Chaque année, depuis 1984, l’Inde commémore le 2 décembre les morts du tragique accident de l’usine de pesticides Union Carbide à Bhopal dans le Madhya Pradesh (plus de 3 700 décès suite à la dispersion dans l’air d’un gaz toxique selon le gouvernement de l’Etat) : c’est le National Pollution Control Day. Mais, le 2 décembre 2019, la pollution dans les villes indiennes, notamment celles du nord du pays, dont Mumbai et Delhi, ne semblait pas être du tout maîtrisée. Ironie du sort ou indifférence des autorités locales ?
Le National Pollution Control Day
Le National Pollution Control Day a pour vocation d’augmenter la prise de conscience sur les dangers de la pollution atmosphérique et de former la population locale aux méthodes de contrôle et de gestion des catastrophes industrielles. L’objectif est de prévenir les accidents dus à la négligence humaine tel celui de Bhopal en 1984.
La pollution à Mumbai en hausse
Depuis une semaine, Mumbai se réveille tous les matins dans un épais brouillard qui ne se dissipe que très peu au long de la journée. Dimanche, les unités de mesure du Central Pollution Control Board (CPCB) relevées à Mumbai affichaient des taux très élevés, plus qu'à Gurugram, à côté de Delhi et ce malgré la présence de la mer et des brises côtières.
Le directeur du projet SAFAR, Gufran Beig, a récemment déclaré : “Avec l'arrivée de l’hiver, la concentration des particules fines (PM) dans l’air va croître. Les températures basses bloquent les substances polluantes plus près de la surface de la terre, augmentant ainsi les niveaux de pollution.”
SAFAR, le système du ministère de la science de la terre (System of Air Quality and Weather Forecasting And Research) a été développé par l’institut de météorologie de Pune avec pour objectif de fournir des relevés de la qualité de l’air dans plusieurs secteurs des mégalopoles indiennes en temps réel mais aussi d’effectuer des prévisions de 1 à 3 jours. Le but ultime de SAFAR est d’informer le public à l’avance sur la pollution atmosphérique afin que les mesures d’ajustement nécessaires puissent être prises pour limiter la dégradation de la qualité de l’air et son impact sur la santé.
Les discussions sur la qualité de l’air à l’assemblée, la Lok Sabha
A Delhi, la qualité de l’air reste préoccupante pour la santé et a fait son entrée dans les débats à l'assemblée législative, la Lok Sabha, dès les premiers jours de la session d’hiver.
Tweet du Central Pollution Control Board
Air Quality Early warning for Delhi (Source-IITM)#CPCB #AQIAlert pic.twitter.com/IybrcPYL1f
— Central Pollution Control Board (@CPCB_OFFICIAL) December 2, 2019
Selon le Times of India, plusieurs députés se sont rendus à l'assemblée en vélo affirmant ainsi leurs engagements pour l'amélioration de la qualité de l’air dans la capitale. De nombreux membres de la Lok Sabha, tout parti politique confondu, ont demandé au gouvernement de prendre des mesures pour lutter contre la pollution atmosphérique qui s'étend de plus en plus dans le pays. La plupart des députés a déclaré que la circulation automobile, la poussière en provenance des chantiers et les industries étaient responsables de la présence de particules polluantes dans l’air et qu’il était injuste d’accuser uniquement les agriculteurs qui brûlent les résidus de récolte.
Tweet d'un député de la Lok Sabha
Manish Tewari, in LS: It's important that today this House gives a message to the nation that this (House), comprising the people whom they chose as their representatives, is sensitive&serious about this issue. It's not only about air pollution; our rivers are also polluted today https://t.co/7V85EjS52s
— ANI (@ANI) November 19, 2019
Lors des discussions sur le sujet, la députée Kakoli Ghosh a commencé son discours tout en portant un masque anti-pollution. Elle a déclaré que le pays avait besoin d’un projet ‘Air propre” (Swachh Hawa Mission) faisant référence au programme “Pays propre (Swachh Bharat Mission) du gouvernement Modi. Un autre député, Pravesh Sahib Singh, a lancé un appel à tous les membres de l'assemblée législative leur demandant de prélever 20 millions de roupies sur les fonds qui leur sont alloués pour financer des tours purificatrices d’air à Delhi. “Vous passez la plupart de votre temps à Delhi, vous buvez l’eau de Delhi. S’il vous plaît, donnez !” a-t-il dit.
La Chine a installé la plus grande de ce type de tours dans la ville de Xi’an, mais les résultats définitifs ne sont pas encore connus quand à l'efficacité de ce système.
Les demandes de la Cour suprême
Mi novembre, la Cour suprême a reproché au gouvernement de ne pas agir pour trouver des solutions et lui a demandé d’étudier la possibilité de passer des combustibles fossiles actuellement utilisés à des combustibles à base d'hydrogène comme au Japon. Le rapport doit être remis à la Cour le 3 décembre 2019.
Une initiative qui a beaucoup de succès
Pour prévenir les méfaits de l’inhalation de particules polluantes, un bar d’un nouveau genre s’est ouvert au mois de mai dans le quartier de Saket à Delhi : Oxypure. Il offre des “shots” d'oxygène aromatisé pour 300 roupies qui, selon le gérant du lieu, détoxifient le corps et réduisent l'impact de la pollution et de tout le carbone inhalé. Mais, ce type d'établissement n’est pas nouveau, selon le quotidien Libération, le premier bar de ce type a été ouvert en 1996 à Toronto et Paris a eu le sien en 2008. D’ailleurs, il en existait un à Pune en 2018 (la rédaction n’a pas pu vérifier s’il était toujours ouvert).
Cependant, si cette initiative peut paraître une bonne solution pour limiter les dégâts causés par la pollution, elle ne semble pas être validée par les scientifiques, comme le précise Libération.
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