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Christine Cappio, une Française au coeur hongkongais

Christine Cappio, une Française vivant depuis trente-cinq ans à Hong KongChristine Cappio, une Française vivant depuis trente-cinq ans à Hong Kong
Christine Cappio, une Française vivant depuis trente-cinq ans à Hong Kong
Écrit par Karine Yoakim Pasquier
Publié le 6 janvier 2023, mis à jour le 26 février 2024

Arrivée en 1986 à Hong Kong par amour, après avoir suivi son futur mari, Christine Cappio est devenue hongkongaise. Parlant couramment cantonais, vivant à Tai Po, et totalement intégrée, Lepetitjournal.com revient sur son parcours hors du commun.

C’est à Tai Po, dans les ruelles animées proches du Wet Market, que nous rencontrons Christine. Avec ses cheveux châtain coupés courts, elle ne ressemble pas à une Hongkongaise. Pourtant, alors qu’elle déambule avec fluidité dans les petites rues en enfilades et entre les stands colorés proposant fruits, produits séchés et morceaux de viande et qu’elle s’adresse dans un cantonais chantant aux vendeurs, on se rend compte que l’habit ne fait pas le moine. Celle qui est surnommée gweimui, est devenue locale!

"Je suis venue à Hong Kong par amour"

Originaire de Lyon, c’est à Paris, en 1983, que Christine rencontre son futur époux. Alors qu’elle suit un cursus en arts appliqués, lui profite d’une bourse du gouvernement français pour étudier dans la Ville Lumière. "Lorsque nous nous sommes connus, cela faisait déjà un an qu’il était en France. Il est rentré à Hong Kong en 1985, après avoir terminé ses études."

 

Christine Cappio France Hong Kong
Christine et Yan, à Paris, en 1983

 

Christine se met alors à travailler sur des marchés pour pouvoir se payer un billet d’avion. "Je suis d’abord venue en vacances pour le voir, découvrir Hong Kong. C’était mon premier voyage en avion. L’aéroport étant encore à Kai Tak, j’ai atterri au milieu des buildings. J’ai passé un mois dans sa famille à Wanchai, avant de retourner finir mon année scolaire. Une fois mon diplôme en poche, je suis aussitôt revenue pour le rejoindre."

"La première impression que j’ai de Hong Kong, c’est son odeur"

En sortant de l’avion, fin juillet 85, Christine se fait happer par des milliers de nouvelles sensations. "La première impression dont je me souviens, c’est cette atmosphère propre à l’été, avec la chaleur et l’humidité, l’air parfumé de la mer. Hong Kong a une odeur: celle des champignons séchés, de Kowloon, de la baie Victoria."

Elle se rappelle également avoir été frappée par la foule, les taxis roulants en tous sens, les files d’attente. En arrivant à Wanchai, dans l’immeuble où son petit ami vit avec sa famille, Christine est surprise par les ascenseurs desservant les étages pairs ou impairs, et surtout, les gens appuyant frénétiquement sur les boutons pour fermer les portes. "J’ai aussi été frappée par tous ces signes. Je ne pouvais rien lire et je ne comprenais donc pas toutes ces enseignes lumineuses. Je me rappelle notamment des publicités Marlboro, avec les cowboys, qui m’étaient familières… ainsi que les grandes affiches pour des appareils photo, mais pour le reste, tout était mystérieux."

 

Wanchai 1970 1980 Christine Cappio
Hong Kong en 1980 - Source : CommonWikimedia

 

En ville, les policiers portaient encore les uniformes kaki, avec leurs shorts et leurs chaussettes montantes. Sur les trottoirs, les boutiques se succédaient les unes à côté des autres. "Je me souviens avoir été frappée par le nombre d’opticiens, par rapport à la France, côtoyant des magasins vendant des produits séchés d’où s’échappaient des odeurs étranges. Et puis, j’étais fascinée par les bijouteries avec leurs bijoux en or très jaune et leurs colliers en forme de cochons."

Deux romans: Gweimui’s Hong Kong story et Gweimui’s Hong Kong wet market

Quelques mois après son installation à Hong Kong, Christine et Yan se marient. Puis, la jeune femme commence à travailler à l’école française, où elle a occupé divers postes, tels que surveillante, aide maternelle, ou plus tard, enseignante en arts plastiques et secrétaire. "J’ai également travaillé dans une entreprise hongkongaise, où je faisais du marketing pour des bijoux."

Depuis 2006, Christine est active dans diverses associations locales.

Mais à côté, Christine ne cesse de dessiner… et en 2016, elle publie son premier roman, illustré par ses soins: Gweimui’s Hong Kong story, dans lequel elle raconte son parcours, son arrivée à Hong Kong, ses premières impressions, son couple, l’arrivée de son fils et surtout, son adaptation à cette nouvelle culture si différente de la sienne.

Ce premier livre, initialement édité en chinois, puis en anglais, est suivi en 2019 par un deuxième opus intitulé: Gweimui’s Hong Kong wet market, où, par les marchés qu’elle affectionne tout particulièrement, elle fait le parallèle entre la France et Hong Kong.

 

Christine Cappio France Hong Kong
Les deux livres écrits par Christine Cappio

 

"La publication de ces deux ouvrages m’a permis de rencontrer des gens. J’ai notamment pu via le livre partager mon expérience biculturelle, à des lecteurs curieux d’en savoir plus ainsi qu'a de futurs couples mixtes. Mais je suis également intervenue dans des écoles locales afin d’expliquer aux élèves ce que c’était d’arriver à Hong Kong en tant qu’étrangère. Plusieurs personnes m’ont dit avoir aimé au travers de mon livre se souvenir de Hong Kong dans les années 80. Je parle par exemple de choses qui n’existent plus aujourd’hui, comme le bac à traille qui se trouvait à Tai O, ou encore le ferry destiné à faire traverser les voitures de l’île de Hong Kong à Kowloon…"

"Je me sens Hongkongaise"

Si Christine est flattée de se faire appeler gweimui, ce mot s’apparentant aux jeunes femmes d’origine étrangère, Christine se sent désormais Hongkongaise. "J’ai passé plus de temps ici qu’en France. Je ne renie évidemment pas mes racines, mais ma vie est là et mon cœur aussi."

Finalement, la France manque peu à Christine. "Bien sûr, j’adorerais voir plus souvent ma famille, ainsi que mes amis de longue date, mais au niveau matériel, rien ne me manque. Il faut avouer que depuis qu’il existe les nouvelles technologies, c’est devenu plutôt facile de rester en contact."

Christine est désormais très bien intégrée à Hong Kong. "Mes amis sont tous Hongkongais. J’ai très peu d’amis français, ici. Avec mon mari et mes diverses activités, je me suis rapidement fait un réseau… De plus, les étrangers à Hong Kong ne restent pas longtemps. Je pense qu’inconsciemment, j’ai donc pris le pli de ne pas m’attacher à des gens qui partent. C’est difficile de voir ses amis s’en aller tous les trois ou quatre ans…"

"À Hong Kong, tout est facile."

Depuis son arrivée, Christine a observé la ville se métamorphoser, évoluer. "Il y a eu de très bons changements, notamment au niveau pratique. Les transports, la modernisation… Grâce à ça, tout est très facilement accessible. On peut être à la mer en une demi-heure sans effort, peu importe où l’on se trouve. Mais je regrette le manque d'équilibre entre cette modernisation rapide et le passé. Il y a beaucoup de changements au niveau architectural, souvent au détriment des bâtiments historiques… Je regrette aussi la disparition des petites boutiques pour favoriser des magasins de luxe ou des chaînes. C’est dommage…"

Mais Christine reste positive: "Il y a heureusement toujours pleins d’endroits charmants, mêlant la culture chinoise et occidentale, ce qui est le propre de Hong Kong. J’aime me balader et voir les vendeurs de luxe côtoyer les commerces bon marché ou les étals à même la rue."

"Être française a été un atout pour apprendre le cantonais."

Dès son arrivée, Christine est confrontée à la barrière de la langue. Elle-même parle peu anglais, alors que sa belle-mère ne s’exprime qu’en cantonais. La première année, elle s’inscrit donc au British Council, afin de renforcer sa maîtrise de la langue de Shakespeare. Puis, elle se lance et commence à apprendre le cantonais. "À la base, j’ai essayé d’apprendre seule… au marché, ainsi qu’avec un livre que j’avais reçu de ma belle-sœur. Puis, j’ai suivi des cours du soir à Hong Kong University. Mais je suis rapidement arrivée au niveau avancé… il y avait peu de niveaux disponibles."

Lorsqu’elle travaille dans la bijouterie, Christine en profite pour renforcer sa pratique. "J’étais la seule étrangère de l’entreprise, alors j’ai beaucoup écouté les gens parler. Ça m’a aidé… De plus, le fait de ne pas être anglaise a été un avantage, car ce n’est pas naturel pour moi de switcher en anglais."

 

 

Quand elle commence à travailler dans ses associations, Christine se retrouve totalement immergée, ses collègues ne s’exprimant pas en anglais. "J’ai été obligée de pratiquer. Maintenant, je m’en sors. Mes amies ne parlent jamais anglais entre elles, même si je suis là."

Christine sourit avant de continuer: "Ça peut être frustrant de ne pas tout comprendre… mais mon conseil principal est de ne pas attendre que les gens déchiffrent tout pour vous. C’est en écoutant, en devinant, en s’immergeant totalement que la langue vient et qu’on progresse… Ce n’est pas nécessaire de traduire tout ce qui se dit, mot pour mot…"

La technique semble fonctionner. Au marché, Christine discute allégrement avec les vendeurs. "Il ne faut pas avoir peur d’insister, dit-elle. C’est très facile de se tromper de ton. Si vos interlocuteurs ne vous comprennent pas, persévérez, en ressayant avec des tons différents, vous finirez par y arriver!"

 

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