Vendredi matin à l’aube, les quatre hommes condamnés à mort pour le viol et meurtre d’une jeune femme dans un bus de Delhi en 2012 ont été pendus. Le viol avait déclenché des protestations massives dans toutes les villes indiennes pour demander plus de sécurité pour les femmes dans le pays. Il est aussi à l’origine de nouvelles lois visant à élargir la définition de viol et à accélérer les procédures de mise en accusation et jugement.
Rappel des faits
En décembre 2012, une jeune étudiante accompagnée d’un ami monte dans un bus privé pour rentrer chez elle le soir. Elle est agressée, violée et battue par six hommes présents dans le bus alors que celui-ci est en mouvement. Elle est ensuite abandonnée au bord de la route avec son ami qui a été battu et elle décèdera de ses blessures 15 jours plus tard.
Les six hommes ont été accusés et jugés coupables en 2013 pour le viol et meurtre de celle que la presse a surnommée Nirbhaya, “Sans peur”. Sous la pression des manifestations réclamant un changement des mentalités et plus de sécurité pour les femmes, la procédure de mise en accusation et le jugement furent rapides : cinq des six accusés ont été condamnés à mort en 2013 (le sixième étant mineur au moment des faits a été envoyé pendant trois ans dans un camp de rééducation). L'année suivante, un des accusés s’est suicidé dans sa cellule. Les quatre autres condamnés ont tout tenté pour commuer leur peine en emprisonnement à vie. Sept ans plus tard, les recours ayant été épuisés, la sentence a été exécutée.
Impact sur la société indienne
Ce viol a secoué la communauté indienne et internationale qui a réagi avec force. Le lendemain du viol, des manifestations de grande ampleur eurent lieu à Delhi et ensuite dans les autres grandes villes indiennes demandant plus de sécurité pour les femmes et une accélération du processus judiciaire. Même les canons à eau utilisés par la police ne firent pas fuir la foule tant la colère était grande. Les protestations ont continué pendant plusieurs semaines en s’intensifiant lorsque la victime est décédée de ses blessures.
Face à la pression de la société indienne et des médias, le gouvernement vota plusieurs nouvelles lois sur les agressions sexuelles incluant une peine minimale obligatoire de 20 ans pour un viol collectif et l'établissement de six nouvelles instances permettant de juger rapidement les affaires de viol.
Pour en savoir plus
En 2015, la BBC a produit un documentaire intitulé India's Daughter sur cette agression et le film Anatomy of Violence de la réalisatrice indo-canadienne Deepa Mehta part de cet évènement pour explorer les conditions sociales et les valeurs de la société indienne qui ont rendu cette attaque possible. La série Netflix Delhi Crime relate la recherche des coupables dans l’affaire Nirbhaya.