Les taux de pollution enregistrés à Delhi et dans les villes des Etats alentour, Bihar, Haryana et Uttar Pradesh ont atteint des niveaux jamais vus début novembre. Les réseaux sociaux indiens ont été submergés de messages sur le sujet critiquant le manque de réponses et surtout d’actions du gouvernement central, mais aussi des gouvernements des Etats.
A 11h le dimanche 3 novembre, l'index de la qualité de l'air (AQI) mesuré selon les normes indiennes par le gouvernement de Delhi (Delhi Pollution Control Committee) affichait 483, le maximum étant 500. Selon l'échelle utilisée par l'Inde, un index AQI supérieur à 401 est considéré comme très dangereux et les impacts de la pollution atmosphérique peuvent se ressentir même en ayant une très faible activité physique (source : le Central Pollution Board).
Mais, comment vit-on quand l’air devient irrespirable ?
Pour en savoir plus, lepetitjournal.com Bombay a posé cette question à des Français et des Indiens habitant dans la capitale indienne. Nous vous livrons leurs témoignages.
Hughes, Français expatrié à Delhi depuis plusieurs années :
“En tant qu'expatriés, nous sommes très bien protégés, nous sommes tous équipés de purificateurs d’air et d’appareils de mesure. Je dirais même que nous faisons bien plus attention qu’en France où tous ces outils ne sont pas utilisés au quotidien et nous adaptons notre comportement à la qualité de l’air relevée. Nous avons instauré une règle pour la famille, pas de sport en extérieur à partir d’un certain taux de pollution.
Cependant, les familles indiennes de la classe moyenne n’ont pas les moyens de s'équiper ainsi et c’est pour ces gens là qu’il est important d’agir.
Pour moi, le plus urgent est que le gouvernement parvienne à concilier augmentation importante de la population et qualité de l’air : en 2030, les statistiques prévoient un doublement de la population de Delhi (de 30 millions aujourd’hui à 60 millions en 2030). Comment le gouvernement va-t-il réussir à maintenir une qualité de l’air satisfaisante tout en accueillant plus de gens, plus de voitures, plus de constructions ?
La prise de conscience est primordiale. Nous avons vécu trois jours apocalyptiques du vendredi après-midi au dimanche soir. Aujourd’hui, l’air est plus respirable. Nous, les expatriés nous modifions notre rythme de vie, mais pour les Indiens, la vie continue et les enfants jouent toujours au foot dehors !
Aujourd’hui, les taux de pollution ont bien baissé.”
Sonia, journaliste à France 2 :
“J'ai vécu à New Delhi pendant 2 ans, je suis partie notamment à cause de la pollution. J'y suis de nouveau pour deux mois pour raisons personnelles, mais je viens au pire moment !
Je suis arrivée jeudi soir et le jours suivant c'était vraiment très difficile surtout que je n'ai plus de purificateur d’air comme lorsque je résidais en Inde. Dès que j'ai pu, je me suis acheté un masque.
La première nuit, j'ai eu quelques nausées et les jours suivants, j’ai senti que ça me donnait un peu mal à la tête.
Le dimanche, c'était comme si l'air était solide, on voyait que c'était chargé. On a voulu faire quelque chose en intérieur donc on est allé au musée national mais comme le bâtiment est tout est ouvert, il y avait de la pollution à l'intérieur. Ça se voyait et ça se sentait. J'avais même l'impression de sentir les particules dans ma bouche. Du coup on a fait tout le musée en portant nos masques …
Je n'ai jamais vu ça ! Ma première année c'était bien pollué aussi mais l'année dernière ça allait mieux.”
Rahul, habitant de Delhi :
“J’ai utilisé des masques et évité de me rendre à l'extérieur à cause de la pollution. Dimanche, le niveau de la pollution s’est élevé au niveau désastreux de 1000 et tout s’est recouvert d’une fumée épaisse. Pour arrêter cela, les gens et les gouvernements devraient travailler de concert. Par exemple, il faudrait éviter de brûler les déchets, comme notamment les fermiers d’Haryana et du Punjab qui brûlent le chaume.”
Rohit, ancien collègue de Sonia et habitant de Delhi :
“Pour ce qui est de parler de la vie dans une ville très polluée, je dirais que presque rien n’a changé en dehors du fait que les gens ont réalisé qu’ils avaient besoin de masques grâce aux alertes des médias. Les conséquences de cet air dangereux ne sont pas connues de la plupart des gens. Si certains souffrent de problèmes respiratoires ou de maux de gorge, ils pensent que c’est simplement une toux ou un rhume.
Alors que pour ceux qui savent, il ne leur reste plus d’autres choix que d'arrêter de travailler, de rester à la maison ou de déménager pour gagner leur vie. Personne ne doit s’attendre à des solutions de la part des autorités, alors qu’elles peuvent s’atteler à une loi pour interdire certaines pratiques (qui, pour la plupart, le sont déjà) elles échouent quand on en vient à la mise en application.”
Quelques recommandations :
Pour ceux qui souhaitent s'équiper d’un masque, deux marques reconnues efficaces sont disponibles en Inde : Vogmask et Honeywell
Si vous envisagez un voyage dans une des villes indiennes du nord pendant la saison des pics de pollution (de novembre à février), vous pouvez vous renseigner auprès des hôtels pour savoir s’ils disposent de purificateurs d’air.
Masques anti-pollution, purificateurs d’air et appareils de mesure sont vendus en ligne sur le site de Nirvana being - clean air today ainsi que sur Amazon India.
Pour en savoir plus
Nous vous invitons à lire cet article publié par lepetitjournal.com Bombay sur les causes de cette pollution : La pollution de l’air reconnue comme une urgence nationale ?
Le reste de l’Inde s’est aussi inquiété et le la page Facebook du “Tamil Nadu Weatherman”, a publié plusieurs messages sur l'arrivée potentielle de l’air pollué de la capitale dans le Tamil Nadu. Lepetitjournal.com Chennai a enquêté sur le sujet : La pollution actuelle de New Delhi va-t-elle affecter le Tamil Nadu ?
Alors que Mumbai se réjouissait d’avoir réussi à maintenir une qualité de l’air acceptable pendant les festivités de Diwali, depuis mardi 5 novembre, les taux de pollution ont augmenté quotidiennement suite à la diminution de l’impact du cyclone Kyarr. Heureusement, ils ont à nouveau baissé le jeudi 7 novembre suite à l'apparition de forts vents qui ont nettoyé le ciel.