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Dr GYNECOLOGUE MURAT ÇARAK - "Les femmes turques optent pour la césarienne car elles ne veulent pas souffrir"

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 5 janvier 2018

Le nombre d'accouchements par césarienne est très important en Turquie, et la césarienne de convenance très répandue dans les cliniques et hôpitaux privés. Nous avons voulu savoir pourquoi les femmes turques plébiscitent-elles tant la césarienne au détriment de l'accouchement naturel par voie basse. Le docteur gynécologue Murat Çarak, très connu dans la communauté francophone, officie à Ni?anta?? et malgré un emploi du temps très chargé, a bien voulu se prêter au jeu des questions/réponses.

Lepetitjournal.com d'Istanbul : Pouvez-vous nous détailler votre parcours professionnel ?
Docteur Murat Çarak
dans son cabinet à Ni?anta?? (photo MD) : Après le lycée Galatasaray, j'ai commencé mes études de médecine, et je les ai terminées à la faculté de médecine de Cerrahpa?a. En 1987, je suis parti à Lyon à l'université Claude Bernard pour faire mon internat que j'ai achevé en 1992. Depuis la 4ème année de médecine, j'ai choisi ma vocation, je voulais très tôt me spécialiser en gynécologie-obstétrique. En rentrant de Lyon, j'ai travaillé dans la première clinique privée d'Istanbul, celle du docteur Pakize Tarzi (première femme  gynécologue de la République turque) qui n'existe plus aujourd'hui, devenue la clinique Ni?anta?? Hospital, et en même temps j'ai ouvert mon cabinet où je reçois mes patientes depuis 20 ans bientôt. Aujourd'hui, je suis affilié à l'Hôpital américain et à la clinique Florence Nightingale où j'ai effectué de très nombreuses naissances.

Jusqu'à aujourd'hui, combien d'accouchements au total avez-vous réalisés ? Et quel est le pourcentage de femmes françaises et francophones accouchées par vos soins ?
Je dirai un peu plus de 5.000 accouchements au total si l'on compte mon internat et mon externat. Depuis mon installation dans mon cabinet, j'ai à mon compteur environ 2.000 naissances à Istanbul. Autrement dit, si vous aimez les moyennes, je pratique 10 accouchements par mois depuis 20 ans. Dès le début de l'ouverture de mon cabinet, en 1993, j'ai accouché la femme du Consul de France, Madame Casa et par la suite, de nombreuses françaises sont passées par mon cabinet. Aujourd'hui elles sont moins nombreuses à venir consulter dans mon cabinet, peut-être parce qu'il y a davantage de gynécologues francophones.

Ne pensez-vous pas que le nombre important de césariennes effectuées de nos jours en Turquie fasse peur aux Françaises, plus attirées par les méthodes naturelles et qu'elles rentrent en France pour accoucher ?
Ayant fait mon internat à Lyon, je me suis toujours engagé auprès de mes patientes françaises à pratiquer un accouchement naturel, d'ailleurs si on regarde mes statistiques, les accouchements de françaises représentent moins de 5% des césariennes que j'ai pu effectuer. Mais il est vrai que chez les patientes turques, le taux de césariennes est beaucoup plus élevé ; d'elles-mêmes, elles me demandent en entrant dans mon cabinet dès le début de leur grossesse une césarienne, et si je ne veux pas perdre ma clientèle, je suis obligé d'accepter. Au total, je dirais aujourd'hui que je pratique 25% de césariennes et 75% d'accouchements naturels avec ou sans péridurale. Il s'avère que sur ces 25% de césariennes, 10% sont nécessaires au final et 15% sont des césariennes de convenance.

D'après vous, pourquoi les femmes turques plébiscitent-elles tant la césarienne ?
La peur de souffrir les motive en premier lieu, les femmes turques sont très "douillettes" et ne veulent pas souffrir. Même quand j'ai commencé à pratiquer la césarienne sous péridurale, il m'a fallu beaucoup de patience et d'insistance pour qu'elles acceptent de faire une césarienne sous péridurale, et non plus en anesthésie générale. Car en Turquie, non seulement la césarienne de convenance est très pratiquée, notamment dans les hôpitaux privés, mais en plus elle se fait sous anesthésie générale. L'autre raison qui les pousse à choisir la césarienne s'explique par le fait que dans les mentalités turques et orientales plus généralement, l'accouchement naturel modifie la sexualité de la femme par la suite. Même si cela est faux, nous avons du mal, nous praticiens, à leur faire admettre le contraire.

Pour les femmes qui vivent leur grossesse à Istanbul, et qui souhaitent accoucher par voie basse, est-ce que des centres de préparation à l'accouchement existent ?

Comme l'accouchement naturel n'est pas encore la norme, en tout cas dans les grandes villes comme Istanbul, il y a très peu de centres de préparation à l'accouchement. A ma connaissance, il en existe un à l'Hôpital américain qui accueille les femmes enceintes à partir du 6ème mois de grossesse, et les cours y sont donnés en anglais. Sinon, les femmes peuvent trouver des sages-femmes qui se déplacent à domicile et qui les préparent pour le grand jour. Dans mon cabinet, j'enseigne aux femmes enceintes les grandes lignes : la manière de respirer le jour J, comment reconnaître les contractions qui annoncent le début de l'accouchement, et tout le B.A.-BA qu'elles doivent connaître pour être prêtes le jour de la naissance de leur enfant.

Pour conclure, un petit tour d'horizon sur les mentalités autour de la sexualité des jeunes personnes : les jeunes femmes utilisent-elles un moyen de contraception ? Les avortements chez les jeunes femmes sont-ils fréquents ou bien sont-elles assez bien informées pour s'en protéger ?
Elles viennent consulter de plus en plus jeunes, souvent accompagnées de leur mère ; vers l'âge de 16 ans, elles viennent la première fois me consulter pour des conseils, des questions générales, et vers 20-21 ans pour demander un moyen de contraception. L'utilisation de la pilule est très répandue à Istanbul. Les femmes d'un milieu social élevé prennent leurs précautions, sont parfaitement informées et connaissent bien le fonctionnement de leur corps. Je n'en dirai pas autant des classes moins privilégiées. Beaucoup de femmes manquent encore d'informations concernant leur sexualité, les façons de tomber enceinte, et les manières de faire attention. L'avortement est autorisé en Turquie, la législation est la même qu'en France : jusqu'à 10 semaines, il est possible pour les femmes d'avorter. Si la femme est mariée, les deux conjoints doivent être d'accord et si la femme est célibataire, son accord à elle-seule suffit. Pour ma part, je prends le temps d'informer mes patientes sur la manière de se protéger d'une grossesse non désirée, et je suis assez heureux de voir que mes conseils portent leurs fruits ; en effet, je compte assez peu d'avortements à mon actif.

Propos recueillis par Meriem Draman (www.lepetitjournal.com/istanbul) lundi 16 avril 2012

Cabinet du Docteur gynécologue Murat ÇARAK

Valikona?? Cad. ?akay?k Sokak 45/6 Kat : 2
Ni?anta?? / ?STANBUL

Tel : 0212 232 87 77

A noter : Sa femme Ayça ÇARAK, est ophtalmologue, francophone également, et elle officie dans le même cabinet.

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Publié le 16 avril 2012, mis à jour le 5 janvier 2018
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