Édition internationale

MIMAR SINAN – Où est le crâne du plus grand architecte ottoman?

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 8 février 2018

Ahmet Davutoğlu a annoncé la semaine dernière avoir convoqué une expertise pour retrouver le crâne disparu de l’architecte Mimar Sinan. La mosquée Süleymaniye, devant laquelle le Premier ministre a prononcé son discours, est l’œuvre la plus connue de Mimar Sinan à Istanbul. Cet architecte considéré comme le plus grand de l’Empire ottoman est à l’origine de la construction de plusieurs centaines d’autres édifices.

Nous utiliserons tous les instruments à notre disposition, y compris les tests d’ADN, pour trouver et restituer ce crâne, et mettre un terme à cette insulte à sa mémoire” a déclaré le Premier ministre turc. Il a déploré le traitement réservé à la dépouille de l’architecte dans des propos rapportés par le quotidien Sabah : “[Mimar Sinan] a unifié une civilisation entière, il nous l’a laissée en héritage et nous n’avons même pas pu protéger son corps”.

Mimar Sinan, de son nom complet Koca Sinan ibn Abd al-Mannan, a élaboré les plans de 477 chefs d’œuvres architecturaux répartis dans toute la Turquie, le Moyen-Orient et les Balkans. Ces édifices sont des symboles de la puissance de l’Empire ottoman au XVIème siècle. Durant 49 ans, Mimar Sinan fut en effet l’architecte favori des sultans Soliman le Magnifique, Selim II et Murat III. Après sa mort en 1588, sa dépouille a été ensevelie près de la mosquée de Soliman le Magnifique (Süleymaniye), une sépulture dont il avait lui-même dessiné les plans (photo NP). Ses ossements ont pourtant été exhumés en 1935 par une équipe de scientifiques de la Société d’Histoire Turque, comme le relate un article du quotidien Hürriyet daté de 2010.

Le but de cette opération était de “prouver”, grâce à des mesures du crâne, que l’architecte était bien turc, à une époque où la craniométrie était considérée comme une manière valable de déterminer les origines d’un individu.

D'origine arménienne

En réalité, Mimar Sinan est né dans le village d'Ağırnas, en Cappadoce, au sein d’une famille aux racines arméniennes. A la suite des mesures effectuées sur le crâne, les ossements n’ont jamais été replacés dans la sépulture et les historiens ont perdu sa trace au fil des ans. Durant son discours, Ahmet Davutoğlu a vivement condamné les recherches menées à cette époque : “Ils ont tenté de justifier des choses et d’autres en mesurant ce crâne. Ils ont insulté la mémoire de Sinan en le séparant du reste de son corps”.

Les constructions dirigées par Mimar Sinan sont inspirées du savoir seldjoukide et byzantin. Parmi les plus célèbres figurent la mosquée de Selimiye à Erdine ou encore le pont de Büyükçekmece à Istanbul, mais aussi des centaines de hammams, citernes ou hospices. Les formes rondes et harmonieuses chères à Mimar Sinan tranchent avec les contours rectilignes des immeubles modernes. Durant son discours devant la mosquée de Süleymaniye, Ahmet Davutoğlu a qualifié de “monstruosité” le Gökkafes, un gratte-ciel situé à proximité du palais de Dolbamahçe. “Si nous avions vraiment tiré des leçons de Mimar Sinan, nous n’aurions jamais construit des immeubles qui rompent avec la nature et l’identité historique de la ville ” a-t-il regretté.

Noémie Peycelon (www.lepetitjournal.com/istanbul) lundi 18 avril 2016

Inscrivez-vous à notre newsletter gratuite !

Suivez-nous sur Facebook et sur Twitter

lepetitjournal.com istanbul
Publié le 17 avril 2016, mis à jour le 8 février 2018
Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.

Flash infos