

Olivier Richet dirige depuis 2008 la société ARKEMA, ancienne filiale de Total. A la tête d'un très bon bilan, puisqu'il peut se féliciter d'avoir doublé le chiffre d'affaires de l'entreprise en cinq ans, il est aussi élu au conseil d'administration de la chambre de commerce française en Turquie, où il a participé avec cinq autres membres du conseil à la création d'un business center à Istanbul. S'investir dans la communauté d'affaires et améliorer l'image de la Turquie auprès des PME en leur facilitant l'installation en Turquie, ont été les fers de lance de cet entrepreneur très actif, et surtout très impliqué dans les relations entre son pays d'origine et son pays d'adoption
Interview réalisée dans le cadre d'une collaboration www.lepetitjournal.com Istanbul / Chambre de Commerce Française en Turquie née en octobre 2009. Tous les mois, 1 ou 2 interviews de sociétés françaises ou turques sont publiées dans les deux supports que sont www.lepetitjournal.com et la Lettre mensuelle de la CCFT, Les Nouvelles de la Chambre .

Lepetitjournal.com d'Istanbul : Pouvez-vous nous décrire l'activité de votre société ARKEMA, son activité en Turquie et aussi sa spécificité sur le marché turc ?
Olivier Richet (dans son bureau à Maslak): ARKEMA est une société française, spécialisée essentiellement dans les produits chimiques dits de spécialité. Emanant du groupe Total, notre société est aujourd'hui indépendante et cotée en bourse à Paris. Nous sommes une filiale commerciale du groupe français, basée en Turquie depuis 1995. Nous proposons toute une gamme de produits chimiques à nos clients, cela va du PVC utilisé pour fabriquer les fenêtres, les tuyaux, au PMMA (verre acrylique) utilisé pour fabriquer les résines, les plaques, secteur où nous sommes leader, en passant par des produits chimiques liquides, gazeux comme le gaz fluoré pour les climatisations de voiture. Pour résumer, nous sommes LE fournisseur de toutes les industries au sens large; construction (pipes), automobiles, hygiène, traitement de l'eau, agrochimie, intermédiaires pour textile, mobilier urbain (objets de décoration), électroménager (revêtement des paniers de lave-vaisselle en poudre rilsan). Les produits chimiques et matières plastiques ont envahi notre quotidien, elles sont partout autour de nous, beaucoup plus que les gens ne peuvent l'imaginer?
Comment évaluez-vous le marché turc de la chimie? Etes-vous leader sur le marché ? Comment faites-vous pour rester toujours compétitifs ?
Nous ne sommes pas les leaders, car il y a beaucoup d'autres sociétés concurrentes, mais nous sommes un acteur important ; à l'international comme en Turquie. Nos principaux concurrents sont BASF (une société allemande), Dow et Dupont (deux sociétés américaines) ainsi que des concurrents japonais (Mitsubishi), coréens? Mais nous sommes en Turquie depuis 1995, et cette ancienneté est importante sur le marché turc. Notre développement repose sur une augmentation de nos parts de marché et nous essayons de développer nos ventes dans la chimie de spécialité, de produits de performance, en proposant des produits plus sophistiqués améliorant les propriétés des matériaux, pour répondre a une demande d'innovation croissante en Turquie. De nos jours, il faut penser développement durable, et ce qui est très tendance actuellement ce sont les produits "verts", un secteur sur le quel nous misons beaucoup. Un exemple concret pour vos lecteurs : dans le secteur de l'automobile, nous fabriquons des polymères techniques qui font des plastiques plus légers, donc qui dit véhicule plus légers, dit moins de consommation de carburant, donc moins de pollution. Nous répondons aux désirs des consommateurs qui font de plus en plus attention à la protection de leur environnement, à la planète. La Turquie est un grand pays industriel, et en même temps c'est le marché émergent de l'Europe, surtout depuis la crise de 2008. Elle est aux portes de l'Europe, et du point de vue logistique pour notre société, nous avons un avantage évident. Sa croissance à deux chiffres, son essor économique inspirent une grande confiance aux entreprises françaises et à la nôtre évidemment.
Entre votre arrivée en 2008 et aujourd'hui au début 2012, qu'est-ce qui a changé ? Avez-vous atteint vos objectifs de chef d'entreprise ?
La filiale ARKEMA turque est une de celles qui a connu la plus forte croissance dans le monde depuis quelques années. Fin 2012, nous venons de passer le cap des 100 millions d'euros de chiffres d'affaires, nous avons doublé le chiffre d'affaires en cinq ans tout simplement : il y indéniablement un effet prix dans cette progression de notre business. Mais il y a surtout une forte croissance en volume avec de nouveaux clients et de nouveaux produits. Alors, oui on peut dire qu'Arkema Turquie a atteint ses objectifs.
Comment expliquez-vous une telle progression du chiffre d'affaires ? Hormis la conjoncture économique très favorable, avez-vous des trucs secrets à nous dévoiler ?
D'abord je me suis beaucoup impliqué dans le business personnellement en nouant des relations étroites avec nos grands partenaires, je ne me suis pas cantonné à un rôle de gestionnaire. J'ai compris très vite qu'en Turquie la relation entre les gens était importante, signer des contrats est notre objectif premier, sans jamais oublier de tisser des liens de confiance avec nos interlocuteurs. J'ai essayé aussi de faire progresser le personnel de mon équipe, l'aider à revoir la stratégie commerciale de l'entreprise: apprendre à diversifier et solidifier le portefeuille de clients dans un secteur donné a été une des grands changements mis en place au niveau management. Nous nous sommes aussi déployés sur un plus grand périmètre, nous avons des responsables des ventes qui opèrent à présent dans les Balkans du Sud, le Moyen-Orient, mais l'essentiel de notre chiffre d'affaires provient de Turquie.
C'est votre première expatriation dans votre parcours professionnel. Comment qualifiriez-vous le personnel turc ? En quoi est-il différent du personnel français ?
J'y suis très attaché, tout simplement car ils sont très attachants ! Je me souviendrai toujours de l'accueil que j'ai reçu à mon arrivée, tellement chaleureux. Leurs trois points forts sont sans conteste leur réactivité, leur dynamisme, et leur capacité de travail. En revanche, leur côté émotionnel exacerbé peut être parfois difficile à gérer. J'ai du apprendre à prendre des gants avec le personnel, mais cette spécificité locale se gère facilement. J'en tire en tout cas un bilan très positif.
Est-ce que cette première expatriation vous a donné le goût de l'expatriation ?
Oui mais cela dépendra des opportunités du moment. Après cette expérience en Turquie 100% positive, cela ne sera peut être pas facile de trouver mieux ailleurs. Avec ses marchés en plein essor, la Turquie est un symbole de conquête, nous avons de nombreux projets de développement d'opportunités de croissance, nous y sommes toujours en chasse de nouveau business. Pas forcément évident de retrouver un environnement aussi challenging, mais on verra ?
Propos recueillis par Meriem Draman (www.lepetitjournal.com/istanbul) jeudi 26 janvier 2012









































