu.

 

Palais de Beylerbeyi

 

Il possède un trésor dont on entend peu parler, ses lustres. Premier souverain ottoman à se rendre en Europe pour l’Exposition Universelle de Paris en 1867, le sultan passa une telle commande que l’on considère aujourd’hui Beylerbeyi, comme  un véritable musée pour le Baccarat de couleur, par exemple par son lustre du "Salon à Piscine de marbre", avec ses cent-trois bras dorés à l’or fin supportant des cristaux blancs, rouges et verts.

 

Un lustre de Beylerbeyi

 

En vous souhaitant une passionnante promenade à Üsküdar…

 

Rendez-vous le mardi 3 octobre pour un nouveau volet…

 

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Gisèle Durero-Köseoglu
Publié le 18 septembre 2023, mis à jour le 16 avril 2024

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