Il y a des questions que tout le monde se pose sans vraiment chercher la réponse. Avec sa nouvelle rubrique ? "La question à 100 TL" ? lepetitjournal.com d'Istanbul vous apporte, chaque vendredi, les réponses à des questions de culture générale en lien avec la Turquie. Après s'être demandé, vendredi dernier, d'où venait la tradition de porter des sous-vêtements rouges la nuit de la Saint-Sylvestre, nous nous sommes penchés sur la légende de la "la colonne suante" de Sainte-Sophie...
Quand on ne connaît pas l'histoire de Sainte-Sophie, ?merveille des merveilles?, antre de la ?Sagesse Divine?, on y pénètre les yeux pleins d'admiration... et on en ressort la tête pleine de questions. Pourquoi donc ces touristes mettent-ils leur pouce dans ce petit trou et essaient, tant bien que mal, d'en faire le tour avec leur main ? De loin, cela ressemble à un ?attrape-touriste? : qui arrivera le premier à en faire le tour sans se casser le bras ? Mais à y regarder de plus près, cette colonne à trou est en réalité chargée d'histoire, tout comme l'édifice qui l'abrite. Quelle est sa légende et d'où vient-elle ? Photo JaJon/Wikicommons
?La colonne suante de Saint-Grégoire?, dite également ?la colonne à v?ux? est l'une des 107 colonnes qui portent la majestueuse Sainte-Sophie, église du 6ème siècle devenue mosquée à la conquête ottomane, puis musée en 1934. Mais cette colonne à souhaits n'est pas comme les autres. Figée et immense, vous la trouverez au nord-est de la porte impériale. On y trouve une plaque de cuivre percée d'un petit trou. Si elle semble rester de marbre, elle raconte à elle seule toute une légende, romaine et ottomane.
Des pouvoirs de guérison ! Selon la légende romaine, la colonne aurait été bénie par Saint-Grégoire le Thaumaturge, dont elle a hérité du nom. L'histoire raconte que l'Empereur Justinien, se promenant dans la basilique Sainte-Sophie un soir où il se trouvait frappé de douleurs à cause d'une méchante migraine, posa la tête sur la colonne humide et fraîche. Peu de temps après, son mal de tête avait disparu et on attribua à la colonne le miraculeux pouvoir de guérison. La rumeur se propagea de Constantinople à Istanbul, puisqu'aujourd'hui encore les visiteurs de l'édifice enfoncent leur pouce dans le trou, avant de le poser à l'endroit où ils ont mal dans l'espoir d'apaiser leurs douleurs. Certaines interprétations de la légende ajoutent même que le pouvoir de guérison de la colonne n'opère qu'à condition que le pouce en ressorte humide.
Mais d'où viennent cette ?sueur? et ce trou ?
La ?sueur? de cette colonne reste un mystère. Alors que les plus rationnels se borneront à en parler comme de l'humidité produite par le marbre, d'autres, plus rêveurs, se réfèreront une nouvelle fois à la légende. Selon l'une d'elles, cette humidité représenterait en réalité les larmes de la Vierge Marie. En attendant, elle est le saint graal des visiteurs de la basilique qui, lui accordant une valeur sainte, espèrent la toucher du doigt. Certains affirment que le trou qui perce la colonne s'est formé au fur et à mesure des années. Les milliers de pèlerins venant poser, tout comme l'Empereur Justinien avant eux, leur front contre cette colonne en seraient à l'origine.
Faites un v?u?
Quand la basilique fut transformée en mosquée par Mehmet II, la première prière du vendredi de l'imam Ak?emseddin en présence du sultan ne devait pas avoir lieu avant que la mosquée ne soit tournée vers la Mecque. Le site officiel du musée Sainte-Sophie raconte qu'un ?deus ex machina? serait alors apparu pour tourner l'édifice en direction du lieu saint afin que la prière puisse commencer. Mais, surpris par un citoyen, ce dernier aurait été contraint de disparaitre laissant derrière lui la mosquée dans son état et pour seule trace de son passage : ce trou. On ne sait si les visiteurs essaient, comme le ?deus ex machina?, de faire bouger Sainte-Sophie, mais jusqu'à preuve du contraire, aucun d'entre eux n'y est encore parvenu? Ce pan de la légende veut que les visiteurs fassent un v?u tout en effectuant, avec le pouce, un tour complet du trou dans le sens des aiguilles d'une montre. Qui sait si tout cela est vrai, mais il ne coûte rien d'essayer !
Laura Lavenne (http://lepetitjournal.com/istanbul) vendredi 17 janvier 2014
Retrouvez vendredi prochain, la réponse à l'une de ces nombreuses ?questions à 100 TL? que tout le monde se pose? Et si vous-même, comme nous, vous vous posez des ?questions à 100 TL?, n'hésitez pas à nous écrire à istanbul@lepetitjournal.com. Nous ferons de notre mieux pour vous apporter une réponse ;-)