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Sonia Barbry, une passion pour l'Inde dès l'adolescence

Mme Barbry Consule Generale de France à BombayMme Barbry Consule Generale de France à Bombay
Écrit par Isabelle Bonsignour
Publié le 1 mars 2019, mis à jour le 19 décembre 2023

Dans le cadre de la Journée Internationale de la Femme, le 8 mars, lepetitjournal.com Bombay vous présentera tout au long de ce mois le parcours de femmes à Bombay. Et pour commencer cette série, nous avons rencontré Mme Sonia Barbry, Consule Générale de France à Bombay. 

 

lepetitjournal.com Bombay :  Vous êtes Consule générale de France à Bombay depuis septembre 2018. Comment décririez-vous votre rôle ?

 

Mme Sonia Barbry, Consule Générale de France à Bombay : Tout d’abord, je voulais vous dire que je suis ravie de savoir qu’il existe désormais une page consacrée à Bombay au sein du petitjournal.com. Elle sera, j’en suis sûre, un outil utile à beaucoup de Français expatriés résidant ici.

Mon rôle, en tant que Consule générale de France à Bombay, est tout d’abord de représenter et d’accompagner dans leurs démarches administratives les Français résidant dans la circonscription consulaire, mais aussi, tant que de besoin, les Français de passage. Ensuite, je suis chargée de développer les relations, dans tous les domaines –politique, économique, culturel, scientifique, universitaire, consulaire etc, de la France avec les Etats de l’ouest de l’Inde : Gujarat, Maharashtra, Madhya Pradesh, Chhattisgarh et Goa. Dans tous ces domaines, nous cherchons à nourrir des partenariats ou des accords avec les acteurs locaux. Pour cela, je suis en contact permanent avec les autorités locales, les chefs d’entreprises, les institutions culturelles et académiques et, bien entendu, la communauté française établie dans ces régions. Bombay étant la capitale économique et financière de l’Inde, et l’ouest de l’Inde étant particulièrement dynamique, le travail que nous avons à faire ici est essentiel pour nourrir la relation bilatérale entre nos deux pays.


 

Vous avec vécu en Inde et parlez l’Hindi mais vous êtes aussi la première femme à occuper ce poste à Bombay, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre parcours ?

 

Je me suis passionnée pour l’Inde à l’adolescence. Lorsque, jeune étudiante, j’ai atterri pour la première fois dans ce pays, j’ai tout de suite senti une connexion très forte. J’étais fascinée par la culture, l’histoire, les monuments, les arts… Après deux expériences de 6 mois chacune dans le sud de l’Inde, je suis partie à Bénarès pour y apprendre le Hindi, la danse et la musique classiques indiennes, et le yoga. J’y ai aussi enseigné le français, à l’université Hindoue de Bénarès.

Je suis ensuite revenue en France pour y poursuivre des études de Hindi et civilisation de l’Asie du sud aux Langues O. Puis j’ai réussi les concours du Ministère des Affaires étrangères et après quelques années, je suis ensuite retournée en Inde comme conseillère politique à l’Ambassade de France à New Delhi. Après 4 ans à l’ambassade de France à Tel-Aviv, je suis rentrée à Paris pour occuper les fonctions de sous-directrice pour l’Asie méridionale. J’étais donc chargée de « piloter » nos relations diplomatiques avec l’Afghanistan, le  Pakistan, l’Inde, le Bangladesh, le Népal, Sri Lanka et les Maldives. Etre nommée Consule générale de France à Bombay est un vrai aboutissement et une reconnaissance de ce parcours personnel et professionnel.

 

Mme Barbry Consule Generale de France a Bombay

 

Nous avons noté que trois des quatre Consuls généraux de France en Inde sont des femmes. C’est assez rare ! Quelles sont, selon vous, les difficultés que pose le fait d’être une femme diplomate ?

 

Comme vous l’avez mentionné précédemment, depuis 1865 que nous avons des Consuls généraux de France à Bombay, il n’y avait jamais eu de femme. Malgré quelques progrès ces dernières années, les femmes demeurent sous-représentées dans la diplomatie, surtout aux postes d’encadrement. La 1ère femme Ambassadrice n’a été nommée qu’en 1972 et nous n’avons aujourd’hui que 25% de femmes Ambassadrices (et encore moins de Consule générale). Etre une femme ne pose pas de problème particulier, à part le fait d’évoluer dans un milieu majoritairement masculin (et parfois encore misogyne). De toute manière, il faut toujours rappeler qu’être une femme ou un homme n’a pas d’importance en soi : ce qui compte, c’est le professionnalisme, la motivation et les compétences. Le fait qu’il y ait autant de femmes à occuper le poste de Consule générale en Inde est évidemment un très bon signal. Mais il reste beaucoup de chemin à parcourir. Ici, j’ai été heureuse de voir que dans ce Consulat, où nous avons 2/3 d’employés indiens, les femmes sont fortement représentées !

 

Vous avez effectué la quasi-totalité de votre scolarité dans les lycées Français à l’étranger, quel message pourriez-vous transmettre à toutes les familles qui se posent des questions sur les points positifs et négatifs de l’expatriation pour leurs enfants ?

 

Je pense profondément qu’une expatriation est une chance incroyable pour les enfants. Bien sûr, ce n’est pas toujours facile. Déménager, quitter ses repères, sa famille et ses amis peut être un processus douloureux. Mais c’est aussi pour les enfants une chance unique de s’ouvrir sur le monde, de découvrir d’autres langues, cultures ; autant d’atouts inestimables pour leur vie d’adulte.

Surtout que le réseau des écoles françaises a ceci d’extraordinaire qu’il permet, à peu près partout dans le monde, de pouvoir suivre une scolarité de qualité, respectant le programme français, tout en permettant une ouverture sur la culture et la langue locales. Je pense qu’il ne faut pas que les parents s’inquiètent trop. J’ai moi-même été, certaines années, dans des écoles bilingues avec la moitié du programme français seulement, mais je pense que l’ouverture, l’autonomie et la capacité d’adaptation comptent ensuite tout autant pour réussir sa scolarité et ses études supérieures.

Par ailleurs, quitter la France ne veut pas forcément dire s’en éloigner. Vivre ailleurs permet aussi de réaliser l’importance de notre histoire, notre culture, et la chance que nous avons d’appartenir à ce pays. Ayant été expatriée la plus grande partie de ma vie, je ressens un attachement d’autant plus profond à la France, que j’ai aujourd’hui la chance de représenter.

 

 

 

isabelle bonsignour
Publié le 1 mars 2019, mis à jour le 19 décembre 2023

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