Emmanuelle Rogier et son mari ont toujours rêvé de partir en expatriation. Aujourd’hui, installés à Bombay depuis plus de 5 ans, ils ont l’impression d’avoir démarré une nouvelle vie et ils profitent à fond de cette opportunité tant attendue : “Tous les matins, quand je me réveille, je me dis : Tu as de la chance !”, déclare Emma au petit journal Bombay.
Originaire du Nord, Emma s’est retrouvée à Grasse suite au poste de son mari dans une société de parfums. Elle a travaillé pendant 15 ans en tant qu’infirmière dans l’hôpital public de la ville et était passionnée par son métier. Afin de concilier vie professionnelle et vie familiale, Emma avait choisi de travailler de nuit et était donc présente la journée pour emmener ses trois enfants à l’école. “Mes enfants avaient l’impression d’avoir une mère au foyer et moi, je pouvais exercer mon métier sans avoir l’impression de ne pas leur accorder assez de temps.” Cette période de sa vie lui a aussi permis de relativiser et d’apprendre à apprécier ce que l’on a : “j’ai côtoyé la douleur et la mort dans les couloirs de l’hôpital, on y apprend à aimer la vie !”
Toutefois, ce rythme de vie était épuisant et éprouvant à la fois physiquement et mentalement. Après quinze années en hôpital, elle choisit de reprendre un travail de jour et passe dans la fonction territoriale. Emma travaille dans une équipe qui intervient dans les collèges et lycées de la région pour faire de l’information et de la prévention (sur les sujets tels que la sexualité, la contraception et le sida). Elle est aussi partie prenante dans la structure PMI (Protection Maternelle et Infantile) qui effectue les bilans de santé dans les écoles maternelles et le suivi des femmes enceintes, en particulier pour la partie de la population en état de précarité. “C’était très intéressant car on travaillait avec les sage-femmes, les psychologues, les gynécologues et l’environnement était très différent de l’hôpital. On était en fait en amont de l’hôpital.”, déclare Emma.
Lorsque fin 2013, on propose enfin à son mari un poste à l’étranger, en l’occurence organiser et diriger la filiale indienne de la société dans laquelle il travaille depuis longtemps, ils n’hésitent pas. C’est l’occasion tant attendue : “Nos enfants ne nous ont pas cru tout de suite, cela faisait tellement longtemps qu’on parlait de partir, ils n’y croyaient plus !” Emma, ayant travaillé plus de quinze ans et ayant eu 3 enfants, était éligible à la retraite. Elle part donc à la retraite et tous deux atterrissent à Bombay début janvier 2014 pour une durée indéterminée et une nouvelle vie.
Ils choisissent de vivre à Powai car c’était à la fois pratique pour son mari et moins dépaysant pour elle : “Powai est le quartier le proche d’une ville européenne, il y a de larges trottoirs, des jardins et la population y est jeune et cosmopolite.” Un petit peu anxieuse en arrivant et se demandant ce qu’elle allait pouvoir faire à la maison car elle avait toujours travaillé, Emma se rend vite compte qu’elle a le “luxe” de pouvoir prendre du temps pour se remettre à l’Anglais qu’elle n’avait plus pratiqué depuis le lycée et qu’elle a beaucoup de changements à assimiler ce qui va l’occuper pendant quelques mois : “J’avais habité pendant de nombreuses années dans une maison dans une petite ville en France, cela n’a absolument rien à voir avec ici.” Mais, petit à petit, elle s’adapte à la vie trépidante de Mumbai grâce au bon accueil des Indiens et s’intègre dans la communauté étrangère par le biais en particulier de Bombay Accueil. “C’est une deuxième vie hyper sympa !”, nous affirme-t-elle. Elle reconnait que pour les couples arrivant en expatriation sans enfant, les associations d’accueil jouent un rôle primordial pour rencontrer d’autres personnes : “Quand on a des enfants, on fait connaissance à la sortie de l’école, mais quand on n’en a pas ou plus, c’est beaucoup moins facile de se faire des amis d’où l’importance de Bombay Accueil ici à Mumbai.”, dit-elle.
Son mari travaillant dans une petite société au personnel jeune et étant le seul expatrié, ils sont très vite intégrés dans la vie locale et se retrouvent souvent assis à côté de la famille lors des mariages : “Les Indiens ne mettent pas de barrière entre vie professionnelle et vie privée et Patrick et moi sommes souvent considérés comme faisant partie de leur famille par les employés de la société.”, avoue-t-elle.
Deux ans après leur arrivée, ils déménagent au sud de Bombay dans le beau quartier résidentiel de Peddar road pour se rapprocher des nouveaux locaux de la société. Emma ne regrette pas d’habiter en dehors du quartier préféré des expatriés, Bandra : “Powai était le quartier idéal pour commencer à Bombay, maintenant que j’ai pris mes marques, j’apprécie le calme de Bombay Sud et la proximité des endroits que je fréquente. Je suis aussi habituée à passer du temps dans la voiture et on ne s’y ennuie pas tellement il y a de choses à regarder par la fenêtre.”
Depuis quelques années, Emma a démarré une nouvelle activité : elle décore de grands cabas en toile qu’elle achète au marché et les propose aux expatriés et à ses connaissances en France. Cela lui a permis de redécouvrir le travail manuel et de faire des rencontres sympathiques lorsqu’elle part à la recherche de tissus.
Aujourd’hui, cinq ans plus tard, Emma est radieuse dans son atelier, entourée de ses machines à coudre et à broder, de ses sacs en attente de “customisation”, de ses paniers remplis de galons et de ses malles pleines de coupons de tissu.
Son endroit préféré à Bombay est “Mangaldas Market”, le marché aux tissus, bien sûr ! Elle s’y rend au moins une fois par semaine pour fouiner parmi les innombrables rouleaux de tissu et achète dès qu’elle voit un imprimé qui lui plait : “Le marché est très fréquenté et les tissus partent très vite, il ne faut pas attendre ni hésiter, demain ce coupon rose vif ne sera surement plus là. Je l’ai appris à mes dépens.”, déclare t-elle.
Elle apprécie la gentillesse et la bonne humeur des Indiens et est aujourd’hui comme un poisson dans l’eau dans les allées bondées du marché. Elle avoue y avoir eu des conversations de “femmes” avec des personnes qu’elle n’aurait jamais rencontré dans son ancienne vie : “Un jour, je me suis retrouvée à discuter “chiffons” devant un stand avec une Indienne musulmane couverte de la tête aux pieds, une autre Indienne en sari chatoyant et mon amie Caroline et moi, habillées à l’européenne. Nous avons partagé nos adresses et nos connaissances en couture pendant un bon moment, ce fut un après-midi agréable.”
Le conseil d’Emma à un nouvel arrivant : “Prendre le temps de s’adapter, ne pas être impatient et apprécier ce que l’on a.” Mais elle avoue qu’elle n’aurait pas pu faire les choses à son rythme si elle était arrivée avec ses enfants et qu’il avait fallu s’occuper des trajets à l’école, des activités extra-scolaires, …
Et aussi, “ne pas hésiter à sortir de chez soi pour se changer les idées et faire appel à Bombay Accueil pour rencontrer du monde”.