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Un quart des écoliers hongkongais souffre d'un problème mental

La parution de l’étude de Chinese University of Hong Kong révèle l’aspect généralisé des problèmes de santé mentale chez les 6-17 ans hongkongais, et l’absence de suivi de ces derniers.

ecoliersecoliers
@unsplash/Headway
Écrit par Capucine Lefebvre
Publié le 18 décembre 2023, mis à jour le 18 décembre 2023

L’étude avait été commandée par le gouvernement en 2019. Quatre ans après, les découvertes sont alarmantes : 24,4% des sondés ont souffert d’au moins un problème de santé mentale au cours de l’année.

La santé mentale des jeunes Hongkongais

Les troubles les plus fréquents sont les troubles de l’attention (10,2% des sondés), du comportement, (8,8%), de l’anxiété (6,1%) et les troubles dépressifs (5,4%).

3,9% des 6-17 ans auraient déjà eu des pensées suicidaires. La proportion grimpe à 8,4% chez les élèves de l’enseignement secondaire. 3,8% de ces derniers auraient déjà élaboré un plan de suicide, et 2,3% auraient déjà commis une tentative de suicide.

Un enfant sur dix souffre également de troubles du sommeil graves, une pathologie identifiée par la recherche comme un signe avant-coureur de problèmes de santé mentale.

La plus inquiétante découverte de l’enquête réside peut-être dans le manque de prise en charge de ces enfants. Près de la moitié de leurs responsables légaux avouent leur réticence à aller chercher de l’aide, par sous-estimation du problème, par peur d’être stigmatisés, ou encore par manque d’information sur les offres de suivi.

L'adaptation post-Covid en cause

“Nous sommes inquiets. Hong Kong est bien derrière la moyenne mondiale. Mais ce n’est pas étonnant […] Notre société est très complexe et une vraie source de stress pour nos enfants.”, déclare Sandra Chan Sau-man, professeure au département de psychiatrie de Chinese U. Le rapport intervient alors que 2023 enregistre, à ce jour, 31 suicides chez les écoliers - une hausse de 30% comparée à la moyenne de ces trois dernières années.

Selon la secrétaire à l’éducation Christine Choi Yu-lin, la dégradation de la santé mentale des écoliers proviendrait des difficultés au “retour à la normale” après le Covid 19. La hausse du nombre de suicides a poussé l’exécutif à instaurer, à partir du 1er décembre, un mécanisme d’urgence d’identification des élèves “à risque” dans les écoles et de leur suivi en dehors du cadre scolaire.

Aide au personnel des écoles de Hong Kong

Cette initiative reste, par nature, un mécanisme d’urgence, reposant sur la coopération des écoles et de leurs enseignants. Selon Paul Yip Siu-fai, directeur du Centre d’étude et de prévention des suicides (Hong Kong University), cet accent sur le personnel des écoles s’explique par les insuffisances du système médical hongkongais. “Notre système médical ne nous permet tout simplement pas d’accueillir tous ces enfants souffrant de problèmes de santé mentale, nous n’avons pas assez de professionnels pour ça. C’est pour ça que nous disons qu’il ne faut pas médicaliser ces problèmes, mais doter les écoles et les enseignants de ressources suffisantes.”

Les chercheurs Daniel T. L. Shek and Andrew M. H. Siu (Hong Kong Polytechnic University) relèvent plusieurs freins à l’action publique pour la santé mentale des écoliers. Il n’y a pas, à ce jour, d’instance gouvernementale chargée de coordonner les études sur la santé mentale des écoliers, ni de corps dédié à la jeunesse (divisé entre l’Education Bureau et le Social Welfare Department on youth issues, entre autres). Les appels à “étudier, mais aussi s’amuser” se heurtent à une culture du travail se reflétant dans les stigmas sociaux bien intégrés chez les écoliers, comme faire partie d’une école de rang 3, ces écoles accueillant les élèves aux notes plus basses.

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