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KEDI – Le docu sur les chats d'Istanbul enfin au cinéma

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 11 juin 2017, mis à jour le 12 juin 2017

Peut-être vous êtes-vous déjà demandé ce que pouvaient bien faire les chats de rue d'Istanbul de leur journée. Vous l'apprendrez au travers du film Kedi, qui retrace le quotidien de certains de ces petits félins, leurs habitudes, leurs cachettes ou encore leur entourage. La réalisatrice, Ceyda Torun, est née à Istanbul en 1985. Elle vit désormais à Los Angeles avec son mari Charlie Wupperman, qui a également participé à la réalisation du documentaire. A l'occasion de sa sortie dans les salles turques, nous republions l'interview qu'elle nous avait accordée

Lepetitjournal.com d'Istanbul : Comment le projet de Kedi a-t-il pris forme ?

Ceyda Torun : Je suis née et j'ai grandi à Istanbul, où il y a beaucoup de chats de rues. Mon mari, lui, est allemand, et nous vivons aux Etats-Unis depuis un moment maintenant. Nous avons remarqué qu'en ce qui concerne les chats, la situation d'Istanbul est unique ! C'est comme ça que l'idée d'un film a commencé à faire son chemin. Par la suite, un an avant le début du tournage, nous nous sommes rendus à Istanbul pour faire des essais. Ensuite, le tournage en lui-même a duré deux mois, d'avril à mai 2014, pendant que j'étais enceinte de ma fille. Nous avons fait des recherches sur environ 35 chats et en avons filmé une vingtaine. Finalement, seuls 7 apparaissent dans le film : Bengü, Deniz, Duman, Gansiz, Psycho, Rat Catcher et Yellow. Au final, Kedi est un projet qui s'est étalé sur deux ans.

Qu'essayez-vous d'exprimer au travers de ce film ?

Ce film parle autant de chats que de la ville d'Istanbul. Nous avons essayé de montrer la ville sous un jour différent, sans la traiter dans son aspect politique, religieux ou autre. Nous voulions dépasser la vision de la ville telle qu'on peut la percevoir aujourd'hui, dans sa temporalité.

Il y a aussi une réflexion autour de l'environnement urbain, sur comment hommes et animaux occupent ensemble l'espace d'une ville aussi grande qu'Istanbul. C'est un environnement qui peut être difficile, peu accueillant pour les animaux, mais aussi pour les enfants ou les personnes âgées. Il y a souvent un besoin émotif de se connecter les uns aux autres dans ces grandes villes. C'est ce que font les gens interrogés dans Kedi avec les chats, qui sont capables de leur accorder un amour sans conditions.

Kedi aborde aussi l'évolution de la ville d'Istanbul, qui est problématique. Quand j'étais enfant, quatre millions de personnes y vivaient. Aujourd'hui, on a quasiment atteint les 20 millions ! Les gens étaient plus proches, à l'époque. Je traînais toujours dans la rue quand il n'y avait pas école, et c'était le cas de quasiment tout le monde. Maintenant, il n'y a plus beaucoup d'endroits calmes et adaptés pour rester dehors dans cette grande ville. Les gens qui étaient dans la rue deviennent des personnes d'appartement, comme les chats. Il y a moins de liberté. Les endroits plus calmes, plus agréables sont loin, il faut prendre le bus, affronter la circulation pendant un moment avant d'y arriver. Et tu finis par être plus stressé en arrivant qu'en partant !

Quel est votre lien avec les chats ? En possédez-vous un ?

J'aurais une vingtaine de chats, si je le pouvais ! Mais on voyage trop, ce ne serait pas juste. Maintenant, on a des voisins qui vont pouvoir nous aider, donc on va adopter deux chats adultes dont personne ne veut. A Istanbul, c'est vraiment tentant de prendre un chat et de le ramener chez soi. Mais encore une fois, ce ne serait pas juste de faire ça. Peut-être que ce chat préférerait rester dans la rue, on ne peut pas lui demander son opinion. Mais je sais que les chats qu'on va bientôt adopter seront très différents de ceux d'Istanbul, qui donnent l'impression de te connaître depuis toujours. Ce qui n'est pas le cas des chats d'ailleurs.

Ceyda Torun (photo personnelle)

Quels lieux d'Istanbul avez-vous privilégié lors du tournage ? Vous êtes-vous plutôt rendus dans vos endroits préférés pour y faire des images ?

Nous avons tourné partout dans Istanbul, sur les deux rives ! Enfin, en restant dans l'intérieur de la ville, on ne s'est pas rendu dans toute l'aire urbaine. Donc non, nous ne nous sommes pas limités à mes endroits préférés, même si j'aurais du mal à déterminer l'endroit que je préfère à Istanbul? Je pense que ce serait partout autour du Bosphore, où je pourrais rester assise pendant des heures. Dans des endroits comme Tünel, Galata ou Fatih, qui sont magnifiques et chargés d'histoire?

Les chats n'étaient-ils pas trop difficiles à filmer, à cause de leur agilité et de leur rapidité ? Comment vous y êtes-vous pris pour arriver à un tel résultat ?

On disposait de deux caméras principales, des Canon 5D, qui étaient maniées par mon mari et un ami. Moi, j'avais une petite caméra au poing. Il y avait aussi des GoPro?  En fait, on utilisait autant de caméras qu'on le pouvait ! Finalement, ce n'est pas si difficile car les chats sont très prévisibles dans leurs mouvements, ils ont leurs petites habitudes. Pendant deux mois, nous nous sommes rendus encore et encore aux mêmes endroits pour les filmer et essayer de capturer certains instants précis, que l'on peut voir dans le film. En plus, souvent, les chats ont l'air d'aimer la caméra, comme le chat que l'on voit à la fin, sur un toit de Galata. Lui se prenait vraiment au jeu ! Pour certains, ça pouvait prendre plus de temps avant d'arriver à filmer un moment intéressant pour le film. Un peu comme pour les gens : parfois, on mettait longtemps avant de capturer un moment où la personne se dévoilait enfin. Sinon, pour repérer les chats, on a reçu l'aide de trois producteurs, qui ont arpenté la ville pour trouver différents types de chats. Et on a beaucoup marché aussi. C'est ce qu'il a fallu pour trouver les ?bons? chats : de la marche et de la chance !

Vous est-il arrivé que certaines personnes refusent de figurer dans le film ?

Bien sûr. Mais en général, les refus venaient de la part de gens qui n'aimaient pas les chats. Ils n'ont pas voulu nous parler de leur expérience avec eux, ni se livrer à nous. Peut-être que cela reflète un peu ce que l'homme que l'on peut voir à la fin du film dit : ?Ceux qui n'aiment pas les animaux n'aiment pas non plus les gens?. C'est dommage, car cela aurait pu valoir le coup d'avoir leur avis sur la question. Mais ça n'est pas arrivé.

Est-ce que l'un des chats qui apparaissent dans Kedi vous a particulièrement marqué ?

Ma préférée, c'était Bengü, la chatte aux grands yeux verts qui apparaît au début du film. C'est vraiment un chat spécial. Elle est pleine d'amour et de tendresse. Vous savez, on dit que certains chats ressemblent à des chiens. Par exemple ils accourent quand on les appelle par leur nom. C'était son cas à elle.

 

Pour découvrir les lieux et horaires des séances de Kedi, cliquez ici.

 

Propos recueillis par Margot Faudeil (http://lepetitjournal.com/istanbul) lundi 12 juin 2017 REDIFFUSION

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Publié le 11 juin 2017, mis à jour le 12 juin 2017

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