

Le Centre d’etude Français de la Chine contemporaine publie cette semaine son nouveau numéro en français. Il dresse un état des lieux de Hong Kong vingt ans après la rétrocession.
Il est assez aisé de brosser à grands traits l’évolution de Hong Kong depuis sa rétrocession à la Chine en 1997: la mère patrie renforce sa mainmise sur le territoire de jour en jour. Soit. Mais l’évolution historique mérite de s’attarder sur les nuances avec les dynamiques propres à l’identité hongkongaise, à la politique de Pékin, à l’économie de la région administrative ou encore à sa démographie. Il faut pour cela un grand volume de travail et de connaissances.
Le dernier numéro de Perspectives chinoises, publication du Centre d’études français sur la Chine contemporaine basé à Hong Kong (CEFC), offre un panorama sinon complet du moins très détaillé de la situation dans le delta de la Rivière des Perles sous le titre "Vingt ans après : transformations et défis de Hong Kong sous le régime chinois". La version française du trimestriel est publiée cette semaine, disponible à la librairie Parenthèse et sur le site du CEFC. Elle est issue d’interventions lors d’une conférence organisée à l’automne 2017 par le Centre.
Les questions de l'identité
Un avant goût est donné en accès libre à partir de vendredi par l’éditorial des deux chercheurs Jean-Pierre Cabestan et Eric Florence sur le site web du CEFC. Partant de la construction du train à grande vitesse reliant Hong Kong à une vingtaine de villes chinoises et la série de polémiques qu'elle a déclenchées dans la société hongkongaise, ils ouvrent ce numéro spécial sur des questions qu'un nombre croissant de Hongkongais se posent : "est-il possible que la région administrative spéciale de Hong Kong devienne une simple métropole chinoise comme Shanghai ou Guangzhou ? Hong Kong pourra-t-il conserver son "haut degré d'autonomie" promis [lors de la rétrocession avec la mini-constitution résumé en cette devise "un pays, deux systèmes"], conservera-t-il aussi son caractère unique ?". Cinq articles très complets apportent de nombreuses réponses.

Ainsi, l’article sur le "localisme" se détache de la vision courante d’une histoire socio-politique quasi évidente. Il analyse par exemple les divisions entre les différents courants localistes, ou la gestion de ces mouvements par le gouvernement qui a pu amplifier le sentiment identitaire. Une identité qui est d’ailleurs composée de nombreuses ambiguïtés et, parfois, de paradoxes entre le sentiment d’appartenance à la Chine et le sentiment d’une particularité hongkongaise. Ces deux tendances sont désarticulées, nous apprend une autre contribution. La culture locale ne s'oppose pas nécessairement à un sentiment d'appartenance à la Chine. Autre analyse intéressante à découvrir au fil des pages : le revenu n’est pas déterminant dans le vote localiste, le logement, en revanche, l’est. C'est particulièrement le cas chez les jeunes qui ont très peu d'espoirs aujourd'hui d'acquérir un appartement.
Une référence dans le milieu scientifique
Perspectives chinoises est désormais bien installée dans le domaine scientifique mondial. “C’est une revue pluridisciplinaire qui étudie la Chine contemporaine à travers les sciences sociales et les sciences humaines. Sa vocation est de servir à la recherche, mais nous avons aussi une volonté d’être accessible au grand public”, explique le directeur du CEFC, Eric Florence.
Tous les trois mois, des chercheurs livrent une partie de leurs travaux dans cette publication, à travers un dossier, un article d’actualité et des fiches de lecture. Chaque contribution est passée au crible d’une double validation -par le comité de rédaction en interne et par minimum deux chercheurs spécialistes du sujet en externe- pour s’assurer de la qualité scientifique du texte et de son intérêt pour les lecteurs.
Le CEFC fait partie des 27 centres de recherche français à l’étranger (UMIFR) gérés conjointement par le ministère des Affaires étrangères et le CNRS. Des antennes sont installées à Pékin -à l’université de Tsinghua- et Taïwan. “Je pense que nous sommes le seul centre a disposé d’un dispositif comme celui-ci”; se félicite Eric Florence. Son site internet, où les archives des anciens numéros de Perspectives chinoises sont en accès libre, constitue alors une ressource inépuisable pour qui veut approfondir sa compréhension du pays et des deux systèmes.
Le numéro est disponible dès aujourd'hui sur Internet et sur commande. Il sera aussi en vente à partir de mardi à la librairie Parenthèses, qui organise une rencontre avec Claude Meyer sur "l'occident face à la renaissance de la Chine".
Enfin, le CEFC animera une table ronde sur le thème des 20 ans de la rétrocession au consulat français le 28 novembre.

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