ISTANBUL, HIER ET AUJOURD’HUI – Eyüp, vu de la Corne d'or

Chantal et Jacques Périn, infatigables voyageurs dans l'Istanbul d'hier et d'aujourd'hui, reviennent chaque mardi avec une nouvelle série d'articles. Ils nous font découvrir aujourd'hui la colline d'Eyüp, vue de la Corne d'or, et vous proposent, à la fin de l'article, une nouvelle photo mystère.
Eyüp vu de la Corne d'or (hier)
"Au fond de ce golf enclavé dans une ville, tout au fond, sous les vieux cyprès et les vieux platanes, le saint faubourg d'Eyoub, c?ur de l'Islam en Europe, enfoui dans une sorte de bocage funèbre, confinant aux grands cimetières et entouré de tombes?" Pierre Loti
Niché au fond de la Corne d'Or, en dehors des murailles de la Cité, faisant suite aux quartiers de Fener et Balat, le petit village d'Eyüp doit très tôt son essor à la découverte de la sépulture d'Abu Ayyub al-Ansari, compagnon du prophète Mahomet.
Inspiré par une vision le Sultan Mehmet II indique le lieu précis où se trouvent les restes d'Eyüp Sultan, tel que l'appelleront les Turcs.
Dès lors, le lieu devient immédiatement la destination de pèlerinages et la colline qui domine le site se transforme en cimetière où chacun souhaite être inhumé au plus près du saint homme.
Néanmoins, l'isolement relatif dont jouit le village lui permet de garder son aspect bucolique, calme et discret, propice aux amours secrètes qu'entretient Pierre Loti avec Hatice.
Le niveau de la Corne d'Or étant relativement peu profond en cet endroit, seuls les caïques peuvent y accoster limitant ainsi l'afflux par l'eau des visiteurs.
Eyüp vu de la Corne d'or (aujourd'hui)
Adieu les maisons au bord de l'eau et place à la route qui draine son flot incessant de véhicules.
Photo J.P. (2013)
Les cyprès ont fait place aux très nombreuses tombes qui s'étagent au flanc de la colline, un téléphérique dessert le café où Pierre Loti aimait voir le soleil se coucher sur Haliç et l'urbanisation a investi les dernières parcelles libres de terrain.
Devenue insalubre au fil du temps, la Corne d'Or a été draguée et les vapur peuvent désormais accoster aux échelles d'Eyüp ; heureuse initiative qui permet de relier ce quartier à Eminönü, promenade au fil de l'eau loin des bruits de la ville et des affres de la circulation.
Jacques et Chantal Périn (www.lepetitjournal.com/istanbul) mardi 5 novembre 2013
Chaque semaine, nos auteurs vous proposent un petit jeu: deviner dans quel lieu la "photo de la semaine" a été prise.
De quelle fontaine s'agit-il? Réponse à la photo de la semaine dernière: Se promener sur les trottoirs d'Istanbul en levant la tête, cela peut être parfois dangereux et nombre de chevilles s'en souviennent? Mais cela peut aussi réserver de bonnes surprises comme par exemple découvrir, haut , très haut au dessus de nos têtes, les jolis panneaux de faïence bleue qui ornent les angles de la grande Poste centrale. Cet impressionnant immeuble est l'?uvre de l'architecte Vedat Tek qui étudia à Paris. De retour à Istanbul il enseigna aux Beaux-Arts et se fit un point d'honneur à marier l'art occidental à l'art ottoman. C'est sur ces critères qu'il réalisa le bâtiment de la Poste centrale, dont il dessina, aussi , lui-même les céramiques.
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Retrouvez ici notre interview des auteurs de cette chronique. Jacques et Chantal Périn ont aussi créé un site en hommage à la Turquie: Turquieaimée