Récemment, j’ai eu la chance de multiplier les déplacements à la rencontre des entrepreneurs français de la Grande Baie, souhaitant vérifier de mes propres yeux le dynamisme de cette zone économique de premier plan. J’avoue ne pas avoir été déçu.
La Grande Baie regroupe les 11 villes du Sud de la Chine, autour de Shenzhen, cumulant un revenu de 2 000 milliards de dollars américains en 2022, soit le PIB de la Corée du Sud. De Hong Kong, l’accès y est particulièrement facile avec train rapide pour Canton depuis la gare de Hong Kong, bus toutes les cinq minutes pour Zhuhai via le pont ou encore les ferries et lignes de métro directes. Les visas s’obtiennent pour des périodes allant de 6 mois à deux ans en trois jours seulement, pour qui se donne la peine de remplir correctement son dossier avant de se rendre au centre des visas de Hong Kong.
Des pépinières de la taille de halls d’exposition
Avec l’aide précieuse de la French Tech Hong Kong Shenzhen, partenaire de notre journal pour l’organisation du Grand Prix France Hong Kong et des Trophées des Français Asie de l'Est, j’ai eu rapidement accès aux autorités locales, chargées de l’accompagnement des entrepreneurs et j’ai reçu un choc. En effet, ma visite de l’ITCC (International Talent Center) du district de Nanshan m’a fortement impressionné. Ce centre accueille gratuitement sur trois bâtiments et 6000 m2 une dizaine de startups dont les fondateurs ont fait leurs études à l’étranger, la plupart du temps de prestigieuses universités américaines ou le MIT, dans le but avoué de les fixer à Shenzhen.
Les services incluent les conseils légaux, l’accompagnement administratif, l’aide au recrutement, le carnet d’adresse d’investisseurs, plusieurs salles de conférence pouvant accueillir chacune plus de 100 personnes, des salles de classe pour les cours de mandarin ou autres, visioconférences et showrooms ou encore des espaces roof top avec animation musicale pour les réceptions. Les heureux élus sont ainsi cocoonés pendant une période d’un an dans la limite de 10 employés par entreprise. Pour la conférence de la French Tech, les deux responsables du site, May et Christina, avaient battu le rappel dans leur réseau pour garantir le succès de l’événement.
Les Français de la Grande Baie se portent bien
A rebours des idées reçues alimentées par les talkshows hexagonaux de pseudo-experts en investissements et anciens correspondants en Chine aujourd’hui reclus en France, la réalité des entrepreneurs de la Grande Baie très inspirante.
Ainsi Ludovic, président de la French Tech Shenzhen, aujourd’hui COO de Neogoma, entreprise fondée par des musiciens comme lui, dans le Metaverse privé, ne tarit-il pas d’éloges sur le dynamisme des initiatives dans cette partie de la Chine. Son entreprise par exemple a pu fidéliser une audience de 15000 visiteurs par jour dans le secteur du gaming.
Laurent est quant à lui fondateur de Omate, dans le monde IdO (Internet des Objets). Il est très optimiste sur son produit phare, Oclean X Pro Snart, une brosse à dent intelligente disposant d’un brevet exclusif et dont le rapport qualité-prix plus favorable que celui du leader du marché permet aux ventes, de progresser rapidement. La Grande Baie est devenue pour Laurent une réalité puisqu'il navigue en ferry entre ses bureaux de Shenzhen, son centre d’étude de Zhuhai et Hong Kong. Installé en Chine depuis plus de 15 ans, cet ancien élève d'une école de commerce exhibe avec fierté sa carte de résident permanent chinois : "Une reconnaissance de mon investissement !", déclare-t-il. "Je ne suis vraiment pas prêt de partir car l’environnement est unique, permettant de matérialiser les innovations sous une semaine grâce à la proximité d’usine à prototypes, tout en restant proche des investisseurs. Un vrai rêve pour un innovateur !"
Contacté il y a quelques mois déjà par visioconférence, Nicolas est un autre de ces fans de la Grande Baie. Serial entrepreneur, il a élu domicile à Shenzhen après plusieurs années passées à Hong Kong et ne le regrette pas. « J’aime créer des robots apprenants et je me fais plaisir », me disait-il lors de notre premier échange, exhibant avec fierté trois petits humanoïdes. « En lançant notre marque de robots et jouets intelligents à monter soi-même, Geek Club, nous avons aujourd'hui tapé dans le mille. Les ventes en ligne explosent, sur le marché américain en particulier où nous avons un agent et nous comptons bien faire un carton lors des fêtes de Noël ». Concernant la communauté des entrepreneurs de la tech, il me confie : “J’aimerais lier mon amour de Hong Kong et ce que je fais en montant des “tech jonques” pour briser la glace en s’amusant." Rendez-vous est pris.