L’assemblée législative du Tamil Nadu sera ainsi renouvelée en avril prochain. 234 sièges sont à pourvoir. Les nouveaux élus désigneront ensuite leur président « le chief minister », poste à grand pouvoir compte tenu de l’organisation fédérale du pays.
62 millions de votants
En Inde, chaque élection régionale ou locale a son propre calendrier. Ainsi, on peut dire qu’il y a tous les ans, voire tous les mois, une élection quelque part dans le pays. Toutes les assemblées sont élues pour cinq ans, par scrutin majoritaire à un tour.
L’électorat du Tamil Nadu représente plus de 62 millions de personnes, dont la catégorie du 3ième sexe comptant 7246 personnes identifiées sur la liste électorale. Il faut avoir 18 ans pour voter et s’être volontairement inscrit. Le vote est organisé sur une seule journée. Les écoles et collèges sont utilisés comme bureaux de vote. Les électeurs se présentent avec une carte spécifique à leur nom et avec leur photo. Un système d’enregistrement électronique des voix est de plus en plus généralisé. Traditionnellement, le pourcentage de votants est globalement élevé mais il reste faible pour les femmes qui à tous les niveaux sont peu présentes dans les assemblées (14 % de femmes dans la chambre basse du parlement en 2019).
Les partis politiques indiens sont nombreux mais dans le Tamil Nadu, deux d’entre eux mobilisent l’essentiel des votes : d’un côté, l’AIADMK actuellement au pouvoir, avec à sa tête E.K. Palaniswami et de l’autre côté, le DMK avec pour leader MK Staline. Les deux partis se déclarent « dravidiens » donc non nationaux. Comment les distinguer ? l’AIADMK affiche un drapeau rouge et noir avec, en centre, le dessin d’une tête d’homme et a pour symbole deux feuilles d’arbre. Le DMK a, quant à lui, un drapeau rouge et noir sans dessin et pour symbole un soleil levant. L’AIADMK fait en permanence référence à l’ancienne élue Chief minister, J. Jayalalithaa, décédée en 2016 et qui reste encore très populaire. Son portrait est affiché partout.
Sa fidèle amie, Sasikala Natarajam, a pris la tête de l’AIADMK après sa mort. Mais en 2017, elle est condamnée pour corruption à quatre ans de prison et dix ans d’inéligibilité. Elle ne peut donc prendre directement part à l’élection de 2021 mais a contribué à créer un nouveau parti, l’AMMK qui concoure aujourd’hui. Les affiches de l’AMMK, dont le symbole est un auto cuiseur, ne laissent aucun doute sur le fait que Sasikala en est la réelle dirigeante en sous-main.
Les deux principaux partis ont constitué des alliances. Ainsi, l’AIADMK est à la tête de l’alliance NDA avec en particulier le BJP de Modi. Le DMK conduit l’alliance DPA avec les communistes, le Congrès et la ligue musulmane.
Des élections encore serrées
Les récents sondages donnent vainqueur le DPA avec MK Staline pour leader mais il reste de nombreuses semaines avant le vote et tout peut encore changer. Le parti sortant ne ménage pas sa peine pour entreprendre de grands travaux, probablement annoncés dans les professions de foi des élections précédentes. Les affichages et meetings se multiplient. Les promesses aussi, des deux côtés.
La plupart des indiens interrogés sont critiques par rapport aux partis politiques nationaux et locaux. Ils ne sont pas dupes de l’importance de la corruption et du manque de fiabilité des discours. Chacun évoque des fraudes, des abus de pouvoir et des cas d’enrichissement personnels. La célèbre Jayalalithaa a elle-même été condamnée pour corruption en 2014. On peut rétorquer que malgré tout, la justice régulièrement intervient et que chaque citoyen indien est libre de s’exprimer dans les urnes. L’Inde n’est-elle pas présentée comme la plus grande démocratie du monde ? Peut-être, faut-il rester prudent sur ce point , et la spécialiste de l’Inde, Ingrid Therwath, le résume plutôt bien : « quand les journalistes ont peur de critiquer le pouvoir, quand 15 % de la population est reléguée au statut de citoyens de second rang car non hindous, peut-on encore parler de démocratie ? » (*propos évoqués notamment dans une émission récemment diffusée sur ARTE sur la situation politique de l’Inde)