Yedikule reprend possession de son patrimoine historique en célébrant les 8 et 9 mai la Fête de la laitue (Marul bayramı en turc). Ce quartier d'Istanbul, à hauteur des murailles historiques de la ville, est connu pour sa longue tradition d'agriculture urbaine que les archéologues font remonter à l'époque byzantine. Comme le souligne l'archéologue Alessandra Ricci dans un article universitaire publié en 2008*, “il existait une réelle activité et de grands jardins à l'époque byzantine aux pieds des murailles où […] la salade verte, la chicorée, les carottes, les oignons et les choux étaient cultivés.”
Alors que le 30 mai 1938, un article du quotidien Cumhuriyet titrait “Yedikule a célébré hier la Fête de la laitue” (en y expliquant que les Arméniens commémoraient le 106ème anniversaire de l'Hôpital de Yedikule avec des laitues et en soulignant les bienfaits de ces dernières, plantées dans les jardins de l'hôpital), le groupe Fikir Sahibi Damaklar a choisi de remettre à l'honneur les saveurs de cette salade en organisant chaque année, pendant la première semaine de mai, un festival du même nom.
Cette année, les participants se verront offrir un panel d'activités : un atelier sera ainsi organisé spécialement pour les étudiants, le premier jour, où l'histoire de la laitue leur sera contée depuis l'Açιk Bahçe de SALT Beyoğlu. S'ensuivra une conférence ouverte à tous sur l'Histoire de Yedikule. La seconde journée débutera par une allocution sur les festivals printaniers d'Istanbul à Erey Çay Bahçesi, et continuera avec une promenade dans les lieux culturels d'Istanbul et historiques de Yedikule (réservation souhaitée car nombre de places restreint). Un échange, ouvert à tous, sur la culture de la laitue se tiendra pendant que des activités seront réservées en début d'après-midi aux enfants de moins de 14 ans à Yedikule Bostanlarι. Un buffet, de la musique et diverses autres animations ponctueront ce festival qui prendra fin le 10 mai avec un atelier pratique ouvert à tous.
L'objectif de ce festival est avant tout de “se réapproprier le patrimoine culturel d'Istanbul et sa géographie”, explique le groupe Fikir Sahibi Damaklar. Il s'agit également de revendiquer la possession de ces potagers et d'insister sur leur importance à l'heure où leur existence se trouve menacée. Depuis quelques années, ils font en effet l'objet de débats et certains ont déjà été détruits pour être utilisés à de nouvelles fins.
Marion Truffinet (http://www.lepetitjournal.com/istanbul) mardi 5 mai 2015
**Intangible Cultural Heritage in Istanbul: the Case of the Land Wall's Byzantine Orchards, Alessandra Ricci, Anadolu Medeniyetleri Araştırma Merkezi, Koç Üniversitesi