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SHAHMERAN – Savez-vous d’où viennent les serpents verts, emblème de la médecine?

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 5 juillet 2015, mis à jour le 5 juillet 2015

Il est des légendes qui se transmettent de génération en génération. Résistant au temps, elles expliquent aujourd'hui encore certains symboles que nous avons adoptés, sans réellement les questionner. C'est le cas de ces deux serpents verts qui s'enlacent autour d'une coupe et qui incarnent  l'emblème de la pharmacie et de la médecine. Symbolisant l'art de guérir, la fécondité et la vie, les deux reptiles sont à l'origine d'un mythe tenace dans les traditions turque et kurde, celui de ?hahmeran ou la Reine des serpents. 

Shahmeran, ?ah-? Maran en perse, est très certainement la légende la plus contée d'Anatolie. Également répandue dans le folklore kurde, l'histoire du Shah des serpents ne cesse de captiver, depuis des siècles, même les lecteurs les plus incrédules. Le Shahmeran (?ahmeran en turc, ?ahmaran en kurde) est, comme son nom le suggère, une créature mythologique avec un buste de femme, un corps de serpent (photo Wikicommons) et une queue représentant une tête de serpent couronnée. Symbole de fécondité, de prospérité et de sagesse, elle aurait habité dans les tréfonds de la terre, là où les serpents vivraient en harmonie. Selon les variantes du récit, elle aurait résidé dans les villes turques de Tarse, Nusaybin ou Mardin. Dans Les jambes de Shahmeran (?ahmeran'?n bacaklar?), première des six nouvelles du recueil Histoires de combat (Cenk Hikâyeleri) publié en 1984, l'écrivain turc Murathan Mungan enrichit la légende, en décrivant un être qui ne vieillit jamais et qui, lorsqu'il décède, transmet son âme à sa fille. 

La légende de Shahmeran et de Camsab 

Dans la version la plus répandue du récit fantastique, un homme nommé Camsab ? ou Djansab ? était en train de prélever du miel dans un arbre. À force de creuser l'écorce du tronc, il finit par tomber dans le trou qu'il avait lui-même formé, atterrissant ainsi dans la citadelle où vivait Shahmeran et ses compagnons. Cette dernière accepte de rendre à Camsab sa liberté à condition qu'il ne révèle rien de sa découverte. Une injonction à laquelle il se plie jusqu'au jour où le sultan ? sa fille, dans d'autres traditions ? tombe malade. Convoqué au chevet du souverain, un médecin indique que le seul remède susceptible de le guérir est la chair de Shahmeran.

Les représentants du sultan font alors venir au hammam l'ensemble des hommes du pays afin de trouver celui qui, parmi eux, portait des écailles sur son dos, preuve d'une rencontre avec la Reine des serpents : Camsab est reconnu. Il refuse d'abord de livrer le nom de l'endroit où celle-ci vit, secret qu'il finit par avouer sous la torture. Amenée au palais, la Reine est dépecée et donnée à manger au sultan et à Camsab. Après la mort de celle-ci, l'homme demeure inconsolable. Rongé par la culpabilité, il décide de se rendre à la grotte où il avait appris son existence afin de demander au peuple des serpents de se venger et de le châtier. 

Du récit mythologique aux deux serpents verts de la pharmacie 

Alors qu'il se trouve à l'entrée de la citadelle, Camsab rencontre un sage parmi les serpents et lui révèle son intention. L'érudit lui conseille de renoncer, lui indiquant que s'il apprenait la mort de sa souveraine, le peuple des serpents sortirait de son refuge pour faire la guerre aux êtres humains jusqu'à les exterminer. Camsab se résout au silence et alors qu'il s'apprête à reprendre la route, le sage l'accompagne de ce viatique : ?Shahmeran s'est sacrifiée pour toi, son âme, son pouvoir de guérison et son savoir seront en toi. Vas, pars sur les chemins, toute la nature, les fleurs, les arbrisseaux, les plantes, jusqu'à la plus petite herbe t'aideront et te donneront leurs secrets. Tu rendras ces secrets aux hommes en  les soignant.? 

Camsab rappelle alors deux serpents et leur confie : ?Vous avez devant vous Lokman Hekim, cet homme [Camsab lui-même] sera guérisseur et vous l'accompagnerez dans toutes ses recherches pour apprendre ce que la terre et les plantes ont à lui apprendre?. Devenu Hekim, médecin en turc, Camsab regagne les routes de Turquie pour soigner les malades. Depuis, les deux serpents ? que l'on retrouve sur le fronton de nombreuses pharmacies ? sont le symbole de la pharmacie et de la médecine en Turquie (exemples ci-contre)? et ailleurs dans le monde! Selon des croyances et mythologies, le serpent est le protecteur de la vie. Il se rapporte ainsi souvent aux valeurs de l'éternité et de l'immortalité. 

Isma Maaz (http://lepetitjournal.com/istanbul) lundi 6 juillet 2015

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Publié le 5 juillet 2015, mis à jour le 5 juillet 2015

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