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CHAPEAUX, BLOUSONS ET BOTTES DE CUIR – A Istanbul, le “fait sur place” n’existe plus

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 17 octobre 2013

La Turquie est, historiquement, nation du cuir parmi toutes les nations. Cependant, l'arrivée de la concurrence sur le secteur et l'essor du tourisme de masse modifient peu à peu les pratiques traditionnelles de confection.

Avec quelque 6.000 tonnes de cuir expédiées chaque année à destination de l'Europe, la Turquie est ?la? nation du cuir par excellence. Produits bruts, modèles sur mesure ou à la chaine, on trouvait du ?made in Turkey? sur l'envers de toute étiquette avant ?l'invasion? des produits chinois sur le marché, entre les années 2003 et 2007.

Aujourd'hui encore, beaucoup de touristes de passage à Istanbul souhaitent à tout prix revenir avec un peu de ce savoir-faire traditionnel sur les épaules ou dans leurs bagages. Et sur la rive européenne ? où 70 tanneries étaient encore implantées jusqu'aux débuts des années 2000 ? le vieil Istanbul notamment, reste le point névralgique de ce grand commerce. En témoignent les dizaines de vendeurs qui ont envahi les alentours de Sultanahmet (photo SL).

L'artisanat : légende urbaine ?

Etals sur le trottoir, petites échoppes, grandes enseignes : quelle que soit leur taille, les marchands stambouliotes ont presque toujours la même façon d'appâter le client, d'où qu'il vienne. Partout les mêmes mots inscrits sur les devantures. Ici et là, c'est ?taylor made?, ?le blouson en cuir sur mesure réalisé en 3 heures?.

Faysal At?c? tient ?El Rincon de Fehmi?, une « petite entreprise familiale » ? référencée sur les sites de tourisme ? à deux pas de la citerne basilique sur Yerebatan Caddesi. Il explique : ?Ici, on prend les mesures. Le client choisit le modèle, la couleur, la matière, et on réalise son blouson.? A l'entendre, le client peut s'attendre à voir surgir un tailleur, ciseaux à la main, épingles aux lèvres pour lui confectionner son modèle sur-mesure. Pourtant, rien à voir. ?La commande est envoyée directement à l'usine?, confesse Faysal At?c? sans tergiverser.

Travailler le cuir ? Cet homme qui revendique le grand bazar pour université et la vie comme école ne s'y est jamais essayé. Lui gère avant tout l'export et le bon fonctionnement des boutiques, s'assure de la qualité des produits et du respect du ?timing?. Même si Faysal At?c? sait aussi s'improviser vendeur le temps de présenter tel ou tel blouson, dont le prix est indiqué en euros ? sait-on jamais.

Accessoires et vêtements en cuir, un souvenir folklorique ?

Des vendeurs comme Faysal At?c?, il y en une dizaine dans le secteur. Dans une rue un peu plus loin, c'est ?en six heures? que l'on se targue de vous confectionner un blouson. Pour ce faire, reste à prendre l'ascenseur : car ici, on ne se limite pas au cuir. Les premiers étages consacrés aux lampes et autres objets souvenirs mènent le touriste au dernier étage (visitable) et le poussent à l'achat. Car les gens ?ne viennent pas à Istanbul pour acheter un blouson, selon le tailleur. Il faut les y pousser?. A l'image de ce couple d'Américains à l'accent terriblement texan qui passe le pas de la porte : après une visite, madame se laissera tenter par un blouson rouge vif. Réversibles, imprimés serpent ou léopard, la marchandise proposée est pour le moins haute en couleur. ?Une façon de se démarquer et de satisfaire tout le monde.? Entre autres. ?Pour inciter le client à acheter, les prix sont aussi baissés de 25 à 30%.?

Même si aucun tarif n'est clairement indiqué. Une réduction à la tête du client, qui se reporterait sur une hausse des prix des produits exportés principalement ?en Allemagne, aux Etats-Unis, mais aussi au Danemark ou aux Emirats Arabes Unis?.

Et le sur-mesure dans tout cela ? ?Seuls 30% des clients repartent avec leur propre veste?, estime le vendeur. Car même en vacances, rares sont ceux qui prennent leur temps. Mais aucun vendeur ne s'en plaindra vraiment.

Hélène Quinqueton et Simon Lancelevé (http://lepetitjournal.com/istanbul) vendredi 18 octobre 2013

lepetitjournal.com istanbul
Publié le 17 octobre 2013, mis à jour le 17 octobre 2013
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