Il y a 35 ans, Benjamine Oberoi, alors étudiante en doctorat de sciences de l’éducation, est arrivée à Bangalore pour l’équivalent de l’époque du service civique. Ce premier pas dans le domaine des ONG, la fera rester en Inde jusqu’à ce jour.
Après avoir été consultante pour le développement d’ONGs internationales, après avoir monté une chaîne de huit restaurants (les premiers proposant de la cuisine européenne dans la région de Bangalore) et un hôtel de charme la Casa Cottage, après avoir fondé l’association Objectifs France-Inde (OFI) et son pendant local Casa Foundation, cette femme au parcours bien rempli s’est engagée avec passion et détermination auprès des femmes vivant dans la précarité. Depuis 15 ans, avec l’aide de partenaires associatifs indiens, notamment Society of Education, Village Action and Improvement (SEDAI), elle soutient l’activité de Self-Help Groups (SHGs). Une organisation rodée qui a fait ses preuves en sortant des milliers de femmes de la pauvreté.
Les SHGs dont s’occupe OFI, c’est l’histoire de 150.000 femmes qui ont pris leur destin en main. Rurales, vivant en dessous du seuil de pauvreté, ces femmes ont choisi de ne pas subir le sort que leur réserve la culture indienne. Une culture où la parité n’existe pas, où de nombreuses femmes sont des mères soumises à leur mari, parfois violent, parfois alcoolique. Ces femmes ont décidé de croire en un destin différent, où l’éducation et l’autonomie ont une place.
Pour y parvenir, elles intègrent un SHG. Ces groupes d’entraide sont constitués de dix à quinze femmes ayant un point commun : le fait de vivre en dessous du seuil de pauvreté. L’autre fait rassembleur est, sans aucun doute, leur volonté d’agir pour un avenir meilleur.
La promesse des SHGs est de les y aider. Comment ? En les accompagnant dans la création d’une activité économique viable et en leur fournissant les clés pour décrocher un micro-crédit et le rembourser.
Le parcours mis place par OFI est un exemple de réussite. Le taux de remboursement des prêts affiche fièrement les 100 % ! Côté bénéficiaire, sur l’ensemble des groupes créés, 90 % parviennent en quelques années seulement à gagner entre 7.000 et 12.000 roupies par mois par femme.
C’est un vrai succès ! D’ailleurs, les autorités nous soutiennent. Elles ont confiance en nos actions. Si ça fonctionne si bien, c’est grâce à l’encadrement complet qui est proposé.
Benjamine Oberoi, Vice présidente et membre fondatrice d’OFI.
Une révolution silencieuse
Au-delà du micro-crédit qui leur est accordé, les femmes accèdent à des formations sur le développement de leur activité économique mais également sur l’hygiène, l’alphabétisation, l’éducation civique ou encore le développement personnel. “Peu à peu, elles affirment leur rôle dans le village. Elles scolarisent leurs enfants. Elles prennent part à des décisions publiques.
Elles sont belles, confiantes, responsables et travailleuses. Elles croient en un avenir meilleur pour elles mêmes, leur famille et leur communauté !
C'est une véritable révolution silencieuse qui est en train de se mettre en place.” lâche admirative Benjamine Oberoi.
Une révolution car la démarche casse les codes de la société et donne le pouvoir à ceux qui n’en avaient pas. Silencieuse, car le système n’est pas revendicateur. Il s’agit d’une démarche d’entraide, fonctionnant grâce à la cooptation et la volonté de se réapproprier son destin personnel pour changer celui du village entier.
Un accompagnement sur plusieurs années
Une fois constitué, le groupe élit sa présidente et sa trésorière. Suivent six mois d’initiation au micro-crédit. Chaque membre apporte alors 50 roupies mensuellement pour financer des projets collectifs ou personnels.
Les membres ont également un parcours de sept formations sur l’année. L’objectif est de leur donner les clés de l'entrepreneuriat en lien avec leur future activité économique. Parallèlement, les femmes suivent des ateliers pour développer leur émancipation.
Durant cette phase, le groupe se réunit très régulièrement (quasi hebdomadairement) et rencontre le travailleur social qui l’accompagne à une cadence également soutenue.
La deuxième année, c’est le lancement de l’activité économique. Les formations s’espacent, OFI et ses partenaires veillent au bon fonctionnement des micro entreprises, au respect des règles d’hygiènes transmises ainsi qu’au remboursement du prêt. Le travailleur social assure un suivi mensuel.
La dernière année, le premier prêt contracté est remboursé, les SHGs entrent dans une phase d’accélération de leur activité économique. Cependant, les femmes ne sont toujours pas au dessus du seuil de pauvreté. Il faudra quelques années encore et souvent de nouveaux emprunts et remboursements pour y parvenir.
Le micro-crédit débute à 50.000 roupies (600 €) et doit être remboursé en un an. Sans délai, le groupe peut alors ré-emprunter jusqu’à 2 lakhs (2500 €). Un emprunt qui peut grimper jusqu’à 10 lakhs (12700 €) pour des groupes de 5 à 6 ans d'existence. Sans garantie bancaire et avec un taux d’intérêt imbattable en Inde (8 %), le micro-crédit des SHGs démocratise l’emprunt auprès de populations qui n’auraient jamais pu y avoir accès.
Grâce à ce programme, les SHGs soutenues par l’équipe de Benjamine Oberoi ont permis d’emprunter 50 millions d’euros en micro-crédits, tous remboursés à 100 % et ayant ainsi fait passer 150.000 femmes au dessus du seuil de pauvreté.
Un exemple de réussite d’activité économique basée sur la micro-finance !
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