Vous pensez connaître les forêts de Hong Kong et ses habitants. Mais avez-vous fait la connaissance du barking deer?
Le barking deer, ce cerf au cri si particulier
Aussi appelé red muntjac, le barking deer est un cervidé qui mesure entre 65 et 90 cm, soit un peu plus que son cousin le Chinese muntjac. Cela en fait un des plus petits cervidés au monde. Il a de longues canines et les mâles portent des bois. Leur robe est de couleur rouge-marron. Il est herbivore et mange des feuilles, brindilles et fruits. Le barking deer est protégé à Hong Kong, où il a élu domicile.
C’est surtout son cri très particulier qui le distingue. Le barking deer en effet ne brame pas, il aboie. Pour l’entendre, il faut s’aventurer dans les forêts et la brousse hongkongaise, plutôt les soirs de brouillard.
Le barking deer est relativement méconnu et sa population à Hong Kong n’est pas recensée. Rarement vu par les randonneurs et amoureux de la nature, il est pourtant régulièrement filmé par les caméras des associations de protection des animaux. C’est surtout son cri, qui résonne régulièrement dans les forêts hongkongaises, qui donne une idée de la répartition de l’espèce.
Un photographe de la nature très réputé à Hong Kong, Robert Ferguson, compare leur cri avec celui de quelqu’un se faisant abattre (cité dans zolimacitymag.com):
La police reçoit entre 5 et 10 appels chaque année de gens qui pensent entendre les cris de victimes de meurtriers dans les parcs naturels hongkongais. C’est entre le son de quelqu’un se faisant étrangler et une quinte de toux
Si la perspective d’entendre ce type de son au fond des bois un soir de brume ne vous tente pas, vous pouvez tout de même apprécier la belle robe rouge des barking deers au Kadoorie farm and Botanical garden. Deux femelles, trouvées abandonnées dans la nature alors qu’elles étaient jeunes faons, Sasa et Didi, y évoluent en liberté.
Hormis pendant la saison des amours, le barking deer est solitaire et habitué à son territoire. Il marque celui-ci par des sécrétions générées via des glandes sous ses yeux, le musc.
Auparavant abondant mais malheureusement braconné
Vous connaissez le parfum musqué, mais saviez-vous que le musc vient des sécrétions du cerf musqué ? De la même manière que le cerf musqué, le barking deer dispose de ces glandes. Celles-ci, placées sous les yeux des mâles, ressemblent à un sac de la taille d’une balle de golf. A Hong Kong, non seulement le monde des parfums mais aussi celui de la pharmacopée chinoise ont trouvé une utilité à ce musc sécrété par les mâles. Le musc, dilué dans l’alcool, était très odorant. Qui dit valeur commerciale, pour un animal, dit bien souvent malheureusement braconnage.
Ainsi, si dans les années 1960, on entendait régulièrement les cris du barking deer sur le Pic Victoria, le nombre de barking deers a depuis baissé de manière dramatique. Il faut dire qu’à l’époque, un mâle valait 500 HKD sur le marché noir. Cette somme était exactement la même que l’amende pour les braconniers arrêtés. Pas très dissuasif. Les témoignages de l’époque rapportent aussi que les braconniers n’étaient pas poursuivis. Les dommages sur la nature n’étaient, à l’époque, pas pris très au sérieux.
Le musc est aujourd’hui synthétisé sous le nom de muscone. Le cerf musqué, le barking deer, ainsi que les autres animaux sécrétant naturellement du musc (bœuf musqué, musaraigne musquée, et scarabée porte-musc) peuvent dormir sur leurs deux oreilles.
Si vous en rencontrez, gardez vos distances. Le barking deer est extrêmement peureux et il a été rapporté qu’il peut littéralement mourir de peur ! C’est la cardiomyopathie de stress, ou tako-tsubo.
Ses ennemis sont le chien dès lors qu’il retrouve des instincts chasseurs, et le python, qui avale les adorables barking deers tout entiers.