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PASCAL NOUMA – “Je vais demander la nationalité turque car je suis très attaché à ce pays”

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 10 juin 2014, mis à jour le 10 juin 2014

Pascal Nouma, ancien joueur emblématique du club de Be?ikta?, est aujourd'hui encore célébré par de nombreux supporters en Turquie. Une notoriété qu'il a su entretenir au point de devenir une figure incontournable du paysage médiatique. Alors que la Coupe du monde de football approche à grands pas, rencontre avec ce Franco-Camerounais dynamique aux nombreuses casquettes.

lepetitjournal.com d'Istanbul : En Turquie, vous avez été tour à tour joueur de football professionnel, comédien pour des publicités et des émissions de télé-réalité, animateur de radio... Comment êtes-vous devenu si proche de la Turquie et de ses habitants ?

Pascal Nouma (photo MD) : Je ne sais pas comment l'expliquer, je pense qu'il faudrait me faire une opération à c?ur ouvert et regarder (rires). Je me sens bien ici, j'ai joué au Be?ikta? où j'ai vécu des émotions très fortes. Il ne s'est pas passé beaucoup de temps avant que je décide de revenir en Turquie après ma carrière. Pour être honnête, je n'arrive pas à imaginer ma vie ailleurs qu'ici, à Istanbul. Je pense que les Turcs apprécient la sincérité, le franc-parler, même si parfois cela peut provoquer des réactions inattendues. Je suis donc devenu assez célèbre et beaucoup de personnes me demandent de signer des maillots ou des autographes.

Ces autographes, vous les demande-t-on en tant que footballeur ou que personnalité publique ?

J'ai joué très peu de temps ici, assez pour être très proche des supporters mais très peu quand même. Par la suite, quand je suis revenu, j'ai participé à des émissions de télé-réalité comme Survivor et The Voice. Je rencontre désormais  des fans qui ont tous les âges, de tous les milieux, et même des enfants qui étaient pourtant trop jeunes pour m'avoir vu jouer. 

Dix ans après avoir quitté le Be?ikta?, quelle est votre actualité ces jours-ci ?

Je vis en Turquie toute l'année, j'ai des amis ici, je travaille ici. J'anime une émission avec Kadir Çöpdemir sur Metro FM qui s'appelle Aragaz. J'ai découvert la radio avec lui, et c'est un plaisir d'y aller le matin pour faire rire les gens avec des sketchs et des canulars téléphoniques. Nous avons un large public qui nous écoute chaque jour. J'ai plusieurs contrats publicitaires avec des grandes marques et je m'occupe également d'une école de football. Après mon cancer en 2002, j'ai décidé de soutenir l'association LÖSEV, qui vient en aide aux enfants atteints de leucémie. J'étais aussi à la mairie de Be?ikta? avant-hier pour rencontrer des enfants atteints de trisomie. Je tiens à rester occupé et je dis rarement non aux demandes.

Quel sera votre agenda durant cette Coupe du monde, allez-vous regarder les matches ou supporter une équipe en particulier ?

J'ai toujours préféré les clubs de ligue, Be?ikta? en particulier, mais dans ce genre de compétition, je n'ai pas de préférences en termes d'équipe. Je pense que c'est surtout l'occasion de voir du beau football et comme je dis souvent, que le meilleur gagne ! Je vais peut-être aller au Brésil mais rien n'est confirmé pour l'instant.

Pour en revenir à votre carrière, qu'est ce que vous a poussé à venir jouer en Turquie à l'époque ?

Ce n'était pas vraiment par choix mais plutôt pour rendre service à mon ancien club (le Racing Club de Lens en France) qui avait besoin de l'argent du transfert. Je ne connaissais absolument rien de la Turquie et pourtant le courant est très vite passé. Je me suis fait tatouer Be?ikta?, je vis Be?ikta? ! (rires).

Quel est votre meilleur souvenir dans ce club ?

À une époque où j'étais un peu moins mesuré dans mon comportement, il m'est arrivé de me battre avec des paparazzis qui voulaient publier des photos de moi prises en boîte de nuit. Un jour, ça s'est mal terminé et j'ai dû passer cinq jours en garde à vue. J'avais un match à jouer et j'ai sauvé le club en marquant dans les arrêts de jeu. Rien de sérieux ne m'est finalement arrivé dans cette affaire? On raconte que le juge était un fervent supporter du Be?ikta? (rires).

Vous nous avez parlé de votre école de football, puis de votre attachement au club de Be?ikta?, aimeriez-vous devenir entraîneur un jour ?

C'est un de mes plus grands rêves : entraîner Be?ikta? pour une ou plusieurs saisons. J'ai le sentiment que mon travail dans le club n'est pas terminé car j'ai dû quitter l'équipe de manière assez précipitée. Peut-être que mon fils terminera à ma place et portera un jour les couleurs du Be?ikta? et le numéro 21 qui était le mien à l'époque. Peut-être même que je serai l'entraîneur de mon fils, au Be?ikta? ! (rires)

Vous êtes très actif sur les réseaux sociaux, où vous réagissez souvent à l'actualité. Pourquoi avoir posté cette photo de vous embrassant le drapeau turc en début de semaine ?

C'est une photo qui date d'il y a presque 10 ans, mais que j'ai décidé de publier à nouveau pour réagir à l'affaire du drapeau descendu dans la province du Diyarbak?r. J'ai voulu exprimer mon attachement à la Turquie mais surtout m'opposer à ceux qui brûlent ou dégradent des symboles nationaux. Je suis sur le point de demander la nationalité turque et pour moi, dégrader un symbole, c'est dégrader le pays tout entier.  

Justement, vous sentez-vous bien intégré dans ce pays que vous aimez tant ?

Très bien oui, j'ai beaucoup d'amis et pendant trois ans et demi, j'ai pu partager la vie d'une femme turque Müge. Même si cette relation est terminée aujourd'hui, elle m'a changé en profondeur. Je suis beaucoup moins concerné par le monde de la nuit, j'essaye aussi d'éviter les paparazzis et les querelles inutiles.  Je m'arrête rarement aux terrasses des cafés, je ne vais pas souvent au restaurant. Par contre, je suis très attaché à des villes comme Çe?me et Bodrum, où j'essaye d'aller régulièrement.

Pour terminer sur une note de football, que vous inspire la nouvelle équipe de France quatre jours avant son premier match contre le Honduras ?

Ce qui est bien avec cette équipe, c'est qu'elle est composée de jeunes joueurs qui vont sûrement jouer ensemble pendant longtemps. C'est la nouvelle génération, et ils ont déjà les moyens de faire la différence. Même si la blessure de Franck Ribéry n'est pas un bon signe, je pense que tout est possible pour eux. Je regarderai bien sûr ce match depuis Istanbul, je leur souhaite les meilleurs résultats possibles.

Propos recueillis par Meriem Draman et Pierre-Louis Caron (http://lepetitjournal.com/istanbul) mercredi 11 juin 2014

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Publié le 10 juin 2014, mis à jour le 10 juin 2014

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