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Comment un élan de solidarité des Kéralites à sauver la vie d'un jeune indien

En Arabie Saoudite, Abdul Raheem, jeune indien travailleur immigré a été condamné à mort pour homicide involontaire. Un élan de solidarité depuis son Kerala natif, a permis de lui sauver la vie en transformant sa peine de mort en paiement du prix du sang, une pratique qui permet le "pardon" en échange d'une forte somme.

une abdul raheemune abdul raheem
Écrit par lepetitjournal.com Bombay
Publié le 18 avril 2024, mis à jour le 19 avril 2024

 

Un tragique accident ayant entraîné la mort d'un jeune

L'Arabie Saoudite est le deuxième plus gros importateur de main-d'œuvre indienne après les Emirats Arabes Unis. Les Indiens représenteraient près de 50% des émigrés dans les pays du Golfe dont 70% seraient des travailleurs peu ou pas qualifiés. Ils viendraient essentiellement des Etats d'Andhra Pradesh, Jharkhand, West Bengal, Karnataka, Kerala, Maharashtra, Tamil Nadu. En Arabie Saoudite ils seraient plus de 3millions et essentiellement musulmans (93%).

C'est dans ce contexte que Abdul Rahim, jeune musulman issu d'une famille pauvre du Kerala, est arrivé en Arabie Saoudite. Il était employé par une famille saoudienne comme chauffeur et aide de vie d'un garçon handicapé quand lors d'un transport la machine qui maintenait en vie l'adolescent de 15 ans s'est déréglée entraînant sa mort. Rahim a été jugé responsable de cet accident et condamné à mort en 2018 pour meurtre en vertu de la loi saoudienne. Emprisonné depuis l'accident, il devait être exécuté le 16 avril 2024 mais il y a quelques semaines la famille de la victime a finalement accepté de lui accorder sa grâce s'il payait le « prix du sang » de 15 millions de riyals saoudiens (environ 4 millions d'euros).

Le prix du sang en échange de la peine de mort

Le « prix du sang » est une pratique médiévale appliquée en Iran, au Pakistan et en Arabie Saoudite depuis les années 1990, et qui consiste à pardonner en échange d'une compensation financière. La somme demandée était colossale mais un extraordinaire élan de générosité et de solidarité des habitants de l'Etat du Kerala a permis d'organiser une collecte d'argent et de réunir en quelques semaines la somme requise.

Selon K. Suresh, président du comité d'assistance juridique venant en aide a la famille d'Abdul Rahman "ce qui a le plus marqués, c'est le type de réponse que la campagne a suscitée chez les gens. Depuis le don de ₹1 crore par l'homme d'affaires Boby Chemmanur, qui était le don individuel le plus élevé, jusqu'à seulement ₹10, les gens ont contribué avec ce qu'ils pouvaient. Des travailleurs de Kudumbashree aux travailleurs de MNREGA en passant par les bénévoles de Haritha Karma Sena, tous ont participé. L'unité saoudienne de l'organisation des expatriés KMCC a donné ₹1.5 crore. Outre l'argent collecté via l'application, environ ₹4 crore de dons directs ont été déposés à la banque."

Cette campagne de collecte de fonds réussie, souligne le pouvoir de l'action collective et de la compassion, démontrant que lorsque les gens se rassemblent pour une noble cause, ils peuvent obtenir des résultats remarquables et surpasser les différences interconfessionnelles. Le  ministre en chef de cet État, Pinarayi Vijayan, a tenu à souligner dans un communiqué :

 "En sauvant une vie et en séchant les larmes d'une famille, les habitants du Kérala ont montré un exemple de noblesse de cœur. C'est l'affirmation que le Kérala est une forteresse de fraternité que le communautarisme [religieux] ne peut détruire".

La peine de mort : pas seulement en Arabie Saoudite

Cet événement a été pour certains l'occasion de relancer le débat sur à la peine de mort toujours en vigueur en Inde. Parmi les pays appliquant la peine de mort, l'Inde est celui où le taux d'exécution est le deuxième plus bas du monde, avec 8 exécutions depuis 1996. Les exécutions peuvent se faire par pendaison ou par balle. Seules 7 exécutions ont eu lieu depuis 2004 : une le 21 novembre 2012, lorsque Ajmal Kasab a été exécuté pour le meurtre de 72 personnes dans les attaques de novembre 2008 à Bombay, la seconde le 9 février 2013 lorsque Afzal Guru a été pendu pour son rôle lors de l'attaque sanglante du Parlement indien en 2001 ayant fait 12 morts. Une troisième exécution de terroriste a eu lieu en 2015. Les 4 dernières exécutions ont eu lieu le même jour, le 20 mars 2020, pour le viol collectif et le meurtre de Jyoti Singh en 2012. Le gouvernement fédéral de l'Inde vote toujours contre les résolutions de l'ONU appelant à un moratoire sur la peine de mort en vue de son abolition. Actuellement, plus de 500 personnes attendraient leur exécution dans le couloir de la mort.

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