

Arrivé en septembre 2013 au Lycée Galatasaray, le plus prestigieux des lycées francophones en Turquie, le directeur des études françaises Thierry Aldebert dirige une équipe de 36 professeurs dont 29 enseignants français MICEL. Après Georges Doumergue et Marc Fourreau, restés respectivement 16 ans et 5 ans à ce poste, le nouveau directeur, qui a un parcours ?international?et polyvalent, a bien voulu répondre à nos questions et nous donner le pouls de cette rentrée, sa première en tant que directeur d'un établissement.
Lepetitjournal.com d'Istanbul : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs et nous détailler votre parcours professionnel ?
Thierry Aldebert dans son bureau (photo MD) : Mon histoire avec la Turquie n'est pas récente, elle remonte à presque 30 ans en arrière... Je suis venu la première fois en 1986, en tant que VSNA* à l'époque, enseigner pendant 2 ans le FLE* au lycée Tevfik Fikret à Ankara. De formation, je suis instituteur et j'ai une maîtrise en FLE et un cursus en lettres classiques (latin, grec). Après la Turquie, je suis parti un an au Canada en tant que lecteur, à l'Université de Windsor dans l'Ontario, puis j'ai exercé mon métier d'instituteur durant 2 ans à Monaco. Au début de ma carrière, j'avais très envie de voir du pays; c'était l'époque où Jacques Chirac disait aux Français ?Exportez-vous, exportez-vous !? et j'étais tout à fait dans cette optique-là. En 1993, je suis revenu en Turquie, à Istanbul en tant que coordinateur pour participer à l'ouverture de l'école primaire de Galatasaray, d'abord située à Ortaköy, puis à ?i?li et j'ai enseigné ensuite 2 ans aux classes de Haz?rl?k (classes préparatoires). En 1997, j'ai eu l'occasion de partir au Gabon et nous y sommes restés, avec ma femme turque, pendant 5 ans. En 2002, je suis rentré en France, à Nice, où j'ai pris la direction d'une section locale de la MGEN pendant un an, mais je n'étais pas encore prêt à cette époque-là, ni à la gestion, ni au management d'une équipe. Enfin, de 2003 jusqu'à ma nomination au Lycée Galatasaray, j'ai enseigné pendant 10 ans dans des classes de rattrapage intégré (CRI) à Nice, à Cannes et à Vence dans des établissements ZEP*, pour un public de primo-arrivants ou ayant des difficultés de langues.
Depuis la rentrée, vous êtes le nouveau directeur des études françaises au Lycée Galatasaray. Est-ce un poste que vous avez toujours rêvé d'exercer, ou bien vous l'a-t-on proposé et c'est un poste qui ne se refuse pas ?
Pour en avoir souvent parlé avec Georges Doumergue, un des anciens directeurs, je dois avouer que ce n'est pas un poste auquel je rêvais, étant conscient de l'importance de la mission et des responsabilités qui m'incomberaient. Je souhaitais néanmoins revenir en Turquie, ma femme étant turque, plutôt en tant qu'enseignant... Autour de moi, des amis qui connaissaient mon parcours m'ont poussé à postuler, et j'ai finalement saisi cette magnifique opportunité sans trop réfléchir... Aujourd'hui je ne regrette absolument pas mon choix, je regrette juste de ne pas avoir de cours à donner, et de n'être occupé que par la partie administrative. J'ai mis quelques semaines à m'adapter à toutes les charges administratives, mais aujourd'hui je vis pleinement ma mission et je pense avoir trouvé un bon rythme de croisière.
Avant vous, Mr Doumergue et Mr Fourreau ont exercé cette fonction pendant 16 ans et 5 ans respectivement. Quels conseils vous ont-ils donné avant de prendre vos fonctions ?
Quand on est chef d'établissement, la première règle est d'apprendre à se forger une carapace, car on ne prend en pleine tête que les choses qui ne vont pas. Tout ce qui va bien, c'est grâce à l'institution, et tout ce qui va mal c'est à cause du directeur français. Ce n'est pas évident à gérer car je suis une personne qui a besoin d'avoir des retours sur les choses que j'entreprends.
La 3ème règle, c'est de trouver ma place à côté de Mme Meral Mercan (photo de droite MD), la directrice turque du Lycée Galatasaray, qui assure les fonctions de réelle directrice du lycée. Finalement, c'est plus confortable pour moi, car je me vois plus comme un coordinateur, bien que je dois prendre aussi assez souvent des décisions...
En quoi consiste ce métier de directeur des études françaises au Lycée Galatasaray ? Pouvez-vous nous décrire une journée type ou une semaine type ?
Vu l'étendue du travail, il est difficile de cerner toutes les facettes de ce métier. Cela va de la préparation d'une fiche pédagogique, rédigée avec les collègues, jusqu'à la préparation des comités paritaires devant le recteur turc à l'issue desquels sont publiés d'importants rapports annuels, en passant par la traduction du nouveau programme du Milli E?itim (Education Nationale).
Il n'y a pas vraiment de journée type ou de semaine type, car les journées ne se ressemblent pas; cela va de l'accueil d'un ministre en déplacement (Arnaud Montebourg vendredi 11 octobre) à la gestion quotidienne de la salle des profs... Le rythme d'une journée est très variable aussi; cela peut être calme pendant plusieurs heures et tout de suite s'accélérer... Il faut y être préparé mentalement ! Gérer une classe, et y imposer son rythme, et gérer un établissement avec ses contraintes mais aussi ses impondérables relèvent d'une démarche différente... C'est le challenge de mes prochaines années à Istanbul et je mettrai tout mon coeur et mon enthousiasme pour l'atteindre.
En conclusion à cet entretien, voici les témoignages des deux précédents directeurs, qui reviennent chacun sur les moments forts de leur carrière au sein de cet établissement mythique :
Georges Doumergue, directeur pendant 16 ans, de 1992 à 2008 : (photo personnelle)
Marc Fourreau, directeur pendant 5 ans de 2008 à 2013 : (photo personnelle)
Lexique : VSNA* : volontaire du service national actif - FLE* : français langue étrangère - ZEP* : Zone d'éducation prioritaire
Propos recueillis par Meriem Draman (www.lepetitjournal.com/istanbul) mardi 22 octobre 2013









































