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ASSOCIATION NEWWW – “La femme turque n’a rien à envier à une Américaine ou à une Européenne !”

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 7 octobre 2024

NEWWW (Network of Entrepreneurial Women WorldWide) est une association qui lutte pour la cause des femmes dans le monde. La Turque Emel Efe Göksel en est la présidente. Juriste de formation, Emel Efe est venue s'installer en Turquie, où elle a passé des équivalences ? onze matières en turc ? avant de s'inscrire au barreau d'Istanbul. C'est son deuxième mandat en tant que présidente de cette association de femmes qui entreprennent. Lepetitjournal.com d'Istanbul est allé à sa rencontre?

Lepetitjournal.com d'Istanbul : Quand l'association a-t-elle été créée? Pouvez-vous nous raconter son histoire en quelques mots ?

Emel Efe Göksel (photo SD) : L'association a été créée en 2006 en France. C'est une association à but international qui regroupe des femmes du monde entier. Elle a été créée par un groupe de femmes françaises, anglaises et américaines, toutes membres d'une association qui existe toujours, FCEM. Elles ont rencontré un certain nombre de problèmes dans cette association et ont décidé de tourner la page avec NEWWW. A l'époque, elles étaient une soixantaine. La première présidente était anglaise mais malheureusement, au bout de six mois, elle est décédée d'un cancer du sein. Christine Chauvet lui a succédé pendant deux ans puis une présidente portugaise a été nommée pendant deux années, puis j'ai pris la relève.

N'y avait-il pas déjà des associations de ce type, qui agissent à l'échelle internationale?

Le but était de tourner une page. On a toutes un passé associatif et on sait toutes qu'il y a au bout d'un moment des blocages, des déviations, des problèmes au niveau des intérêts des gens. Cette association nous a permis de faire peau neuve, dans un bel esprit. Les membres de l'association s'entendent bien, ont une mentalité commune, une éthique commune, une vision commune, celle de fédérer des femmes entrepreneurs pour créer une solidarité féminine entrepreneuriale.

L'association est exclusivement réservée aux femmes ?

Oui, l'association est exclusivement réservée aux femmes.

La place de la femme dans le monde de l'entreprenariat ne devrait-elle pas être une cause commune aux hommes et aux femmes ?

Dans un monde utopique, oui. Mais combien y a-t-il d'hommes qui luttent pour cette cause ? Cela doit être une cause commune, universelle même. Concrètement est-ce le cas ? Non. Ce sont d'abord les femmes qui se battent pour la cause des femmes.

Comment devient-on membre de NEWWW ?

C'est un système de cooptation, chacune des membres a la possibilité de dire "je me porte garante de telle personne. Cette personne a une éthique, une vision, une idéologie semblable à la nôtre". Il y a ensuite un vote au conseil d'administration. C'est un système auquel nous tenons pour préserver ce dynamisme qui est important. Je tiens particulièrement à cela parce que des "trouble-fête?, il y en a partout et nous n'en voulons pas ! Nous tenons à préserver cet esprit amical. Nos membres ont toutes un profil différent mais il y a entre elles une réelle symbiose.

Quelles sont les actions concrètes que vous menez ? En Turquie notamment?

Pour l'instant, les actions concrètes ont été surtout du "B2B" entre deux pays. Par exemple, entre la Turquie et la Tunisie : l'année dernière, nous avons organisé "les journées économiques Tunisie-Turquie". Une cinquantaine de personnes s'étaient déplacées de Tunisie pour faire du relationnel et développer leur business en Turquie. De la même façon en Turquie, avec l'aide de la chambre de commerce d'Istanbul, nous avons pu contacter une cinquantaine de sociétés turques qui étaient susceptibles d'être intéressées par des rencontres professionnelles de ce type. Nous avons donc organisé sur deux jours ces "B2B rencontres" et cela s'est très bien passé ! Je suis fière du résultat, des contrats d'affaires ont notamment été signés.

Les problématiques liées au statut de la femme sont différentes d'un pays à l'autre, comment cela se traduit-il dans vos actions? 

En réalité, nous sommes surtout axées sur le business, le networking. Nous sommes une plateforme de réseautage qui fédère les femmes, les mobilise pour faire connaissance et échanger leurs cartes de visite. Mais cela n'empêche pas que nous sommes très sensibles à la question des femmes dans chacun des pays membres. Une membre mauritanienne nous parle régulièrement du statut de la femme en Mauritanie. Je le ressens lorsque nous nous rencontrons, les femmes ont soif de contacts, de connaissances. Souvent, elles sont restreintes dans leurs pays respectifs ? ce que je respecte ? mais dès qu'il est question d'une main tendue vers l'international, vers un pays comme la Turquie, les États-Unis ou le Canada elles sont partantes. Elles sont motivées et dynamiques ! Nos membres congolaises me répètent sans cesse : "Nous sommes des femmes d'action ! Des femmes de terrain !" Elles nous expliquent qu'elles vont sur le terrain dans les villages les plus éloignés pour faire du coaching afin de transmettre aux femmes les outils nécessaires à la réussite entrepreneuriale. Je trouve ça génial. Elles sont solidaires, mobilisées et surtout, elles ont conscience qu'il est nécessaire de s'entraider pour pouvoir faire avancer l'économie d'un pays. On a raison de dire que l'économie d'un pays est basée sur l'éducation des femmes.

Quels sont les principaux secteurs dont sont issues vos membres?

C'est très varié. Nous avons des experts comptables, des membres dans l'architecture, d'autres à la tête du département international de développement de GDF Suez ou à la tête d'une société de web consulting au Canada. Nous sommes aussi présentes dans le milieu éducatif : l'une de nos membres est à la tête d'une école de langue au Canada et l'autre d'une école privée en Tunisie. Toutes ont des bagages culturels et sociaux importants. Elles ont toutes très bien digéré cela, ce qui fait que l'on peut très bien s'asseoir et discuter avec elles d'égale à égale. Et ça j'y tiens, c'est extrêmement important. On a toutes des passés et des expériences associatives. Les gens qui sont chez NEWWW n'ont pas de problème d'égo. C'est très important pour nous.

Comment s'est passé votre rendez-vous de novembre à Istanbul? Avez-vous fixé de nouveaux objectifs?

Comme nous sommes ?internationales?, nous n'avons pas le luxe de nous réunir chaque mois. Nous faisons deux réunions annuelles. Mais l'intérêt que les membres portaient à Istanbul se faisait ressentir. Dans chaque pays, le but est d'organiser une rencontre en appelant des femmes entrepreneurs locales pour rencontrer les femmes de pays différents. Nous étions une cinquantaine au rendez-vous de novembre. Le second jour était consacré à la visite d'entreprises détenues ou dirigées par des femmes. Nous voulions montrer un profil différent de femmes qui réussissent dans des secteurs qui sont généralement "réservés aux hommes". En l'occurrence, nous avons été à Hac? Bekir Lokum, à la rencontre d'une femme qui gère cette entreprise vieille de plusieurs siècles.

Quel avenir pour la femme?

Il y a beaucoup de choses à faire. La femme devra toujours se battre pour s'affirmer et montrer quelle est capable de tout faire. Malheureusement, c'est une réalité. J'essaie de donner à ma propre fille les outils dont elle a besoin pour s'affirmer plus tard en tant que femme.

Et pour la femme turque ?

La femme turque dispose aussi de tous les atouts. Il faut juste qu'elle ait confiance en elle. Elle a besoin d'un petit coup de pouce pour faire de grands pas. Elle n'a rien à envier à une Américaine ou à une Européenne. Bien au contraire !

Propos recueillis par Shadia Darhouche (http://www.lepetitjournal.com/Istanbul) mardi 16 décembre 2014

Cliquer ici pour accéder au site web de l'association.

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Publié le 15 décembre 2014, mis à jour le 7 octobre 2024

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