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Micah Sandt, un franco-finnois à Hong Kong

Pour la 3ème fois, le couple metteur en scène – acteur Wu Hoi-fai – Micah Sandt revient sur la scène de Hong Kong avec le spectacle Gweilo, librement inspire de la vie de Martin Booth, auteur élevé à Hong Kong dans les années 1950. Ce one-man-show sera aussi produit en France ce mois de Novembre. Nous nous sommes intéressés au parcours hors du commun de l’interprète Micah Sandt, artiste complet, à la fois chanteur, compositeur et acteur qui partage avec le rôle-titre la mixité des influences culturelles.

micah sandtmicah sandt
Écrit par Didier Pujol
Publié le 12 septembre 2023

Je me sens hongkongais de culture mixte

Franco finnois, né à Taïwan et élevé à Hong Kong, parlez-nous de votre parcours atypique

Mon père est français et ma mère finnoise. Ils se sont rencontrés à New York avant de s’installé à Taiwan où je suis né. En 1993, quand j’avais 3 ans, nous sommes venus à Hong Kong où j’ai passé le plus clair de ma jeunesse élevé, poursuivant ensuite des études en Angleterre et aux Etats Unis. Je ne parle malheureusement ni le français, ni le finnois, les deux langues que je maîtrise le mieux étant le cantonnais et l’anglais. Je travaille aujourd’hui aussi bien dans une langue que dans l’autre. D’un point de vue administratif, je suis permanent resident de Hong Kong, qui définit probablement le mieux mon identité, et détenteur des passeports français et finlandais.

Je suis alternativement acteur et compositeur

Formé à la Mountain View Academy of Theatre Arts of London et à New York University School of the Arts vous évoluez entre l’acting, le piano et le chant. Entre les trois avez-vous choisi ?

Mes études en Angleterre se sont orientées sur le théâtre, ce qui signifie obligatoirement le chant dans la culture britannique du spectacle et un passage par les classiques de Shakespeare. J’ai eu un peu de difficulté à acquérir une prononciation correcte en anglais, ayant appris à Hong Kong, de professeurs asiatiques mais le fait de jouer m’a permis de me mettre à niveau. La musique est quelque chose que je pratique depuis la plus tendre enfance, le piano étant toujours à portée de main dans la maison. J’ai rapidement pris goût à la composition, discipline que j’ai ensuite poursuivi lors de mes études à New York pendant deux ans. Dans la version actuelle de « Gweilo », la plupart des thèmes musicaux sont de ma composition.

J'ai un besoin irrépressible de la scène

Vos influences vont de l’opéra cantonnais au théâtre classique et la comédie musicale. Entre ces genres quel est le fil directeur de votre quête ?

La façon dont je joue est bien entendue influencée par ce que j’ai vu à la fois dans mes études et à Hong Kong. La comédie musicale américaine évidemment a influencé mon parcours et je me suis essayé au chant cantonnais de l’opéra traditionnel. J’ai évidemment beaucoup à apprendre dans ce domaine, la tessiture étant radicalement plus élevée que dans les formats occidentaux. J’ai en général, deux fils conducteurs dans mon parcours, l’un est le métier d’acteur, l’autre la composition musicale. Je prends énormément de plaisir à composer mais cet exercice est plutôt solitaire, même si j’apprécie d’entendre les musiciens jouer mes partitions. De tempérament extraverti, j’avoue avoir un besoin physique de la scène, lieu d’échange avec le public par excellence.

Gweilo raconte la rencontre entre deux cultures

Avec Gweilo, vous reprenez un rôle hongkongais iconique. Qu’est ce qui parle de vous dans ce rôle ?

Gweilo est l’idée de Wu Hoi-fai, initialement partie d’une trilogie, faite de “Sweet Mandarin”, histoire d’un hongkongais qui part à Londres, de “Yellow Face” qui met en scène un sino-américain, Gweilo étant le troisième volet. Les trois pièces posent la question de l’identité culturelle. Je pense que ma propre histoire, au carrefour de plusieurs identités, m’a permis de saisir le rôle en me reposant sur mon expérience. Cependant, l’expérience de Martin Booth, enfant anglais d’un couple de coloniaux, destinés à repartir chez eux au bout d’un certain temps, n’a rien à voir avec mon identité hongkongaise. Je crois qu’il faut clairement distinguer les expatriés des immigrants, catégorie à laquelle appartient ma famille. Dans le livre Gweilo, cependant, la mère de Martin fait de nombreux efforts pour comprendre les Chinois, son père restant au contraire dans le strict cadre de son travail dans l’administration anglaise coloniale. Dans ma collaboration avec Ho Fai-wu, j’ai pu jouer à la fois des Chinois et des Européens. J’ai mis dans ces rôles des anecdotes et observations recueillies parmi les personnes de mon entourage. Cependant le Hong Kong des années 1950 n’a pas grand-chose à voir avec celui de mon enfance, beaucoup moins violent et coloré que celui décrit dans Gweilo.

Hong Kong reste sous votre peau bien après l’avoir quitté

La pièce va tourner à Paris. Comment vivez-vous ce retour à vos racines ?

En effet, ce sera en novembre la première fois que nous jouerons en France, à Paris Théâtre 13, (métro Glacière). Nous avions prévu une tournée mondiale déjà lors de la mise en scène précédente, en passant en particulier via Montréal, mais le Covid a rendu ce projet impossible. Après la dispersion récente d’une partie de la communauté hongkongaise, nous pensons retrouver la diaspora lors de représentations à l’étranger, jouant du coup sur la fibre des racines hongkongaises. De même que la maman du jeune Martin est tombée amoureuse de Hong Kong, je pense que Hong Kong reste dans la peau même si vous la quittez. Lorsque je jouerai à Paris, je prévois de jouer certaines parties en français, mon père ayant créé les sous-titres. Ce sera la première fois que je jouerai en France et ma famille étendue sera dans le public à cette occasion.

Il faut mettre la technique au service de sa créativité

Quel message pour celles et ceux qui voudraient emboîter vos pas ?

Concernant le métier d’acteur, il faut prendre conscience de l’aspect physique de ce métier. Il convient d’être en forme car l’ensemble de la production dépend de vous. Si vous avez une extinction de voix, à la suite d’une soirée arrosée par exemple, ou si vous tombez malade, vous mettez en difficulté vos partenaires. C’est un marathon et pas une course de vitesse, qui impose une discipline de vie assez rigoureuse. Pour la partie composition, c’est une question différente qui implique la créativité. Le point de départ doit être le besoin irrépressible de mettre sur papier vos idées, et non l’acquisition de techniques au service de peu d’idées nouvelles. C’est cette énergie donnée par le bouillonnement d’idées qui vous conduit à vous discipliner ensuite pour les voir se réaliser.

Pour voir Gweilo à Hong Kong ou à Paris :

Réserver à Hong Kong

Réserver à Paris

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