Istanbul attire les vacanciers mais aussi des étrangers qui souhaitent s’y installer pour travailler. Trouver un travail n’est pas chose facile, et chercher dans un autre pays implique la prise en compte d’un certain nombre d’éléments.
Deux catégories d’étrangers peuvent principalement être rencontrées dans le monde professionnel en Turquie. Il y a les expatriés, envoyés pour travailler plusieurs années dans une entreprise rattachée à leur pays, mais il y a aussi les étrangers qui cherchent un travail sur place, par leurs propres moyens. Les raisons de cette initiative sont variées : coup de cœur pour le pays, envie d’aventure et de dépaysement ou encore conjoint turc. Américains, Européens… Les candidats viennent du monde entier. Hakan Yarbaoğlu, responsable du bureau turc de l’agence de recrutement Antal International, souligne toutefois qu’à cause de la crise en Syrie, les Syriens représentent actuellement une part importante des étrangers sur le marché du travail turc.
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Les agences de recrutement
Chercher un travail à l’étranger n’est pas forcément une tâche évidente. Pour multiplier ses chances, il est possible de passer par une agence de recrutement. Les agences assurent le lien entre les candidats et des entreprises qui cherchent des profils précis pour des postes à pourvoir. Pour cela il faut se diriger, parmi les agences internationales, vers celles qui acceptent les candidatures des étrangers. Le bureau turc de la célèbre agence Manpower est par exemple soumis à la loi turque et de ce fait, n’est pas apte à recevoir les dossiers des étrangers. Il existe cependant plusieurs agences internationales susceptibles d’accompagner les candidatures étrangères, comme Antal International ou encore Nicholson International, qui est l’une des premières agences internationales à s’être établie à Istanbul.
Une fois le CV reçu, l’agence peut convoquer le candidat à un entretien de présentation. Si une offre d’emploi correspond au profil et aux compétences, elle soumettra la candidature à l’entreprise concernée, qui sera ensuite libre d’organiser un entretien. Il s’agit d’aider les entreprises à trouver ce qu’elles cherchent. “Quand une entreprise à recours à une agence, c’est qu’elle a déjà cherché et n’a pas trouvé. Nous essayons de les aider, en explorant différentes voies. À ce moment-là, on peut par exemple proposer des candidats étrangers, cela peut être une solution”, explique Esin Dağlı, consultante associée chez Nicholson International. De son côté, Hakan Yarbaoğlu indique qu’il ne peut procéder de la même façon avec les candidats turcs et étrangers. “Lorsque le profil de candidats turcs correspond à une offre, je transmets directement l’offre à ces candidats. Mais lorsqu’il s’agit d’un étranger, je passe d’abord par l’entreprise, pour savoir si cela leur pose problème que le candidat soit étranger.”
La langue, obstacle principal
L’une des principales difficultés que peut rencontrer un étranger qui cherche du travail en Turquie est la maîtrise de la langue turque. Ne pas parler turc est en effet un trait quasiment éliminatoire. “Certains secteurs sont en rapport permanent avec les lois et législations turques. Un étranger qui ne peut pas les comprendre ne peut pas pourvoir de poste”, note Hakan Yarbaoğlu. De plus, les employés turcs ne parlent pas forcément tous anglais et la communication entre collègues peut être limitée, compromettant l’efficacité professionnelle. La barrière de la langue est donc marquée. Pour commencer à avoir ses chances, il faut au minimum un niveau intermédiaire en turc.
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Le fait de parler turc ainsi qu’une autre langue maternelle peut être un “plus”. Mais comme le note Burcu Küçükcumalı, manager chez Nicholson International, “des Turcs parlent également ces langues, et les employeurs pourront alors être amenés à préférer des Turcs qui maîtrisent une langue étrangère.” Sur ce point, Hakan Yarbaoğlu est très clair : il y a des Turcs très qualifiés sur le marché du travail, et les employeurs se dirigent vers eux en priorité.
De fait, il n’y a pas réellement de secteur particulièrement propice à l’embauche des étrangers. Esin Dağlı laisse toutefois entendre que les postes d’ingénieur pourraient être envisagés. “Lorsqu’il est question de technologie, les entreprises peuvent avoir besoin d’étrangers qui apportent de nouvelles méthodes.” Hakan Yarbaoğlu prévient qu’un secteur comme le marketing est plus ou moins inatteignable. “Votre turc doit être aussi bon que celui d’un natif pour vendre vos produits et proposer des plans d’action à vos supérieurs.” Il est alors recommandé de candidater auprès des entreprises qui ont un lien avec la culture d’origine, et si possible postuler directement au siège s’il se trouve dans le pays natal.
Outre le fait d’apprendre le turc, Burcu Küçükcumalı et Esin Dağlı conseillent de tout faire pour se constituer un réseau, même si ce n’est au départ qu’au sein de sa communauté d’origine.
Afin de travailler en Turquie, il est enfin nécessaire d’obtenir un permis de travail. C’est l’employeur qui s’en charge. “Ce n’est pas une charge financière importante, mais cela prend du temps. Un membre de l’entreprise doit suivre le dossier, c’est une procédure de deux mois”, explique Hakan Yarbaoğlu. Il s'agit donc une forme d'investissement pour l'employeur.
Il faut aussi savoir que le permis de travail est lié à l'entreprise. Si l'employé étranger démissionne et se fait embaucher ailleurs, la nouvelle entreprise devra recommencer ces démarches.
Amélie Boccon-Gibod (www.lepetitjournal.com/istanbul) mercredi 28 mai 2014
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