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TRAQUE À L'ARNAQUE - Guide pratique du touriste avisé en Turquie

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 27 mars 2016, mis à jour le 27 mars 2016

Les beaux jours reviennent et avec eux, la saison touristique. Que vous comptiez visiter la Turquie prochainement, ou que vous y résidiez, lepetitjournal.com d'Istanbul vous met en garde contre les arnaques les plus courantes dirigées contre les étrangers.

1. Les taxis

Le taxi est omniprésent dans les grandes villes turques, et c'est souvent le premier moyen de transport que vous serez tentés d'emprunter en sortant de l'aéroport (la complexité apparente du réseau de transports en co?mmun d'Istanbul peut avoir un effet rebutant). Où que vous soyez, à n'importe quelle heure, vous pouvez compter sur une de ces autos jaunes pour vous amener à bon port. Plus pratique que le métro ou le tram, plus agréable que le metrobüs ou le dolmu?, et plus disponible que le vapur, à bord d'un taxi, la ville est à vous ! En théorie. En pratique, les choses se compliquent.

Photo Garycycles07, Flickr, CC

Le procédé : L'arnaque au taxi est non seulement extrêmement fréquente, mais il est aussi très difficile de s'en défendre. De nombreux chauffeurs profitent de la barrière de la langue et de l'ignorance candide des touristes étrangers pour allonger inutilement la course, demander des tarifs plus élevés que le prix dû, ou même faire monter d'autres clients en même temps que vous dont la course ne sera pas déduite de la vôtre.

Comment l'éviter : Repérez sur une carte (en papier ou sur votre téléphone) le trajet que vous comptez effectuer et, dans la mesure du possible, expliquez votre destination en turc. (?Taksim'e gitmek istiyorum?, par exemple, pour ?Je souhaite aller à Taksim?) Assurez-vous que le compteur est bien visible et non scellé. Vous pouvez également utiliser des applications pour smartphones avec lesquelles vous commandez un taxi : vous suivez le parcours sur une carte avec une localisation GPS, et le montant de la course est estimé à l'avance.

Comment obtenir réparation : Les autorités locales commencent à s'attaquer au problème. Les chauffeurs frauduleux s'exposent désormais à une amende de 400 liras (125 euros) voire à des peines de prison. Si vous êtes victimes d'une telle arnaque, vous pouvez porter plainte au poste de police touristique d'Istanbul, où le personnel parle anglais, français, italien et allemand (selon la disponibilité des agents). Toutefois, statistiquement, il y a peu de chance pour que votre plainte aboutisse si la somme qui vous a été demandée n'est pas faramineuse. Important : pensez toujours à mémoriser la plaque d'immatriculation de votre taxi ! Sinon, la police ne pourra pas grand chose pour vous.

Pour en savoir plus, cliquez ici

 

2. La brosse à cirage

Légèrement moins répandue, mais toute aussi déplaisante, la technique de la brosse à cirage s'opère dans les quartiers les plus touristiques d'Istanbul. Gare à vous donc, si vous vous promenez à Sultanahmet, Taksim ou Cihangir.

Le procédé : Alors que vous arpentez les rues de l'ancienne Constantinople, un cireur de chaussures qui marchait opportunément devant vous laisse échapper sa brosse à vos pieds. Le réflexe bienveillant de tout un chacun est de ramasser cette brosse, et c'est précisément cette politesse qui vous perdra. Le cireur se montrera alors infiniment reconnaissant envers vous, engagera la conversation sur votre pays d'origine (et aura généralement un très bon ami qui y vit, quelle coïncidence!) et insistera pour cirer vos chaussures. Le refus avec les gens qui pratiquent cette arnaque n'est pas une option, et ce peu importe le type de chaussures que vous portez. Après sa tâche accomplie, il vous réclamera alors son ?dû?, estimé à la tête du client.

Comment l'éviter : Au diable la gentillesse, on ne ramasse pas les brosses qu'on ne connaît pas. C'est aussi simple que ça.

Comment obtenir réparation : Il est extrêmement compliqué de retrouver l'auteur du méfait, et la police vous fera comprendre qu'elle a d'autres priorités que de récupérer votre vingtaine de liras. Alors, sauf exception, vous pouvez vous ?brosser?.

 

3. Les marchands de tapis

Avec vos lunettes de soleil, votre bermuda et votre appareil photo autour du cou, vous devenez la cible idéale des escrocs du tapis.

Le procédé : Un Turc très souriant, curieux, et souvent plutôt rigolo viendra vous aborder et vous demander d'où vous venez. Son frère, son cousin, son ancien voisin ou l'ami d'un ami vivra justement dans votre pays ! (Cf la coïncidence foireuse de la brosse à cirage) Il se fera alors l'honneur de vous montrer les richesses de sa ville, comme de gentils locaux l'ont fait pour la personne qu'il a mentionnée. A commencer par les boutiques de tapis. Quoi de plus typique à ramener en souvenir qu'un authentique tapis tissé à la turque ? Il vous emmènera alors dans une boutique qu'il tient, ou alors où un ami travaille, et où il vous promettra d'obtenir les meilleurs prix. C'est évidemment faux. Les prix qui seront proposés seront largement supérieurs à la moyenne, et dans certains cas, les tapis ne seront même pas authentiques mais fabriqués en Chine.

D'autres variantes existent. Plus subtilement, votre nouvel ami vous proposera de vous guider vers votre prochain site à visiter, et en chemin s'arrêtera boire le thé chez un ami à lui qui se trouve être marchand de tapis. L'ambiance sera très familiale et joviale, tout sera fait pour vous mettre en confiance et faire pleurer votre porte-monnaie.

Enfin, troisième variante, encore plus cynique : le passage par une boutique de tapis sera compris dans votre visite prévue par un organisme de voyage. Les marchands peuvent être incroyablement persuasifs et à plusieurs peuvent même opérer une certaine pression sur les touristes pour les obliger à acheter.

Comment l'éviter : Méfiez-vous des personnes trop promptes à vous rendre service dans des lieux touristiques sans que vous l'ayez demandé. Si vous avez un objectif en tête, ne vous laissez pas distraire par les nombreux signes attentionnés dont votre nouvel ?ami? se sert pour vous vendre quelque chose. De plus, n'acceptez jamais de vous le faire livrer en France (ou ailleurs). Il y a de fortes chances pour que votre tapis n'arrive jamais, ou pour que vous receviez un autre modèle.

Comment obtenir réparation : Les sommes dépensées pour acheter des tapis sont souvent élevées, et ainsi peuvent retenir l'attention des policiers du poste pour étrangers. Cependant, il vous restera à prouver que la qualité n'est pas celle qui vous a été promise, que l'article reçu n'est pas celui commandé ou que la somme versée est exagérée.

 

4. Un ami qui ne vous veut pas de bien

Les Turcs sont généralement très accueillants, serviables, et ? malgré ce que pourrait laisser penser ce petit guide pratique ? l'écrasante majorité ne cherche pas à vous arnaquer, mais juste à vous rendre service. Toutefois, une arnaque très courante en Turquie repose justement sur ce sens de l'accueil et de la camaraderie.

Le procédé : Cette arnaque concerne les hommes voyageant seuls ou en très petits comités. Si vous vous promenez seul en fin d'après-midi, il y a de fortes chances pour qu'un Turc vienne vous aborder. Il vous demandera l'heure, ou son chemin, et profitera de votre réponse pour engager une conversation enjouée sur vos origines (encore une fois !). Les victimes de l'arnaque qui suit font toutes état d'un homme franchement sympathique, généralement bilingue ou avec un très bon niveau de langue, qui à l'air de s'intéresser honnêtement à ce que vous avez à lui raconter sur vous-même. Il vous proposera d'aller boire un verre quelque part. Seulement, une fois dans le bar, il rencontrera fortuitement des amis à lui, parmi lesquels se trouveront deux ou trois très belles jeunes femmes. Elles s'attribueront alors automatiquement les verres que vous vous serez commandés. Si jamais cette ambiance ne vous plaît pas et que vous cherchez à partir, le patron vous apportera alors la note, qui sera comprise entre 1.000 et 1.500 euros. Le patron, souvent appuyé par deux molosses de la sécurité, vous expliquera que ces dames ont commandé 5 ou 6 bouteilles de champagnes, et que c'est vous qui régalez. Si vous n'avez pas la somme sur vous, pas de problème ! Ils vous suivront jusqu'au prochain distributeur automatique de billets.

Comment l'éviter : Si une nouvelle connaissance vous propose d'aller boire un verre et que vous êtes vraiment en confiance, pourquoi pas. Toutefois, refusez de le suivre s'il est hors-de-question pour lui d'aller dans un autre bar que celui qu'il a en tête ou s'il est avide de questions personnelles à votre égard mais dévie la conversation lorsque vous retournez les questions. Enfin, si vous arrivez dans un bar sombre où deux femmes vous attendent, vous pouvez être sûr que c'est une arnaque. Le mieux est donc de faire demi-tour immédiatement, et de ne surtout pas boire de verre à cette tablée. Il est en effet possible que les verres déjà sur la table contiennent de la drogue.

Des témoins recommandent également de cacher son argent liquide et sa carte bleue dans ses chaussettes, au cas où les agents de sécurité vous fouillent pour vous détrousser.

Comment obtenir réparation : Faites immédiatement opposition sur votre carte bleue et prévenez la police. Soutirer de l'argent sous la contrainte est interdit par la loi et plutôt facile à prouver. Toutefois, il faut se rendre au commissariat directement après l'incident, et mieux vaut ne pas être ivre, ou même simplement alcoolisé.

Autres conseils à garder en tête :

  • TOUJOURS demander à l'avance le prix de ce que vous voulez acheter. Une fois le plat apporté ou l'objet remis en mains, il est très difficile de contester le prix exigé.
  • Près des sites touristiques, vous trouverez de très opportuns vendeurs de bouteilles d'eau fraîche. Malgré votre soif, gardez à l'esprit que ces bouteilles sont souvent vendues deux fois plus chères aux touristes qu'aux locaux. Le mieux est donc d'anticiper et d'acheter une bouteille d'eau dans un magasin avant de vous lancer dans une journée de visites.
  • Ne vous promenez pas avec de trop grosses sommes d'argent sur vous.
  • Si vous achetez un parapluie à un vendeur ambulant, ne dépensez pas plus de 5 liras.
  • Beaucoup de contrats locatifs pour étrangers ne sont pas légaux. Avant de donner une somme d'argent à votre ?bailleur?, assurez-vous que le contrat que vous signez est notarisé. En cas de problème, vous risquez de ne plus revoir votre argent.
  • L'avenue Istiklal est propice aux arnaques en tous genre et notamment celles ?à la bonne cause?. Des vendeurs de journaux, souvent jeunes et avenants, proposent aux touristes d'acheter une de leurs feuilles de choux et assurent que les biens seront reversés à une association d'aide aux enfants handicapés. Si l'intention de participer est louable, rien de prouve que ce que disent ces jeunes hommes est vrai. Vous risquez simplement de perdre une poignée de liras à cause de votre bonne foi.
  • Comme partout, les pickpockets opèrent dans des lieux bondés tels que les transports en commun ou les sites touristiques. Veillez à transporter vos effets personnels les plus onéreux ou précieux dans un sac avec fermeture éclair ou boutons pression difficiles d'accès.

Rappelons toutefois que la Turquie n'a pas le monopole de la malhonnêteté. Les touristes ne sont pas mieux lotis ailleurs, et certainement pas à Paris ! Maintenant parés contre les possibles désagréments que vous auriez pu rencontrer, vous pouvez profiter de la Turquie et de ses merveilles sans y perdre vos deniers et sans égratigner votre ego !

 

Aline Joubert (www.lepetitjournal.com/istanbul) lundi 28 mars 2016
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Publié le 27 mars 2016, mis à jour le 27 mars 2016

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