

Chantal et Jacques Périn, infatigables voyageurs dans l'Istanbul d'hier et d'aujourd'hui, nous reviennent avec une nouvelle série de voyages dans le temps, quelque part entre Constantinople et Istanbul. Aujourd'hui, ils nous font découvrir une tombe célèbre...
La tombe d'Aziyade (hier)
Il était une fois ou il n'était pas, Julien Viaud, jeune enseigne de vaisseau de la Marine française qui lors d'un séjour à Constantinople en 1877 rencontra une jolie Circassienne appartenant au harem d'un dignitaire turc.
Photographe anonyme (circa 1884)
Comment la jolie jeune fille put-elle échapper à la discipline et à la tutelle du harem si ce n'est par la grâce d'aimables complicités ?
Un tendre sentiment naquit ainsi entre le jeune marin et la belle Hatice qui, transgressant tous les interdits, se jeta corps et âme dans cette fatale histoire d'amour.
Hélas, le marin reprit la mer laissant à son chagrin la jeune fille dont les égarements découverts par son maître lui valurent l'isolement et la mise à l'écart du harem et de sa protection.
Désespérée, abandonnée et bannie, Hatice mourut à 19 ans.
Un an plus tard, le jeune marin publie anonymement le roman Aziyadé, qui relate cette triste l'histoire et qui remporte un véritable succès.
Dès lors, tout en continuant sa carrière militaire, Julien qui prend alors le nom de plume de Pierre Loti et publie un ouvrage nouveau presque chaque année.
Il s'investit pour défendre la Turquie à laquelle il manifeste un véritable attachement et écrit plusieurs romans dans lesquels il fait référence à sa relation avec "son" Aziyadé.
Sept ans après la mort de celle-ci, il revient à Constantinople, apprend qu'Aziyadé est morte, recherche la tombe de celle qu'il dit avoir tant aimée, la retrouve avec difficulté et vient s'y recueillir.
En 1905, à l'occasion d'un autre séjour, il fait replacer la stèle de la tombe et emporte l'original dans sa maison à Rochefort, où elle se trouve encore aujourd'hui?

Si Pierre Loti nous narre toutes les difficultés qu'il a rencontrées lors de sa recherche de la sépulture d'Hatice-Aziyade, avec un peu de volonté, la retrouver aujourd'hui n'est pas tâche insurmontable.
Certes, les lieux ont changé et la route à multiples voies sépare les murailles de ce qui fut la campagne accueillant les cimetières.
Néanmoins, après avoir traversé la route, entrez dans la partie ancienne du cimetière (eski mezarl?k) qui fait face à la Porte du canon, descendez l'allée principale jusqu'à la première allée à droite au niveau de ?'Cadde 2'' puis parcourez les 40 mètres qui conduisent à un vieux et grand cyprès.
À droite se trouve la tombe Y?lmaz Aile Kabri en bordure d'allée.
J.P. (2013)
En se positionnant face à cette tombe, on peut voir 10 mètres en arrière un bouquet de trois vieux arbres jouxtant la tombe de Narin Ailesi.
C'est derrière cette dernière que se trouve la sépulture d'Aziyade.
Discrète et cachée entre les autres tombes, une simple dalle de pierre surmontée d'une stèle de marbre blanc sculptée d'entrelacs végétaux tend à disparaître dans une végétation qui naturellement reprend ses droits.
De l'autre côté de la dalle, face à la stèle, une autre plaque de marbre déposée par les amis de Pierre Loti, mentionne l'identité de celle qui repose ici.
Le texte en est le suivant :
?Ici repose la Circassienne Hatice, fille de Abdullah Efendi, héroïne du roman Aziyadé (1879), du romancier français Pierre Loti. Paix à son âme. 23 octobre 1880.?
Jacques et Chantal Périn (www.lepetitjournal.com/istanbul) mardi 3 mars 2015
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