Minou et Guillaume animent des soirées à Hong Kong quand l'épidémie le permet. Nous les avons rencontrés.
Pour l'amour de la musique
Vous partagez la musique que vous aimez à Hong Kong. Racontez-nous votre projet
Minou: Minou est mon nom de DJ et mon vrai prénom. J'ai commencé à animer des soirées ici il y a 2 ans. Je propose de la "Black Music": musique africaine (Afrobeat), des musiques traditionnelles ivoiriennes et congolaises, la funk africaine, le Hip-Hop/R’n'B d'hier et d'aujourd'hui, et les musiques des Caraïbes et Amériques Latines (reggae, reggaeton, dembow). Je mixe peu de musique electro, même si je fais aussi des soirées plus chill avec de la lounge sur demande.
Je joue 1 ou 2 fois par mois hors corona. J'ai un cercle très étendu de connections: beaucoup de gens viennent avec des amis pour écouter mes mix. J'ai aussi des contacts sérieux qui organisent des soirées. Enfin j’ai un projet qui me tient vraiment à cœur: des soirées sur le thème de l'Afrique, sa diaspora et sa musique.
Les clubs et bars de Hong Kong manquent cruellement de diversité, on n’entend pas de musiques africaines et caribéennes par exemple. J’avais du mal avec la nightlife ici. Maintenant, je peux partager mon amour pour cette musique. J'espère que le projet plaira!
Guillaume: Je ne suis pas DJ commercial, j’ai un métier le jour mais je mixe 1 à 2 fois par mois à Hong Kong. Je me considère avant tout comme un collectionneur de vinyls, passionné de reggae.
Hong Kong est une ville où on travaille beaucoup, moi le premier. Il faut vraiment ruser pour réussir à assurer au travail et maintenir ses hobbies, voir des amis. Comme je me déplace (hors corona) beaucoup, je ne peux pas m’engager dans des activités très prenantes. Mais comme c’est mon deuxième séjour ici et que j’ai un réseau (vraiment) énorme, j’arrive à assurer des soirées régulières. Je fais seulement du reggae, des soirées très tranquilles, avec beaucoup de Hongkongais. Ce sont souvent les habitués. Les locaux sont loin du centre ville, enfumés, difficiles à trouver, c’est un autre Hong Kong!
Pour moi c’est vraiment un moment de partage: partage de musique, partage de moments de calme. Je souhaite pouvoir continuer ces soirées comme une bouffée d’air, je n’ai pas d’autre projet.
Le monde des DJ francophones
Comment avez-vous commencé?
Minou: J'étais compositeur d'intrus de rap. J'ai toujours été très attiré par la musique. Dans les soirées ou les fêtes organisées par mes amis, je me dirige TOUJOURS vers le téléphone qui joue la musique pour choisir les morceaux qui feront danser mes copains. Un jour, j'ai organisé une junk boat party qui a fait pas mal de bruit dans mon entourage. Un ami, manager à l'époque au Mezcalito, en a entendu parler. Il m'a proposé de venir à son bar pour m'entrainer sur son controller pendant quelques semaines avant d'organiser une soirée avec moi, sous le nom de DJ MINOU. C'était ma première soirée en tant que DJ officiel. Je m'en suis plutôt bien sorti, d'autres managers en ont entendu parler, et de fil en aiguille j'ai pu ensuite jouer dans plusieurs bars et organiser mes propres soirées.
Comment les Français sont-ils positionnés à Hong Kong?
Minou: Je connais pas mal de DJ francophones ici à Hong Kong. Ils ont en général une bonne réputation et évidemment un gros following, grâce à la taille de la communauté! Le frère d’une de mes anciennes colocs, aujourd'hui DJ au Vietnam, a commencé à Hong Kong. Il a lancé pas mal des Français qui sont encore ici. J'ai eu la chance d'en rencontrer plusieurs et le courant est toujours bien passé!
Ils sont en général plutôt dans une mouvance musique électronique, house, etc. Jusqu’à cet article du Petit Journal, je ne connaissais pas d'autres Français dans la mouvance afro beat-latino-caribéenne qui me correspond.
Maîtriser son rythme
La vie d'un DJ, c'est comment?
Minou: Je suis DJ à mi-temps en dehors de mon boulot central. De mon expérience, et vu que je mixe 1-2 fois par mois, je ne vois presque que les bons côtés de cette vie. Je joue dans des endroits plutôt remplis, j'ai un bon following grâce à Dieu, je connais bien les managers avec qui je travaille en général, et en plus je ne joue que le weekend...
Mais il y a clairement des aspects négatifs, surtout dans la partie business et relations avec les lieux et managers. Il faut réussir à ce qu’on vous prenne au sérieux, et ce n'est pas facile quand ce n'est pas son boulot principal.
Côté marketing et business par exemple: j'ai mis du temps à faire mon Instagram DJ. Même depuis, je poste rarement dessus. Il faut aussi savoir naviguer parmi des centaines de personnes différentes et faire en sorte que les gens se souviennent de toi. C'est un peu comme être ton propre patron et avoir ta petite entreprise de DJ-ing.
Pour mes collègues qui jouent beaucoup plus ou à plein temps, je peux voir l’impact du rythme du métier sur la vie sociale. J'ai des potes qui jouent presque tous les jours jusqu'à 1 ou 2h du matin voire plus, parfois pour des hôtels-restaurants sans vraiment de clients. C’est beaucoup moins excitant et pourtant très fatigant. Beaucoup de DJ en ont vite marre.
Guillaume: Je maîtrise mon rythme et je sais que quand je joue il y aura du monde car les soirées sont récurrentes et bien organisées. J’aime bien aussi le côté underground et très local des soirées, ça me change vraiment de mon quotidien. Comme ça, c’est récurrent mais ce n’est pas routinier. C’est vraiment cool. Je ne trouve pas ma vie de DJ très fatigante, moins fatigante que ma vie normale en tout cas!
D’un autre côté, je viens d'être papa, ça va un peu tout chambouler. On verra si j’arrive à tout combiner, mais j’aimerais bien.
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