Édition internationale

TÉMOIGNAGES – Franco-Turcs, entre deux pays et deux cultures

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 8 février 2018

En avril dernier, Istanbul accueillait plusieurs événements dans le cadre du cinquantième anniversaire de l’accord migratoire franco-turc. L’occasion de rappeler l’histoire de ces travailleurs immigrés, qui ont quitté leur terre natale pour un pays totalement inconnu, à la recherche d’un avenir meilleur et confortable. Les familles, séparées par la distance, se sont réunies goutte à goutte. Aujourd’hui, des centaines de milliers de personnes sont liées par cette histoire.

Yasin Şeker, Türkan Kocahal, Özlem Aydemir et Clarisse Yağmur Kılıç sont ces “enfants d’immigrés”. Ils font partie de la première ou de la deuxième génération et ont choisi de faire le chemin inverse et de s’installer en Turquie, à Istanbul ou Ankara. Leptitjournal.com d’Istanbul est allé à leur rencontre. Ils vous racontent leur histoire et celle de leur famille, leurs difficultés et leur attachement profond à leurs deux pays, à leurs deux cultures.

En route vers l’Europe…

La famille de Türkan Kocahal est originaire de Pazarcιk, une ville située entre Kahramanmaraş et Gaziantep, au Sud-Est de la Turquie. Son père a toujours beaucoup voyagé lorsqu’elle était enfant. Il est resté plusieurs années en Arabie Saoudite, puis est revenu travailler en Turquie, avant de se rendre en Suisse et enfin en France. Il est arrivé à Marseille en 1988, où il a été employé comme maçon. Si, au départ, il ne prévoyait pas de s’y installer définitivement, le père de famille a redessiné ses projets lorsque son épouse et l’un de ses fils l’ont rejoint un an plus tard. En 1990, c’est au tour de Türkan et de son autre frère, de rejoindre leurs parents ; la famille est enfin réunie. Lorsqu’elle arrive à Marseille, Türkan ne parle pas un mot de français. Mais elle s’adapte vite. Quelques années plus tard, elle est diplômée d’un baccalauréat scientifique. Elle se lance alors dans des études de pharmacie avant de poursuivre par un doctorat. Elle enchaine par des remplacements, puis devient assistante dans deux pharmacies. C’est alors qu’elle prend une année sabbatique pour tenter sa chance à Istanbul. “Je me plais en France, mais je voulais faire la comparaison”, explique-t-elle.

Le père d’Özlem Aydemir n’envisageait pas non plus de s’installer en France définitivement, mais l’assouplissement des conditions de séjour des immigrés l’a encouragé à y rester. Deux ans après le lycée, elle décide de retourner en Turquie afin de “mettre à profit ses deux cultures”. Elle passe l’examen d’entrée aux universités turques – examen spécial pour les étrangers – qu’elle réussi. Özlem est actuellement en troisième année à l’Université d’Ankara et aimerait devenir professeur de français en Turquie. Sa famille est originaire de Konya comme celle de Yasin Şeker. Lorsque l’occasion s’est présentée à lui, le père de Yasin a lui aussi quitté le pays pour les mêmes raisons. Il est arrivé en France pour la première fois en 1973, à Roanne, commune de la Loire, à proximité de Lyon. Quelques mois plus tard la mère de Yasin rejoint son époux grâce au regroupement familial. Né en 1984, Yasin est le plus jeune d’une fratrie de six enfants, tous nés en France. Diplômé d’une licence en économie et en sciences politiques ainsi que d’un master en commerce international à l’université de Lyon, Yasin est aujourd’hui un homme accompli de 31 ans qui a décidé de vivre en Turquie, à Istanbul, avec sa femme et leur petite fille.

Si les raisons économiques sont communes à toutes les familles qui ont pris la route de l’Europe, il y a aussi, parfois, des raisons politiques. Clarisse (photo de gauche) raconte qu’elle a rejoint son père par des voies illégales en 1989. Ce n’est qu’à partir de la loi dite Jospin qu’elle a pu bénéficier d’un permis de séjour. Après avoir été diplômée d’une licence de droit à l’université de Montpellier, Clarisse a intégré l’université de Galatasaray à Istanbul, en échange Erasmus. Une année qu’elle qualifie “d’adaptation”. Une fois son master en poche, elle tente d’obtenir l’équivalence de ses diplômes en Turquie, “ça a duré deux ans, c’était très dur mais j’ai réussi”, confie-t-elle.Clarisse s’envolera bientôt pour la France afin de passer le barreau de Paris. Pour l’instant elle est stagiaire avocate : elle fait principalement du droit pénal, du regroupement de créance et du droit de la famille.

S’installer en Turquie

Pour Türkan, c’est cette volonté de mettre en valeur ses deux cultures qui l’ont poussée à revenir en Turquie. Il y a trois ans, alors qu’elle était en voyage à Bodrum, dans le Sud-Ouest de la Turquie, elle a réalisé, avec l’une de ses amies, qu’elle avait besoin d’un changement dans sa vie. “Nous n’étions pas malheureuses, mais nous sentions qu’il manquait quelque chose dans notre vie. On en a conclu qu’il fallait revenir à Istanbul, revenir dans notre culture. Lorsque l’on possède deux cultures, c’est important de découvrir les deux”, explique Türkan. Il ne s’agit pas pour elle d’oublier sa culture française, bien au contraire ; il s’agit d’explorer les deux, pour mieux se les approprier. Özlem aussi, désirait mettre à profit ses deux cultures. Et plutôt que d’enseigner la langue turque en France, elle a choisi de venir enseigner le français en Turquie.

La connaissance de la langue française peut en effet s’avérer une vraie richesse dans certains milieux. Yasin a pris conscience des opportunités que cela pouvait lui apporter alors qu’il effectuait un stage, “un peu par hasard”, à la mission économique d’Ankara. Son maître de stage lui avait alors dit : “Si j’étais vous, je penserais à un plan de carrière en Turquie parce que vous (les double nationaux franco-turcs) arrivez à concilier une certaine rigueur, une mentalité “française” et vous arrivez, en même temps, à faire preuve de flexibilité”. La Turquie n’était plus seulement “le pays des vacances” mais devenait un lieu d’opportunités et un pays où il se sentait de mieux en mieux. Il a donc choisi d’y revenir après son premier stage, de façon plus durable, cette fois-ci. Toutefois, il s’interrogeait : “est-ce qu’en restant en Turquie, je ne prends pas le risque d’être catalogué ? Est-ce qu’il n’est pas plus judicieux d’avoir de l’expérience en France ?

Ces interrogations l’ont conduit à nouveau en France, où il est resté quelques années pour travailler. C’est à cette occasion qu’il a pris conscience de certaines réalités : “En France, votre côté turc, vous ne l’utilisez pas. C’est difficile de se démarquer. Les évolutions en termes de carrière sont un peu lentes, en tout cas, la concurrence est plus rude. Venir en Turquie en tant que Français vous permet justement de vous démarquer des autres”, souligne-t-il. Toutes ces raisons l’ont transporté, une nouvelle fois, en Turquie.

C’est aussi ce qui a motivé Clarisse. Elle avait remarqué qu’il était plus facile de trouver un travail en tant que Turque francophone, et elle pensait également pouvoir gagner plus d’argent ainsi : “des gens comme moi, en France il y en a plein. Ça réduit mes chances de réussir. Il faut être le meilleure pour bien gagner sa vie comme je la gagne ici en Turquie”, explique-t-elle. Mais elle était également “en manque” de la Turquie : “le jour où je suis arrivée en France, j’ai dit à ma mère que je voulais rentrer en Turquie”, ajoute-t-elle.

Entre deux cultures et deux pays

Türkan raconte qu’en France, elle créait une différence. Celle que l’on appelait “la Turque” explique que sa culture est tellement imprégnée en elle qu’elle donnait l’opportunité à ses collègues de l’appeler ainsi. “En Turquie c’est l’inverse, on m’appelle “la Française”. Les gens savent que je suis étrangère à cause de mon accent”. Cette différence, Türkan (photo de droite) affirme que ce sont les autres qui la créent. D’ailleurs, elle répète que ce n’est pas péjoratif. Loin de faire un choix entre ses deux cultures, Türkan explique être “obligée de livrer un combat perpétuel pour comprendre les deux, pour avoir une place dans les deux”. Dès lors, même si “la double culture est une richesse”, parfois, elle peut s’avérer être quelque chose de “compliqué”…

La jeune femme a exprimé sa surprise en arrivant à Istanbul : “vous allez dans un pays en pensant le connaître mais vous réalisez en fait que ce n’est pas vrai. En fin de compte, vos parents aussi connaissent l’ancienne Turquie. Ils nous ont élevés selon la Turquie d’il y a vingt ans. Or aujourd’hui, les gens, les comportements sont différents. Tout a changé”. Beaucoup de personnes ne comprennent pas son choix : “les personnes d’un niveau de vie modeste ne comprennent pas pourquoi je reviens ici quand eux rêvent d’aller dans le pays que j’ai quitté”.

Sur ce point, Clarisse rejoint Türkan : “c’est vrai que ce n’est pas facile de vous faire accepter en Turquie quand vous êtes enfant d’immigré… les gens observent la façon dont vous parlez, vos vêtements etc.”, souligne la jeune femme. Cependant, Clarisse affirme s’être bien intégrée en arrivant. “La langue compte beaucoup. La première chose que me disaient les gens c’est “vous parlez très bien le turc, comment cela se fait-il ?”. La maitrise des langues – tant le turc que le français –  est un point essentiel en Turquie. Yasin explique que “la population qui est francophone en Turquie fait partie de l’élite”. Par conséquent, les francophones entrent dans les milieux d’élite, explique Clarisse, avant d’affirmer : “le plus important en Turquie, c’est de pouvoir rentrer dans tous les milieux. Si vous restez dans un seul milieu (politique ou économique) vous ne pouvez pas voir la réalité du pays”.

Les enfants d’immigrés turcs de France qui viennent s’installer en Turquie rivalisent, en quelque sorte, avec les francophones locaux, “l’élite”. “Quand vous arrivez en Turquie et que vous parlez parfaitement bien le français, mieux que ces francophones de Turquie, vous représentez un certain danger pour eux”, selon Yasin. Pour Özlem, “les Turcs qui viennent de l’étranger ne sont pas toujours bien vus... En France, nous sommes parfois identifiés comme les personnes qui viennent prendre le travail des Français. Ici, nous sommes vus comme des étrangers”. Si elle pense être, désormais, bien intégrée dans la société turque, la jeune femme affirme être toujours “entre deux cultures et deux pays”.

“En France, nous sommes malheureusement encore catalogués comme enfants d’immigrés, et lorsque nous sommes ici, nous sommes catalogués comme enfants de paysans qui ont quitté leur pays pour la France il y a 40 ans”, regrette Yasin.  

La Turquie et ses codes sociaux

C’est vrai qu’il y a un tas de codes à apprendre”, confirme Yasin. Les vrais codes, il estime toutefois les avoir appris dans le monde du travail : comment, par exemple “travailler avec des Turcs qui sont souvent issus d’un milieu confortable ? C’est à ce niveau que l’on est un peu challengé”, précise-t-il. Türkan, elle, fait attention à sa façon de s’habiller. Elle vit dans un quartier populaire et elle sait que les codes changent en fonction des quartiers. Elle s’adapte donc au lieu où elle se trouve. Elle a également remarqué qu’en Turquie, “on accordait beaucoup d’importance à l’apparence, au statut, à l’argent”. Il est difficile, selon elle, d’avoir des amis dans tous les milieux. “Je ne fais pas de différence entre les gens, mais ici, tout est fait pour ça. Une discrimination en fonction de votre niveau de vie, de votre religion, du fait d’être Turc ou Kurde ; même dans les séries, on retrouve cette séparation”, explique-t-elle.

La discrimination en France

Clarisse et Özlem n’ont jamais vécu une quelconque discrimination. “Ça dépend du comportement de la personne”, affirme Özlem. Mais “c’est comme en Turquie ; plus vous essayez de vous intégrer, et moins vous êtes discriminé”, ajoute Clarisse. Türkan, de son côté, avoue qu’elle a toujours eu peur de ne pouvoir trouver facilement un emploi à cause de ses origines. Mais finalement, cela n’a jamais été le cas ; elle ne s’est jamais sentie rejetée pour cette raison. Özlem et Türkan vivant toutes deux à Marseille s’interrogent : est-ce dû au fait qu’il y a beaucoup d’étrangers dans cette région, et que les gens y sont habitués ? Est-ce différent ailleurs ? Türkan pense qu’à partir du moment “où l’on essaie pas “d’imposer” sa culture, ses principes, mais que l’on cherche à s’intégrer, il n’y a plus de problème”.

Pour Yasin (photo de gauche) cependant, trouver un stage en France est parfois compliqué. “Lorsque vos collègues en trouvent un et vous non alors que vous avez le même cursus et la même candidature de stage”, explique-t-il. Il a également pu constater cette discrimination dans les entreprises : “vous avez deux cultures, vous connaissez deux pays et quand bien même une entreprise sait cela, elle ne vous envisagera pas comme une priorité pour un poste entre ces deux pays, ces deux cultures […] elle enverra des personnes qui ont certes plus d’expérience mais qui ne connaissent pas un mot de turc, qui ont parfois même des difficultés en anglais”, souligne-t-il. Il affirme toutefois que ce n’est pas cela qui l’a poussé à venir en Turquie.

Le marché du travail turc et la formation “à la française”

Yasin a eu énormément d’opportunités, “plus qu’en France !” s’exclame-t-il. Un phénomène qui s’explique par le fait que la population est jeune dans le monde du travail turc.Il y a beaucoup d’opportunités qui s’offrent à moi. J’ai fait une recherche d’emploi il y a moins d’un an, j’ai eu une dizaine de propositions”. D’ailleurs, s’il existe une discrimination pour Yasin, c’est celle liée à l’âge. “En France, être jeune veut dire manquer d’expérience”, selon lui.Membre de l’association Trait d’Union, il tente, notamment, de faire vivre le volet “travail”. “Souvent, les Franco-Turcs qui vivent en France ont tendance à croire que parce qu’ils parlent français, ils auront facilement un travail en Turquie. Ce n’est pas aussi systématique… la première fois que je suis venu en Turquie en 2008, c’était un peu vrai, aujourd’hui ce n’est plus du tout le cas. Si vous n’avez aucun bagage à proposer, ça va être difficile ! ” affirme-t-il.

Cependant, “si vous êtes en Turquie, que vous parlez le turc et que vous êtes un bon francophone c’est plus facile et plus apprécié”, assure-t-il. Après ses stages en Turquie, Yasin avait l’opportunité de travailler directement mais il a préféré retourner en France afin d’avoir de l’expérience. Une expérience qui, il le savait, allait être appréciée par les entreprises turques, particulièrement intéressées par ces profils. La plus grande différence pour Yasin, c’est ce “paquet social” qu’il ne retrouve pas en Turquie. “On me demande souvent comment je vis le fait que je n’aurai pas de retraite… Pour être honnête, ce n’est pas une question que je me pose pour l’instant !”

Pour Clarisse aussi, il y a beaucoup d’opportunités, mais peut-être un peu moins désormais : “avant que j’arrive en 2011, il y avait moins de demandes et plus d’opportunités”, constate-t-elle.

L’expérience s’est avérée plus difficile pour Türkan, à qui il a fallu près de quatre mois pour trouver quelque chose.On m’a beaucoup reproché mon manque d’expérience en Turquie. Souvent aussi, on m’a découragée en me disant de retourner en France car c’était mieux là-bas. Les gens n’avaient pas confiance en moi, ils étaient persuadés que je repartirais très vite. Aujourd’hui, je ne fais pas forcément ce que je veux et il a fallu que je modifie mes critères à la baisse, concernant le salaire, par exemple, ou en postulant un peu n’importe où”, explique-t-elle. Cette nouvelle vie en Turquie n’était pas tout à fait comme elle l’imaginait : “au départ, je ne voyais que des inconvénients. Tout était compliqué. J’étais seule”.

Attentes, déceptions et satisfactions 

Özlem a été surprise en arrivant en Turquie, elle en avait une vision très différente : “Les mentalités ont beaucoup changé ici. Les Turcs de France sont en décalage par rapport aux Turcs de Turquie, car ils ont aujourd’hui encore la mentalité turque d’il y a 50 ans. La Turquie, elle, a beaucoup évolué depuis, elle change très vite. J’ai donc été surprise, en bien et en mal”. Pour autant, elle envisage, à l’heure actuelle, de rester en Turquie. Bien sûr, cela dépendra des opportunités qui se présenteront. Mais pour l’heure, elle pense vivre ici, en préservant ses liens avec la France. Il en est de même pour Clarisse qui vit désormais à Istanbul; même si elle continuera à faire des aller-retour, son “point de résidence restera toujours la Turquie”. Vivre ici ne correspond toutefois pas à l’idée qu’elle en avait autrefois: “au niveau du travail, économiquement, c’est infernal, même insupportable. En tant que juriste, j’ai l’impression qu’il y en a beaucoup qui se font exploiter. […] Au niveau social aussi. La Turquie est un pays très politisé. Dans toutes vos relations sociales, vous pouvez sentir la politique. Si vous ne pensez pas comme eux, vous êtes exclue. Les six premiers mois ici, je me posais la question de savoir si c’était le bon choix. Mais j’ai toujours ce manque et ce besoin. A Istanbul, vous pouvez vivre l’Europe et l’Asie en même temps, c’est pour ça que je reste ici”, explique-t-elle.

Pour Yasin, même s’il peut y avoir au départ certaines désillusions, ce retour répond “clairement” à ses attentes. Bien sûr, “il y a des choses en France qui vous manquent […] Mais à chaque fois que je retourne en France, je ressens le besoin de revenir en Turquie parce que ça me manque”, précise-t-il. Il ne pense toutefois pas finir ses jours ici, mais plutôt rentrer en France, éventuellement.

Türkan est elle aussi heureuse de cette expérience qui répond à ses attentes, même si ce n’est pas ce à quoi elle s’attendait au départ. Elle ne pensait pas qu’il y aurait autant de différence entre les cultures, elle pensait que les choses seraient plus simples. “Je m’attendais à retrouver mon aisance de France en Turquie. Je n’avais pas d’amis, il a été difficile de s’en faire. Lorsque l’on vit dans la société turque, les gens sont très fermés, ils ne vont pas chercher à vous rencontrer”, souligne-t-elle. “Mais cela a été une expérience enrichissante”. Il lui reste encore quelques mois avant que son année sabbatique soit complètement écoulée. “Plus les mois passent et moins j’ai envie de retourner en France, même si ma famille et mes amis me manquent”.

Propos recueillis par Marion Truffinet et Shadia Darhouche (www.lepetitjournal.com/Istanbul) jeudi 18 juin 2015

Inscrivez-vous à notre newsletter gratuite !

Suivez nous sur Facebook et sur Twitter

lepetitjournal.com istanbul
Publié le 17 juin 2015, mis à jour le 8 février 2018
Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.

Flash infos