Le confinement a fortement ralenti les célébrations en Inde et mit à mal l’industrie du mariage. Mais certains ont trouvé un moyen de trouver leur futur époux/épouse ou de se marier quand même. Lepetitjournal.com vous raconte.
Le lockdown met à mal l'industrie du mariage
Près de 10 millions de mariages sont célébrés chaque année en Inde. Selon un rapport de KPMG, l'industrie du mariage en Inde était estimée à 50 milliards de dollars (46 milliards d'euros) en 2019. Le taux de croissance estimé était de 25 à 30 % par an. Mais depuis, la pandémie a paralysé l’industrie du mariage et mit au chômage des milliers de prestataires.
En effet, lockdown national oblige [instauré depuis le 24 mars], les rassemblements de personnes ont été interdits jusqu’à nouvel ordre. Prolongé plusieurs fois, aujourd’hui l’Inde est en phase de déconfinement progressif jusqu’au 30 juin. Petit à petit, le gouvernement a assoupli les restrictions, notamment concernant le nombre d’invités aux mariages. Mi-mai, la nouvelle directive était l’autorisation d’un mariage avec un maximum de 50 invités, en veillant à ce que ceux-ci maintiennent une distanciation sociale durant l’évènement. Ne voulant pas restreindre leur fête de mariage, de nombreuses familles ont décidé de reporter la cérémonie, à l’image de la ville de Karnal (nord de l’Inde), où 500 mariages ont été reportés ou annulés, ou encore dans l’État du Rajasthan, où 23.000 mariages prévus pour coïncider avec le festival hindou Akshaya Tritiya le 26 avril ont été annulés en raison de la pandémie…Très dur pour les organisateurs d’évènements, mais aussi pour les propriétaires de salles de réception, d’hôtels, les traiteurs, les fleuristes ou encore les photographes. Ils craignent en effet que la relance de leur activité ne mette du temps à cause d’hésitations et de méfiances de la part des clients "D'autres industries ont commencé à fonctionner, mais notre industrie prendra du temps pour se remettre sur les rails. Si la situation redevient normale dans quelques mois, les gens éviteront les rassemblements de masse pendant longtemps " explique un propriétaire de salle de banquet dans la ville de Karnal. Ils gardent cependant encore espoir pour les mois de novembre et décembre, qui ont un nombre élevé de réservations.
Des Indiens se sont mariés pendant le confinement
Il y a les déterminés, ceux qui ont changé leur plan pour se marier quoiqu’il arrive : c’est le cas de Nitin Arora et Chaitali Puri. Il se sont rencontrés à l'université il y a six ans et ont commencé à se fréquenter un an plus tard. Lorsqu'ils ont fixé la date de leur mariage au début du mois de mai, cela devait être une fête somptueuse : un vaste complexe hôtelier, trois jours de célébrations, cocktail de pré-mariage, musique, danses, et de nombreux rituels traditionnels. 450 invités étaient prévus. Et puis la pandémie a tout chamboulé…Après de nombreux coups de fil, des laissez-passer obtenus pour la famille proche, la recherche d’un prêtre, les jeunes fiancés ont réussi à se dire oui, entourés de 16 de leurs proches. Un lien Zoom avait été créé pour permettre aux amis de regarder la cérémonie depuis toute l'Inde. "Mon salon est devenu le lieu du mariage, je portais le sari de ma mère et les bijoux de ma grand-mère, les photos ont été prises par le frère de Nitin, et nous avons pris un repas à la fortune du pot", raconte la mariée Chaitali. Nitin, le marié, prévoit toujours une grande réception plus tard dans l'année si la menace du Covid-19 se dissipe.
Il y a aussi les connectés, ceux qui échangent leurs voeux à (grande) distance. C’est l’histoire de Sushen Dang et Keerti Narang, dont le mariage (arrangé). Soucieux de se marier à la date jugée favorable par leurs familles et les astres, ils se sont donc mariés à 1200km l’un de l’autre le 19 avril, mais surtout devant 16.000 "invités", tous confinés chez eux ! En tenue traditionnelle, le marié s'est connecté à Bombay, tandis que la jeune mariée était dans un salon dans l’Etat d'Uttar Pradesh (au nord de l’Inde) et le prêtre Hindou était, lui, dans sa maison dans l’Etat du Chhattisgarh (dans le centre de l'Inde.). "Une centaine d'invités a rejoint la célébration sur l'application (Zoom, ndlr). Nous avons diffusé en parallèle la cérémonie sur Facebook, qui a été suivie en direct par 16.000 personnes supplémentaires", raconte le nouveau marié.
Ainsi, certains couples ont choisi d'échanger leurs gros mariages contre de petites relations intimes ou un mariage en ligne. Serait-ce la nouvelle tendance ?
Des acteurs de l’industrie du mariage émergent
Le site de rencontre Shaadi.com, qui a organisé le mariage de Sushen et Keerti voit dans la situation exceptionnelle un moyen d’émerger « pourquoi ne pas être les pionniers, et faire passer les mariages en ligne ?" raconte Adhish Zaveri, directeur marketing du site. Les cérémonies en ligne pourraient devenir une option bon marché pour les couples appelés à se marier prochainement, dans un contexte d'incertitude sur la durée et l'évolution de la pandémie" juge-t-il. Concrètement, l’entreprise a déjà organisé 2 mariages en ligne et en prépare une dizaine dans les prochaines semaines. Un service qui rend le mariage beaucoup plus accessible à tous, puisqu’il ne faut débourser « que » 100 000 INR (environ 1250 €) au lieu des gigantesques sommes d’un mariage traditionnel en Inde. A ce prix, les invités reçoivent un identifiant sécurisé, un chanteur anime la cérémonie et la mariée a même droit à une maquilleuse, voire une habilleuse le jour J.
De leur côté, les sites de rencontres tirent aussi leur épingle du jeu, avec une forte augmentation des renouvellements d’abonnements : en effet, le « lockdown » semble être le meilleur moment pour trouver une "meilleure moitié" pour un mariage réussi. C’est le cas du site Matrimony.com, qui a vu l'inscription de nouveaux clients augmenter de 30 % en avril 2020 par rapport au mois précédent. En plus d'offrir des réductions sur les frais d'inscription, les sociétés de rencontres ont mis en place des systèmes d'appel vidéo. Lancée pendant la période de verrouillage, la fonction d'appel vidéo de Jeevansathi, une filiale d'Info Edge Ltd, permet aux utilisateurs de passer des appels dans l'application sans partager leur numéro de téléphone portable ni s'éloigner de la plateforme. "La pandémie de Covid ne sera pas la fin de la vie. Nous (les parents) avons toujours le devoir de trouver un partenaire pour nos enfants. J'ai rechargé et mis à jour le profil de ma fille sur le site de rencontres pour les trois prochains mois. Avec plus de temps, je veux évaluer plus de profils avant de prendre une décision", raconte S. Sujatha, 59 ans à la presse Indienne.