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SOCIETE – J’ai épousé une Turque !

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 21 février 2011, mis à jour le 18 janvier 2013

 

« Askin Dili Birdir » , il n'y a qu'une seule langue de l'amour? Ce slogan d'English Time pourrait être celui des couples que nous avons rencontrés ! Franco-Turcs, ils se sont souvent rencontrés à l'étranger ou dans une autre langue que la leur? Pour le deuxième volet de cette série, la rédaction du Petitjournal.com d'Istanbul vous propose les témoignages de trois couples mariés.

 


Vincent et Gül : « Entre nous, on est prêt à mettre de côté nos différences pour aller l'un vers l'autre, entre nos familles, il y a un gros fossé
»

Lepetitjournal.com : Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Vincent :
Dans un bar de Beyoglu ! Je vivais déjà à Istanbul depuis 5 ans et j'avais décidé d'y faire ma vie. A la période où j'ai rencontré Gül, j'étais au chômage et je fréquentais beaucoup les bars?, c'est là que j'ai fait la connaissance de Gül. On a vécu ensemble un an officieusement ; mais ça ne pouvait pas continuer comme ça, même si j'étais plutôt contre le mariage, j'ai dû faire ma demande, mais ça s'est fait naturellement autour d'un verre? de thé cette fois-ci ! Ma belle-famille étant alevi était plutôt favorable à un mariage avec un athée, c'était presque mieux qu'avec un sunnite !

Comment vivez-vous les différences culturelles entre vous ?

Vincent : Entre nous deux, on est prêt à mettre de côté certaines choses pour aller l'un vers l'autre, mais entre nos familles, il y a un gros décalage. Quand on va en France, dans ma famille, Gül ne parlant ni le français, ni l'anglais, il y a parfois une incommunicabilité, voire des tensions et moi je reste au milieu «  comme un con ! » Ici, au regard du sens de l'accueil un peu insistant de ma femme ou ma belle-mère, je peux parfois passer pour un malotru? Les rituels de la table sont aussi différents, à Noël par exemple, j'étais content de pouvoir enfin faire passer un repas complet à table à ma belle famille, et qu'ils terminent la bouteille de champagne !

Vincent et Gül, mariés depuis 8 ans, deux enfants ( photo MER ).


Gül : J'apprécie justement que les Français sont toujours prêts à tout goûter, pas comme nous ! Culturellement, je ressens un manque, moi qui adore la poésie et la chanson turques, je regrette de ne pas pouvoir partager toutes mes émotions avec Vincent, même s'il parle très bien le Turc. Mais entre nous, les dissensions concernent l'éducation des enfants. Vous les Français, vous mettez beaucoup de distance avec les enfants, vous en êtes responsable jusqu'à 18 ans et après, vous estimez que c'est fini. Je ne veux pas ce type de relations avec les enfants. Nous, c'est jusqu'à la fin et après, ça s'inverse même?. Ceci dit, alors que pour le premier, j'écoutais plus ma mère, c'est elle qui avait l'expérience?, pour la deuxième, j'écoute plus Vincent, et je mets plus d'interdiction. Mais quand Vincent élève trop la voix, je ne le comprends pas?
Vincent : Moi, j'ai même dû abdiquer sur ce sujet là? Concernant l'école, nous sommes tous les deux d'accord pour qu'il aille à Pierre Loti, le système turc étant à deux vitesses?

Gül : D'un point de vue plus personnel, j'apprécie que Vincent me laisse sortir quand je veux, m'habiller à ma guise. Par contre, il se mêle de la décoration alors qu'ici c'est le domaine réservé des femmes !
Vincent : Moi, je trouve Gül parfois un peu étouffante, et jalouse, mais par contre, elle m'a toujours soutenu dans les moments difficiles, quand j'ai monté ma société par exemple. Ici, une femme aide toujours son mari à avancer, elle le pousse.



Ebru et Allen : «
Deux cultures ne nous font pas peur, alors pourquoi pas un 3ème pays ? »

Lepetitjournal.com : Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Ebru :
Nous étions tous les deux étudiants Erasmus en Allemagne et tout a été très vite entre nous ! Au bout de 6 mois, j'avais fini mon semestre, je devais retourner en Turquie. Et puis, Allen a terminé ses études, on voulait vivre ensemble en France dans un premier temps et il a trouvé un travail sur la Côte d'Azur. Pendant ce temps, je continuais mes études en Turquie, les allers-retours ont continué, c'était un peu dur...
Allen : Une de ces retrouvailles a eu lieu à Bodrum,   j'y ai rencontré la famille d'Ebru. Entrée en matière plutôt séduisante pour la Turquie, même si depuis, j'ai aussi connu les maisons anatoliennes avec le chauffage uniquement dans une pièce, ils m'ont laissé le meilleur pour la fin ! Je me suis très vite fait accepter par la famille d'Ebru, étant moi-même franco-mauricien, je passe assez bien pour un Turc. Et puis, la famille d'Ebru est très moderne, ils fermaient aussi un peu les yeux, notamment quand Ebru  à la fin de ses études est venue me rejoindre en France. En 2007, elle a ainsi débarqué en France avec toutes ses affaires,  60 kg de bagages !

Ebru et Allen, mariés depuis bientôt 2 ans ( photo MER ).

Ebru : Cette-fois, c'est moi qui ai rencontré la famille d'Allen, on a voyagé tous ensemble en caravane l'été, sa mère fêtait ses 50 ans avec toute sa famille. J'ai beaucoup progressé en français à ce moment là, car au début, on ne parlait qu'anglais ensemble? Mais au bout de 3 mois, je ne trouvais toujours pas de travail, hors de question de dépendre d'un homme sans être mariée, alors je suis repartie en Turquie.
Allen : Je me suis alors dit qu'il fallait trouver une solution. Mais, je ne voulais pas prendre le risque de tout quitter sans rien à l'arrivée, alors j'ai trouvé la solution du VIE, Volontariat International en Entreprise. Le frère d'Ebru travaillant chez Carrefour, il m'a donné les coordonnées du RH et 1 mois après, on me propose une opportunité ! En avril 2008, Ebru avait pris un appartement près de mon travail pour m'accueillir, après deux ans et demi de vie commune par intermittence, on a enfin réussi à vivre ensemble ! On a beaucoup voyagé en Turquie, c'était une période merveilleuse. En septembre, à notre troisième anniversaire de rencontre, j'ai acheté une bague de fiançailles et j'ai fait ma demande en mariage.

Comment voyez-vous votre couple dans l'avenir ?

Allen :
Après l'Ile Maurice de mon enfance, la France de mes années d'étudiants, la Turquie de notre vie de jeunes mariés, pourquoi pas un autre pays ?
Ebru : On aime tous les deux voyager, alors on aimerait bien partir à l'étranger, dans un pays vierge où l'on a tous les deux des choses à découvrir...

Comment vivez-vous les différences culturelles entre vous  ?

Ebru :
J'apprécie qu'à la maison, ça soit 50/50, Allen participe beaucoup plus qu'un Turc, mais j'aimerais qu'à l'extérieur il joue un peu plus le rôle de l'homme de la famille ! Je trouve que globalement, les Turcs sont moins ouverts, moins tolérants par rapport aux différences que les Français?
Allen : Mais Ebru n'est pas comme ça, elle fait beaucoup d'effort pour se mettre à ma place et pour me comprendre !

 


Yves et Aysegül : « Nous n'avons aucun problème de décalage culturel ! »

Lepetitjournal.com : Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Yves :
On s'est rencontré à Atasehir, pas très romantique ! Je vivais alors à Istanbul depuis 1 an. Après pas mal d'années de bourlingage, j'avais décidé d'y faire ma vie car mon fils s'y était déjà installé. Ce soir là, après un rendez-vous chez un client dans le coin, j'étais allé boire un pot avec mon partenaire dans un de ces grands cafés style américain. Il y avait beaucoup de monde dans la salle et au bar, il y avait trois filles? En tant que bons français, on s'est mis à les draguer gentiment? j'ai tout de suite eu un flash sur Aysegül, elle m'a raccompagné chez moi à Akmerkez?mais en tout bien tout honneur !


Yves et Aysegül, mariés depuis bientôt 2 ans (photo MER ).


Aysegül : On s'est revus, on avait beaucoup de points communs et on aimait bien discuter ensemble, mais c'était purement amical? Yves étant plus âgé et encore marié, je ne croyais pas à autre chose?
Yves : Moi, je ressentais plus que de l'amitié pour Aysegül, je me suis donc décidé à divorcer au plus vite et un jour de Saint-Valentin, en déplacement à Paris, je lui ai envoyé un SMS en lui demandant si elle voulait être ma Valentine. Elle m'a répondu «  oui « ! Nous avons alors rapidement habité ensemble et décidé de nous marier. On a décidé de faire les choses en grand et nous avons fait un mariage des plus romantiques au Jardin de France, en calèche !

Comment vivez-vous les différences culturelles entre vous ?


Yves : Nous sommes tous les deux «  atypiques « : Aysegül est moderne et ouverte, elle travaille dans le domaine de la télévision et évolue dans un milieu d'artistes, assez cosmopolite. Quant à moi, je suis un Français de l'étranger, dès mes 25 ans, j'ai toujours vécu à l'étranger. Finalement, nous avons beaucoup de points communs, nous avons les mêmes goûts, le même mode de vie? Seule différence, je suis protestant pratiquant, mais à ce niveau, Aysegül me laisse complètement libre de pratiquer et ressent même un intérêt pour ma religion.

Avec l'entourage, il en a été de même : les relations avec mes deux fils et mes parents, maintenant âgés,  sont très bonnes, mes 2 frères sont d'ailleurs aussi mariés à des étrangères? Ici, je suis aussi complètement intégré avec les amis d'Aysegül. Et si sa mère était méfiante au début , pensant que ce n'était pas sérieux et que je rentrerais en France, elle a été rassuré dès que j'ai parlé mariage, maintenant tout va bien entre nous.

Nous remercions Gül et Vincent, Ebru et Allen, et Aysegül et Yves et pour la confiance qu'ils nous ont accordée.

Si vous voulez lire notre précédent volet des Fiançailles  Turques, cliquez ici .

Propos recueillis par Marie-Eve Richet ( www.lepetitjournal.com ). Lundi 21 février 2011
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Publié le 21 février 2011, mis à jour le 18 janvier 2013

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