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PLUS DE 2 MILLIONS DE VUES – Enquête au cœur de la “jeunesse rebelle” turque

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 25 août 2015

Dans le dernier épisode de la série Rebel Music, consacrée aux jeunes qui se soulèvent contre l'oppression politique et sociale à travers le monde, la chaîne de télévision américaine MTV World a diffusé un court-métrage sur la jeunesse rebelle turque. Avec plus de deux millions de vues sur YouTube, le documentaire, intitulé Les Fleurs de Gezi Park a connu un succès fulgurant.

Dans chacun de ses reportages, l'émission Rebel Music dévoile de nouveaux récits de cette jeunesse qui, du Venezuela à l'Iran, aspire à briser les carcans politiques et sociaux et s'émanciper. Si les histoires semblent singulières, les ambitions sont les mêmes : améliorer les conditions de vie présentes pour mieux appréhender l'avenir.

Interrogé par le quotidien Hürriyet Daily News, Nusrat Durrani ? directeur général du groupe MTV World et producteur exécutif de l'émission ? revient sur la genèse de ce  projet qui ne cesse de séduire. Pour le responsable de la chaîne, il s'agissait avant tout de renouveler le regard porté sur la jeunesse et de repenser son rôle au sein des sociétés modernes. ?Dans le monde, il y a des jeunes incroyables qui réalisent des choses incroyables. Les audiences ne sont jamais exposées aux bonnes choses que font les jeunes à travers le monde? explique-t-il.

Dédiée à la jeunesse turque, la dernière séquence de l'émission continue de faire beaucoup de bruit sur le net, notamment parce qu'elle s'attarde à décrire un pays, une culture et une population qui demeurent mal connus. ?[Avec cette épisode sur la Turquie], nous avons une meilleure compréhension de la Turquie grâce à cet intérêt pour la jeunesse, car la jeunesse est l'avenir? affirme Nusrat Durrani aux journalistes du Hürriyet. 

Ils ont ainsi été plus de deux millions d'internautes à voir ou à revoir sur YouTube ces étudiants, ces activistes, ces journalistes et ces artistes, parmi lesquels les membres d'un groupe de rap,  qui apparaissaient dans ce ?documentaire du changement et de l'action menés par la jeunesse?, tel que le rebaptise Nusrat Durrani. Leur point commun : vouloir impulser de nouveaux mouvements.

La jeunesse turque, actrice du changement 

Le reportage remonte le fil du temps, jusqu'à l'été 2013 et la célèbre place Taksim d'Istanbul, qui a vu déferler une largue vague de contestations. Les sit-in organisés dans le parc de Gezi, pour manifester contre l'abattage des arbres du parc, ont initié de nombreuses manifestations à travers la Turquie. Pour le directeur de MTV World, c'est ?un bon exemple du dynamisme? du pays. ?Grâce au mouvement de Gezi, nous avons senti que l'histoire de la jeunesse en Turquie était attrayante? assure-t-il, justifiant le choix d'un tel reportage. 

Le court-métrage retrace, pendant trente minutes, le parcours de jeunes très engagés, notamment contre certains projets du gouvernement actuel. La lutte contre la disparition du parc de Gezi, la gentrification du quartier de Sulukule (Istanbul) ou encore le déracinement de 6.000 oliviers pour permettre la construction d'une centrale thermique à Y?rca (mer Égée) sont autant de causes pour lesquelles la jeunesse turque se bat avec ferveur et détermination. Mais le film s'est également intéressé à deux artistes partisans de l'AKP (parti de la Justice et du Développement), formation majoritaire en Turquie depuis 13 ans. 

Pour le groupe de rappeurs stambouliotes Tahribad-I ?syan (Révolte de la destruction en français), le documentaire ne peut suffire à ?faire tomber un système contre lequel des centaines de personnes se sont battues, perdant la vie?. ?Il [le reportage, ndlr] pourrait être l'étincelle dont le feu a besoin, tout comme la rébellion dans notre musique? concluent les artistes.

Premières réactions en Turquie après la diffusion du documentaire 

Parmi les activistes turcs, de nombreuses voix se sont élevées pour saluer et commenter le reportage. En premier lieu, le journaliste indépendant Gökhan Biçici, battu et arrêté par la police alors qu'il filmait les évènements de Gezi, pour qui ?les effets du reportage commencent à être visibles? bien que celui-ci n'ait pas ?encore été découvert en Turquie?. Kaz?m K?z?l, un autre militant, a quant à lui déclaré qu'il souhaitait que cette vidéo ?atteigne toutes les personnes autour du monde? afin qu'elles soient ?conscientes de l'injustice en Turquie?. Le succès rencontré par le court-métrage et la vitesse de propagation de l'information sur Internet devraient donner à ce dernier encore plus de visibilité dans les prochains jours. 

Du côté de l'État, aucune réaction n'a été encore relevée. Contacté par le Hürriyet, Fahreddin Özlen ?  ce jeune homme de 23 ans connu sur les réseaux sociaux pour ses prises de position récurrentes en faveur de l'actuel président turc Recep Tayyip Erdo?an ? a refusé de s'exprimer, invoquant des raisons personnelles. 

Pour Nisan Da?, qui est à l'origine de la diffusion du documentaire en Turquie, le film démontre que le mouvement de Gezi n'est qu'un ?début? appelant d'autres réactions au sein d'une jeunesse turque qui semble bel et bien, pour une partie d'entre elle, en ?ébullition?. 

Isma Maaz (www.lepetitjournal.com/Istanbul) mercredi 26 août 2015 (rediffusion)

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Publié le 25 août 2015, mis à jour le 25 août 2015

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