Située en pleine jungle urbaine à Tsim Sha Tsui, l’association Africa Center veut faire oublier la savane et dépoussiérer l’Afrique. Bye bye Hong Kong, bonjour Harare!
De Chungking Mansion à l'Africa Center
Nous avons retrouvé Innocent et ses acolytes un dimanche matin à la sortie du MTR TST. Au programme, une visite guidée de Chungking Mansion en famille, un déjeuner africain à l’Africa center, et une session de djembe. Le feuillet type chasse au trésor remis en début de visite plaît beaucoup aux enfants, Chungking Mansion devient leur terrain de jeu et ils oublient toute timidité quand il s’agit d’apprendre à commander en langue bengala ou en urdu des desserts dégoulinants de miel.
Mais si Chungking Mansion a été la première maison de Innocent, c’est dorénavant à quelques rues de là, dans les locaux de l’Africa Center, qu’il est véritablement chez lui. La population africaine diminue en effet à Chungking mansion. La bâtisse est devenue un lieu de commerce majoritairement pour les Asiatiques du sud. La communauté africaine se retrouve ainsi à l’Africa Center plutôt qu’à Chungking Mansion, ou encore que dans les paroisses ou à la mosquée toute proche.
Africains chrétiens ou musulmans, qu’ils parlent anglais, français, portugais ou une ou plusieurs des près de 3000 langues africaines répertoriées, tous sont accueillis dans ces locaux spacieux et sympathiques. Mais l’objectif n’est pas de rester entre soi, c’est bien de faire connaître et apprécier la diversité africaine, et de rencontrer des Hongkongais.
Une bulle africaine en plein coeur de Hong Kong
Innocent a fui le Zimbabwe en 2013, après avoir été enlevé pour son action pendant les mouvements démocratiques. Il a réussi à obtenir un visa Working holiday et une bourse. Sept ans plus tard, diplômé en anthropologie à la Chinese University of Hong Kong, il est analyste financier et fondateur d’une association qui n’a rien à envier à des centres culturels plus officiels.
L’Africa Center ne fait pas appel aux dons, pour mieux garder sa liberté. Danse, djembe, jeux, activités pour les enfants, alternent ainsi avec des conférences sur l’engagement politique ou le christianisme en Afrique. Mais ce qui nous amène aujourd’hui, c’est le fameux poulet grillé de l’équipe des cuisinières du centre. Daal de pois, épinards au beurre de cacahouète, curry au bœuf, banane plantain grillée, galette de mil, riz jaune, le programme est varié.
Les plats viennent de différentes régions, Innocent prend le temps de nous les présenter. Les enfants dévorent, ils font aussi la connaissance du fils d’une de nos cuisinières. Celui-ci manie les manettes de la Play Station comme il joue du djembe. Ainsi, si l’on en croit le dynamisme de cette jeunesse africaine et les magazines sur la tech en Afrique disponibles dans les locaux, le 21ème siècle pourrait bien nous apporter quelques surprises.
Mozambique, temps de l’histoire, et djembé
Si nous avons perdu un des enfants, captivé par la PS, les deux autres viennent avec nous pour le djembé. Comme toujours avec Innocent, le jeu va avec l’apprentissage. L’air de rien, Innocent va nous apprendre la légende autour de la création de l’instrument, nous initier aux trois types de jeu, nous faire écouter un percussionniste du Mozambique et l’imiter. Il va aussi, au passage, nous enseigner le minimum vital sur le Mozambique.
Nous co-créerons aussi, à une bonne dizaine dans le groupe, grands et petits, et sans aucun natif en anglais, une nouvelle légende de naissance du djembé. Côté musique, en famille et dans la bonne humeur, nous aurons eu la satisfaction de créer un morceau de djembé avec un début, un milieu et une fin. Notre enfant resté devant les écrans a même regretté de ne pas avoir écouté l’appel d’Innocent. Enfin comme toujours, semble-t-il, à l’Africa Center, tout finit par une danse.
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