Les sites qui jalonnent la région de Dunhuang, aux confins de la Chine, sont aux bouddhistes ce que la Terre Sainte est aux chrétiens. Temples, lieux sacrés, cités en ruine, citadelles ou oasis, tout y rappelle les mythes fondateurs de l’Empire du Milieu. Nichée dans le désert de Gobi, sur l’itinéraire de l’ancienne route de la soie, dans la province du Gansu, une série de vestiges bouddhistes époustouflants s’offre aux pèlerins et aux voyageurs…
L’exposition Digital Dunhuang: Tales of Heaven and Earth, qui se tient jusqu’au 22 octobre prochain au Heritage Museum de Shatin, révèle un projet d’envergure qui permet à tout un chacun de visiter virtuellement les célèbres grottes de Mogoa, creusées à Dunhuang par des moines et des artistes bouddhistes entre les IVème et XIVème siècles de notre ère. Découvertes au début du siècle dernier, elles sont ouvertes au public depuis 1980. Leur reconstitution dans le musée hongongais constitue un parcours historique et iconographique hypnotisant !
Des reconstitutions plus vraies que nature
Si les sites de Lascaux ou des Pyramides d’Egypte ont fait l’objet depuis longtemps de reconstitutions minutieuses destinées au grand public, les archéologues chinois adoptent des méthodes de conservation drastiques pour préserver les grottes de Mogoa: les meilleurs artistes du régime copièrent les fresques de cet ensemble unique dès les années 1960.
À l’aune du digital, une multitude de possibilités s’offrent désormais aux nouvelles générations de conservateurs. Ainsi, l’académie de Dunhuang a-t-elle récemment développé une technique de scan en trois dimensions lui permettant de synthétiser en détails les fragiles fresques et sutra qui ornent les centaines de cavités creusées à Mogoa.
Cette falaise dite "des Mille Bouddhas" est considérée comme l’une des bibliothèques à ciel ouvert les plus vastes au monde: les pilleurs jadis, les vents, le sable et la chaleur aujourd'hui, menacent sans cesse ses décors aux frêles couleurs pastel.
Le complexe religieux de Mogoa
L’exposition retrace l’histoire de Dunhuang et du site de Mogoa, à présent classés par l’UNESCO. Si la légende raconte que la falaise doit sa faveur à la vision du moine Lie Zun en 366 après J.C, la grotte dite Cave 285 serait la plus ancienne du complexe et daterait du VIème siècle. Reproduite à l’échelle 1:1 au début du parcours, elle permet au visiteur de saisir la richesse des échanges culturels, religieux et commerciaux entre la Chine et l’Occident dès cette période.
Les plus belles décorations et sculptures datent cependant de la dynastie des Tang (618-907) au cours de laquelle marchands étrangers comme dignitaires chinois mentionnent l’étape de Dunhuang. Avec les Caves 194, 217, 130 et 321, l’exposition met l’accent sur une sélection de grottes ornées des figures typiques de cette période faste.
Enfin, la visite s’achève par une immense salle dédiée à la Cave 196, dont les peintures datant aussi de la période Tang représentent le Mont mythique de Wutai, berceau spirituel du Bouddhisme en Chine. Bon et mauvais génies s’y affrontent afin de gagner les faveurs de Bouddha. Un manifeste esthétique et un programme culturel qui replongent le public au cœur de l’identité chinoise.