

L'alévisme en bref
L'alévisme a plusieurs facettes, il est difficile de trancher sur le caractère religieux, philosophique, ethnique, politique ou autre de l'alévisme.
On désigne par le terme "alévis"un ensemble de groupes hétérodoxes et syncrétiques, que l'on estime constituer entre 10 et 25% de la population de Turquie.
La croyance alévie est basée sur la foi en la "trinité"Allah, Mahomet et Ali. Les alévis n'ont pas de livre sacré, ils se réfèrent à la fois au Coran, à la Bible, et autres livres saints auxquels ils n'accordent qu'une importance de témoignage. Ils considèrent l'être humain comme leur livre sacré, "la vérité est au fond de chaque être
Aperçu de l'intérieur de la cemevi de Tunceli
Le "cemevi", lieu de culte, a des fonctions diverses, sociale pour les nouveaux immigrants, politique en soutenant certaines causes ou encore culturelle grâce à sa bibliothèque et parfois des cours d'anglais ou d'informatique.
Figure de Pir Sultan Abdal, derviche et grand poète du 16ème siècle devant la cemevi de Tunceli
Entre 100 000 et 200 000 manifestants, selon les sources, ont défilé pour prolonger l'ouverture du débat afin de revendiquer auprès de l'Etat l'égalité citoyenne sur les droits religieux et une réelle reconnaissance de leur croyance.
L'alévisme revendique une place officielle dans la Turquie contemporaine
Au niveau des revendications, les différents groupes alévis demandent au gouvernement de modifier, voire supprimer selon certains, la Direction des Affaires Religieuses. Selon le blog de l'observatoire de la vie politique turque (Ovipot), cette "institution est directement rattachée au Premier ministre, elle gère la religion majoritaire (le sunnisme hanéfite) et qui est, à ce titre, l'instance-clef d'un islam sunnite d'Etat, c'est la première cible de la contestation alévie". Les Alévis, qui paient leurs impôts comme tous les citoyens turcs, ne profitent pas des services de cette institution publique, comme, par exemple, la construction des lieux de culte "cemevi", la formation des chefs spirituels les "Dede", etc. La communauté alévie demande donc à l'Etat une égalité des droits religieux et une reconnaissance de leurs lieux de culte. Certains demandent aussi "de ne pas construire des mosquées dans les villages alévis".
Une autre revendication importante dénonce une discrimination culturelle et cible l'enseignement religieux à l'école. Un cours de religion est obligatoire pour tous les collégiens turcs. Mais ce programme ne fait pas référence à l'alévisme.
Ce dimanche a vibré aux sons des nombreux slogans représentant différentes régions de Turquie. Les drapeaux turcs, les effigies d'Atatürk, et les figures de l'alévisme flottaient dans l'air de Kadiköy. Le lendemain, une grande part de la presse nationale s'est fait l'écho de cette large mobilisation, ce qui est perçu comme une réussite pour la communauté alévie qui cherche sa reconnaissance dans la société turque.
(photographies de Tunceli par Thomas Segui)
Plus d'informations sur ces liens :
Fédération et Union des Alévis de France
Élise MASSICARD, L'Autre Turquie. Le mouvement aléviste et ses territoires, Paris, PUF (Proche Orient), 2005
Florence Tapiau (www.lepetitjournal.com/Istanbul) mercredi 11 novembre 2009
Alévisme et rituels
Cette philosophie humaniste a des rituels particuliers, hérités de nombreuses influences dont le chamanisme, le chiisme ou le catharisme. Les rituels alévis sont d'une manière générale emprunts de simplicité et de communion avec la nature, en voici quelques caractéristiques :
- Le jeudi est l'unique jour de prière.
- Chaque prière est en turc : aucune langue qui ne serait pas compréhensible n'est utilisée.
- Chaque rituel est ouvert à tout le monde. Autour du Dede, la figure de la sagesse, hommes, femmes et enfants se regroupent selon l'âge. Hommes et femmes ne sont pas strictement séparés comme dans les mosquées. La purification ou catharsis est perçue tant à l'échelle individuelle qu'à celle du groupe.
- Hormis pour les rituels mortuaires, il y a toujours de la musique ainsi que des danses appelées "sema-semah".
- Pour assurer le bon déroulement des rituels, certains aspects desdits rituels se voient confiés à des personnes désignées. Ces aspects varient du début à la fin du rituel, par exemple jouer du saz, l'instrument traditionnel.
- Quasiment chaque rituel comprend la distribution d'un "lokma"(un repas rituel). A part le mois du Muharrem, il peut être procédé à des sacrifices. Le don d'un "lokma"est un lien sociologiquement important entre l'individu et sa communauté. Ce repas n'est pas composé de plats en particulier. Selon la richesse de l'individu qui l'offre, la "bouchée"peut être plus ou moins élaborée. Ce qui compte, c'est le partage et la volonté de donner quelque chose à la communauté et son acceptation par elle.
Florence Tapiau (www.lepetitjournal.com/Istanbul) mercredi 11 novembre 2009











































