Actuelle 5ᵉ puissance économique mondiale, l’Inde est aujourd’hui incontournable pour les entreprises en quête d’expansion. La France est d’ailleurs l’un des principaux investisseurs étrangers en Inde. Lepetitjournal.com vous livre le guide complet pour vous lancer dans l’aventure entrepreneuriale dans la plus grande démocratie du monde.


Le contexte économique en Inde
L'Inde est un terrain de jeu stratégique pour les entreprises internationales. Si sa croissance a connu un petit coup de frein en 2024, l'Inde garde son titre de championne de la croissance au sein du G20 depuis 2014. En 2023, un ralentissement de la demande mondiale et une mousson capricieuse ont impacté les exportations et la consommation des ménages.
Les secteurs prometteurs en Inde
Plusieurs secteurs tirent la machine économique : l'industrie manufacturière, avec l'initiative Make in India, attire les investisseurs étrangers et booste la production locale. Le secteur technologique, quant à lui, continue d'exploser, soutenu par une main-d'œuvre talentueuse et une demande intérieure qui ne cesse de croître. Et ce n’est pas tout ! Les produits de luxe connaissent un véritable engouement grâce à l’émergence d'une classe moyenne de plus en plus affluente.
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Les entreprises françaises n'ont pas tardé à répondre à l'appel, renforçant leur présence en Inde. Avec un marché de 1,4 milliard d'habitants, l'Inde offre de grandes opportunités. Des marques comme Ladurée se positionnent sur une classe aisée montante, malgré des prix élevés dans un pays où une grande partie de la population vit avec moins de 5 dollars par jour. Des poids lourds tricolores comme Dassault et Airbus y ont signé des contrats majeurs, et des PME françaises se font aussi une place sur le marché. Aujourd'hui, 716 filiales françaises sont installées en Inde, profitant de Make in India pour produire localement.
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Les défis et la présence française
Même si des défis existent – comme la concurrence des conglomérats locaux ou des politiques protectionnistes –, le marché reste séduisant. Carrefour, après un premier essai avorté, songe même à revenir sur le terrain, preuve de l'attrait persistant de l'Inde pour les investisseurs étrangers.
En 2023, Business France a accompagné plus de 500 entreprises françaises en Inde, leur fournissant divers services sur mesure, notamment des mises en relation d'affaires et des études de marché. Des entreprises françaises de renom comme Total, Alstom, BNP Paribas, Thales, Sanofi, Danone, L'Oréal, Pernod Ricard, Accor et Sodexo, sont présentes en Inde, opérant dans des secteurs variés tels que l'énergie, la finance, l'aéronautique, la pharmacie, les technologies de l'information et les biens de consommation.

Les visas d’affaires et d’investisseurs en Inde
Les deux types de visa suivants permettent au titulaire de vivre et travailler légalement en Inde. Il existe également des sous-catégories pour les demandeurs qui travaillent dans certaines industries, ainsi que pour ceux qui viennent de pays qui ont des liens diplomatiques forts avec l’Inde.
Les visas de travail salarié
Les visas de travail salarié (employment visa) sont délivrés aux expatriés qui souhaitent travailler pour une entreprise enregistrée en Inde. Afin d’avoir droit à un visa de travail salarié, les expatriés doivent être en possession soit d'une promesse d'embauche garantie de la part d'une entreprise indienne, soit d'une preuve de transfert intra-entreprise. Le visa est conditionné au montant du salaire en Inde : les étrangers doivent percevoir un minimum de 18.000 € par an pour obtenir un visa d’emploi. Toutefois, certaines professions en sont exemptes (les professeurs de langue française, les traducteurs, les cuisiniers, les personnels d’ONG…).
Ces visas sont en règle générale valables un an ou pendant la durée du contrat de travail. Bien que la demande initiale doive être effectuée dans le pays d'origine de l’expatrié, il est possible d’effectuer le renouvellement du visa en Inde.
Les visas d’affaires
Le sous-continent a tout prévu pour les entrepreneurs et investisseurs qui souhaitent se lancer dans l’aventure indienne. Le visa d’affaires (Business Visa) est l’un des plus populaires, idéal pour les professionnels en déplacement pour des réunions, conférences ou négociations. Il peut durer de 3 mois à 5 ans, avec des entrées multiples, mais attention : chaque séjour ne doit pas dépasser 180 jours consécutifs. Si vous restez plus longtemps, une inscription au Foreigners Regional Registration Office (FRRO) est nécessaire. Pour l'obtenir, il suffit de présenter une lettre d’invitation d’une entreprise indienne, une lettre de mission de votre employeur, votre passeport valide et quelques preuves de vos ressources financières. La demande se fait soit en ligne, soit auprès de l'ambassade indienne.

Les différents statuts d'entreprises en Inde
En Inde, les entrepreneurs et investisseurs ont l’embarras du choix lorsqu'il s'agit de choisir la structure juridique qui correspond à leur projet. Le choix dépend de plusieurs facteurs, comme le nombre de partenaires, le capital investi, la responsabilité des membres et les objectifs commerciaux. Voici un tour d’horizon des options les plus courantes :
Entreprise individuelle (Sole Proprietorship)
C’est la structure la plus simple, idéale pour les indépendants. Elle est détenue par une seule personne, sans capital minimum requis. Par contre, l’entrepreneur assume une responsabilité illimitée, ce qui signifie que ses biens personnels peuvent être engagés en cas de dettes. Parfaite pour les petites entreprises avec un risque financier limité.
Partenariat (Partnership)
Un partenariat se crée avec au moins deux personnes (jusqu'à 20 pour un partenariat général), qui se partagent profits et pertes. Pas de capital minimum et, comme pour l’entreprise individuelle, la responsabilité des partenaires est généralement illimitée, sauf si vous optez pour un partenariat à responsabilité limitée. Idéal pour les projets où la confiance entre partenaires est cruciale.
Société à responsabilité limitée privée (Private Limited Company - Pvt. Ltd.)
Plus structurée, cette option offre une responsabilité limitée aux actionnaires, qui ne risquent que leur apport en capital. Il faut au moins deux actionnaires (et jusqu'à 200), et le capital minimum est de 100.000 INR. Parfaite pour séparer la gestion de la propriété et lever des fonds plus facilement.
Société à responsabilité limitée publique (Public Limited Company)
Destinée aux grandes entreprises, cette structure permet de lever des fonds publics via la bourse. Il faut au moins sept actionnaires (sans limite maximale) et un capital minimum de 500 000 INR. Les actionnaires sont responsables à hauteur de leur investissement.
Partenariat à responsabilité limitée (Limited Liability Partnership - LLP)
Cette structure combine les avantages du partenariat et de la société à responsabilité limitée. Chaque partenaire a une responsabilité limitée à sa contribution, et l'entité est distincte de ses partenaires. Très prisée par les entreprises de services ou celles qui ont besoin d’un investissement modéré.
Implantation d'une filiale en Inde
Les entreprises étrangères peuvent établir une filiale en Inde, généralement sous la forme d'une Private Limited Company. La société mère doit détenir au moins 51 % des actions de la filiale. Avant de procéder, il est crucial de vérifier si le secteur d'activité autorise une participation étrangère majoritaire, car certains secteurs imposent des restrictions. Il est recommandé de consulter un expert local pour naviguer dans les réglementations complexes et assurer la conformité légale.
Devenir auto-entrepreneur en Inde
En Inde, le statut d'auto-entrepreneur se rapproche de l’Entreprise Individuelle (Sole Proprietorship). Simple à mettre en place, cette structure présente peu de formalités administratives et des coûts de démarrage réduits. Cependant, l'entrepreneur prend un risque considérable, car il est responsable de manière illimitée, ce qui signifie que ses biens personnels peuvent être engagés en cas de difficultés financières. Une option idéale pour les petites entreprises, surtout lorsque les risques sont limités.
Le choix de la structure juridique en Inde doit se faire avec soin, en prenant en compte les objectifs commerciaux, le niveau de risque acceptable et les obligations légales. Pour s'assurer de faire le bon choix et de respecter la réglementation locale, il est vivement conseillé de consulter des experts indiens.

Comment enregistrer son entreprise en Inde ?
Créer une entreprise en Inde implique une série d'étapes administratives et juridiques. Voici un guide détaillé pour vous orienter dans ce processus :
Choix de la structure juridique
Avant toute démarche, il est essentiel de déterminer la structure juridique adaptée à votre activité.
Obtention du certificat de signature numérique (Digital Signature Certificate - DSC)
Pour effectuer les démarches en ligne, chaque directeur proposé doit obtenir un DSC, qui sert à authentifier les documents électroniques. Cette demande se fait auprès d'agences certifiées par le Ministère des Affaires Corporatives (MCA).
Obtention du numéro d'identification de directeur (Director Identification Number - DIN)
Chaque directeur doit disposer d'un DIN. La demande s'effectue en ligne via le formulaire DIR-3, accompagné des pièces d'identité et justificatifs de domicile requis.
Réservation du nom de l'entreprise
Il est important de choisir un nom unique pour votre entreprise. Vous pouvez proposer jusqu'à six noms lors de la demande en ligne sur le portail du MCA. Le Registre des Sociétés (Registrar of Companies - RoC) vérifiera la disponibilité et la conformité du nom proposé.
Préparation des documents constitutifs
Les principaux documents incluent le Mémorandum d'association (Memorandum of Association - MoA), qui définit les objectifs principaux de l'entreprise et le Statuts (Articles of Association - AoA), qui détaillent les règles de gestion interne. Ces documents doivent être rédigés conformément aux réglementations en vigueur.
Enregistrement de l'entreprise
Une fois les documents préparés, soumettez-les au RoC (Registraire des sociétés) via le portail du MCA, accompagnés des formulaires requis (Form 1, Form 18 et Form 32) et des frais d'enregistrement correspondants. Après vérification, le RoC délivrera le certificat de constitution (Certificate of Incorporation).
Obtention des numéros fiscaux
Après l'enregistrement, il est nécessaire d'obtenir votre numéro de compte permanent (Permanent Account Number - PAN), requis pour les transactions financières. Ainsi que votre numéro de compte de déduction et de perception des impôts (Tax Deduction and Collection Account Number - TAN), obligatoire pour les déductions fiscales à la source. Ces numéros s'obtiennent après avoir complété les démarches précédentes.
Ouverture d'un compte bancaire professionnel
Avec le certificat de constitution et le PAN, vous pouvez ouvrir un compte bancaire au nom de votre entreprise pour gérer ses finances.Il est conseillé de faire appel à des experts locaux ou à des cabinets spécialisés pour garantir la conformité aux réglementations et simplifier le processus d'enregistrement.

Les obligations de l'entrepreneur en Inde
En tant qu’entrepreneur en Inde, il y a quelques règles de base à respecter pour éviter toute mauvaise surprise ! Que ce soit pour la comptabilité, la fiscalité, ou la gestion des ressources humaines, voici ce qu’il faut savoir :
Comptabilité et obligations financières
Toutes les entreprises en Inde sont tenues de maintenir des registres comptables conformes aux normes comptables indiennes. Il est obligatoire de clôturer les livres de comptes au 31 mars de chaque année et de publier le bilan ainsi que le compte de résultat pour chaque exercice fiscal. De plus, un audit annuel des comptes par un auditeur externe est requis pour assurer la transparence et la conformité financière.
Fiscalité
Pour toute transaction financière, l'entreprise doit avoir un Numéro de Compte Permanent (PAN), et pour les déductions fiscales, un Numéro de Compte de Déduction et de Perception des Impôts (TAN). Si vous vendez des produits ou services soumis à la TVA, l'inscription est indispensable. Petite astuce : les Zones Économiques Spéciales (ZES) offrent des avantages fiscaux intéressants, comme des exonérations d’impôt sur les sociétés dans les premières années.
Recrutement et obligations sociales
Si vous embauchez en Inde, soyez au fait des lois locales sur les salaires, les horaires et les conditions de travail. Si l'entreprise compte plus de 20 employés, elle doit s'enregistrer auprès de l'Organisation des Caisses de Prévoyance des Employés (Employees' Provident Fund Organisation - EPFO) pour assurer la couverture sociale des salariés. Aucun quota de recrutement, mais la non-discrimination et l’égalité des chances sont primordiales.
Visas pour les employés étrangers
Pour vos talents étrangers, l'Employment Visa est indispensable. Il faut une offre d'emploi confirmée, des qualifications spécifiques et un salaire minimum. N'oubliez pas de vérifier que leurs visas sont à jour !

Les ressources pour les entrepreneurs en Inde
Pour les entrepreneurs français prêts à conquérir le marché indien, de nombreuses ressources sont disponibles pour les accompagner dans leurs démarches :
Présente en Inde à New Delhi, Mumbai, Bangalore et Chennai, Business France est l’agence incontournable pour les entreprises françaises. Elle aide à tout : études de marché, identification de partenaires locaux, et même organisation d'événements pour faciliter les connexions. Un véritable coup de pouce pour s'implanter !
Chambre de Commerce et d'Industrie Franco-Indienne (IFCCI)
L’IFCCI est un partenaire précieux pour les entreprises françaises en Inde, offrant des conseils pratiques, des services de mise en réseau et des événements professionnels. Elle est au cœur des relations commerciales franco-indiennes.
Un réseau communautaire incontournable pour les entreprises tech, avec plus de 550 membres, dont une belle mixité entre startups françaises et indiennes. L'objectif ? Promouvoir la tech française en Inde et faciliter les partenariats entre entrepreneurs des deux pays.
Le réseau des Conseillers du Commerce Extérieur (CCE)
Le réseau des Conseillers du Commerce Extérieur (CCE) est un atout pour les entrepreneurs français souhaitant se développer à l'international, notamment en Inde. Composé de professionnels expérimentés et engagés, ce réseau est au service des entreprises françaises pour les aider à s'implanter et à se développer sur les marchés étrangers. La 14e édition du forum APAC s’est d’ailleurs déroulée à New Delhi du 27 au 29 novembre 2024. Grâce à leurs connaissances approfondies des environnements économiques et réglementaires, les CCE jouent un rôle clé pour franchir les obstacles liés à l'implantation en Inde et saisir les meilleures opportunités de croissance.
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