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Loi sur le voile à l'école en France : La Turquie réagit

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Écrit par Jonathan Grimmer
Publié le 1 novembre 2019, mis à jour le 11 janvier 2021

Dans un communiqué publié hier, le ministère turc des Affaires étrangères a fustigé la proposition de loi votée par le Sénat français, qui prévoit l'interdiction du port du voile pour les accompagnatrices scolaires.

Au cœur de l'actualité française depuis plusieurs semaines, le débat sur le voile fait réagir jusqu'en Turquie. Dans un communiqué publié hier, le ministère turc des Affaires étrangères a « fermement condamné » la proposition de loi votée par le Sénat français en début de semaine, interdisant le port de signes religieux pour les parents qui accompagnent des sorties scolaires. « Il s'agit d'un nouvel exemple de l'approche discriminatoire et marginalisante de la France qui traite les musulmans différemment des autres groupes. Cela ne peut pas être accepté par les communautés turque et musulmanes vivant en France », s'indigne les autorités turques. Et de poursuivre :« C'est un nouvel exemple de l'hypocrisie et de la politique de deux poids, deux mesures des pays qui parlent de liberté à chaque occasion mais qui violent les droits et libertés fondamentaux. »

Portée par le groupe Les Républicains (LR, parti à droite de l'échiquier politique), cette proposition de loi fait suite une polémique lancée par un élu du Rassemblement nationale (RN, extrême droite). Lors d'une séance du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté  à laquelle assistaient des élèves de CM2 (cinquième et dernière année de l'école élémentaire), le 12 octobre dernier, Julien Odoul avait publiquement apostrophé une mère voilée qui accompagnait le groupe, suscitant un véritable tollé dans l'hémicycle.

Peu de chances d'être adoptée

Le texte adopté par le Sénat considère qu'en tant que « collaborateur occasionnel » du service public, les accompagnateurs de sorties scolaires sont soumis à la même obligation de neutralité religieuse que les fonctionnaires. Une interprétation que conteste farouchement le ministère turc : « Justifier l'interdiction du foulard par l'interprétation de la clause "Personnes concourant au service public" [vise] directement les mères qui accompagnent leurs enfants, pas les prestataires de services publics. »

Mardi à la tribune du Sénat, le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer, la tenté d'apaiser le débat, en rappelant que la question des accompagnatrices voilées « n'était pas la plus importante sur le plan pratique ». « Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires, nous avertissait déjà Montesquieu. En allant au-delà du nécessaire, une loi serait aussi contre-productive parce qu’elle enverrait un message brouillé aux familles. En effet, nous voulons rapprocher les familles des écoles et c’est là la meilleure chance d’accomplir le projet républicain », a argumenté le ministre.

La proposition de loi votée par le Sénat, à majorité de droite, a quoi qu'il en soit très peu de chances d'être adoptée par l'Assemblée nationale, où le parti présidentiel détient la majorité.

jonathan grimmer lepetitjournal istanbul journaliste
Publié le 1 novembre 2019, mis à jour le 11 janvier 2021

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