Chantal et Jacques Périn, infatigables voyageurs dans l'Istanbul d'hier et d'aujourd'hui, reviennent chaque mardi avec une nouvelle série d'articles. Ils nous emmènent aujourd'hui à Eyüp. A la fin de l'article, nos auteurs vous proposent la traditionnelle photo mystère.
Eyu?p, la Corne d'or vue du cimetière (hier)
Est-ce le sultan ou son précepteur qui, au lendemain de la prise de Constantinople, eut la vision mystique de l'emplacement du lieu où fut inhumé Abou Ayoub al-Ansari, fidèle parmi les fidèles et porte-étendards du prophète Mahomet ?
Quoi qu'il en soit, dès que les restes du Saint Homme furent retrouvés, le lieu devint sacré et le sultan put s'enorgueillir de voir les bases de son règne confortées par le signe divin qui lui était accordé.
Outre la mosquée, le mausolée d'Eyüp, une medersa et un hammam, très rapidement, un cimetière commença à accueillir tous ceux qui voulaient être enterrés au plus près de l'élu?
Ainsi, petit à petit, lorsque l'espace autour du complexe religieux fut totalement occupé par les türbe des vizirs et des illustres personnages de la cité, la colline fut à son tour investie par les tombes des plus humbles poussés par le désir d'être enterrés dans ce lieu sacré.
Au fil du temps, toute la colline fut envahie et le cimetière d'Eyüp devint l'un des deux plus grands cimetières de la ville.
Plus tard un petit café, construction en bois, y vit également le jour et les courageux qui affrontaient la montée assez pentue pouvaient, à l'instar de Pierre Loti, venir s'y désaltérer en contemplant la vue exceptionnelle sur la Corne d'Or, la mosquée et la cité.
Si monter le chemin, aujourd'hui pavé, qui conduit au sommet de la colline est une promenade à ne pas manquer, flâner dans les sentes qui serpentent entre les tombes est une expérience unique.
Photo J.P. (2013)
On y voyage dans le temps, côtoyant les stèles plusieurs fois centenaires coiffées de bouquets ou de turbans qui se penchent ou se couchent au milieu des cyprès.
Bien avant d'arriver à la terrasse du café Pierre Loti, la Corne d'Or se laisse admirer, encadrée par les arbres qui veillent sur le repos des résidents.
Et si le panorama est toujours là, il est impossible de ne pas remarquer les nombreux changements comme la disparition de beaucoup de stèles au profit de caveaux de famille, les ponts qui traversent le paysage et? les cabines bleues et blanches du téléphérique qui, pour une somme modique, permettent aux visiteurs de prendre de l'altitude en quelques minutes et sans fatigue.
Jacques et Chantal Périn (www.lepetitjournal.com/istanbul) mardi 15 avril 2014
| LA PHOTO DE LA SEMAINE - Connaissez-vous bien votre ville?
Chaque semaine, nos auteurs vous proposent un petit jeu: deviner dans quel lieu la "photo de la semaine" a été prise.
Réponse à la dernière photo mystère : La troisième Méduse Retracer l'histoire de Méduse et de ses deux s?urs Euryale et Sthéno n'est pas des plus simples. Elle est, dit-on, née de l'union incestueuse de Phorcys (le Monstrueux) et de Céto, sa s?ur. Ce mariage particulier donna de nombreux fruits qui, malheureusement, furent tous plus hideux les uns que les autres? à l'exception de Méduse, belle jeune fille dont Poséidon s'éprit. Le fougueux, impatient et peu délicat dieu des mers jugeant inutile de faire sa cour, choisit de la violer dans un temple dédié à Athéna. Cette dernière ne pouvant se venger de Poséidon fit tomber sa colère sur Méduse qu'elle transforma en Gorgone. Ses cheveux se muèrent en serpents et ses yeux dilatés eurent le pouvoir maléfique de pétrifier tous ceux qui en croisaient le regard. Représentée sous de multiples formes, la Méduse objet de cette photographie se trouve dans le jardin du musée archéologique et profite, la tête à l'endroit, du jour et du soleil, ce qui n'est pas le cas de ses deux jumelles qui font cependant l'admiration des visiteurs de Yerebatan Sarn?c?. |
Retrouvez ici notre interview des auteurs de cette chronique. Jacques et Chantal Périn ont aussi créé un site en hommage à la Turquie: Turquieaimée
L'annuaire 
L'agenda 