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Hong Kong s'invite à la réunion annuelle du Parti Communiste Chinois

National people congress Deux Sommets 2023National people congress Deux Sommets 2023
Palais National du Peuple à Pékin (Crédit: Flickr, Remko Tanis)
Écrit par Patricia Herau-Yang
Publié le 6 mars 2023, mis à jour le 6 mars 2023

John Lee s’est rendu ce weekend à Pékin à l’occasion des Lianghui, ou Deux Sommets. Ce rendez-vous politique annuel incontournable revêt une signification particulière en 2023. En effet, le leadership chinois y est défini pour les 5 prochaines années, et entérine le renouvellement exceptionnel de Xi Jinping pour un troisième mandat. Quels sont les axes définis pour Hong Kong ?

Qu’est-ce que les Deux Sommets ?

Le premier Sommet est celui du Chinese People’s Political Consultative Conference (CPPCC), qui s’est ouvert à Pékin ce 4 mars. Ses 2.200 représentants du monde politique, des minorités ethniques, et de différents groupes d’intérêt (sport, religion, monde des affaires, science et technologie), y délibèrent de sujets gouvernementaux.

Le deuxième Sommet est celui du National People’s Congress (NPC), qui vote les lois. Le NPC s’est ouvert ce 5 mars, avec 3.000 députés représentants les provinces, les régions autonomes (ex: Tibet), les municipalités gérés centralement (ex: Shanghai), l’armée, et les Régions Administratives Spéciales (Hong Kong, Macao).

Ces Sommets vont durer deux semaines, pendant lesquelles le bilan du gouvernement précédent va être tiré et débattu, le nouveau gouvernement élu (sans surprise) et les objectifs pour le futur, alignés.

De rares conférences de presse permettent, au-delà des communiqués officiels, d’en savoir un peu plus sur ce qui se passe dans les cercles restreints du gouvernement chinois.

 

 

Les points clés des Deux Sommets 2023

Cap sur la croissance économique

La croissance économique est de retour sur le devant de la scène à Pékin, avec un objectif affiché à environ 5% pour 2023. Rappelons que la Chine n’a pas atteint son objectif 2022 de 5.5% de croissance.

Aucune mention n’a été faite de la politique Zéro-Covid, absolument passée sous silence.

Pour arriver à ses objectifs de croissance maintenant que la page du Zéro-Covid est tournée, la Chine va tenter de rejoindre le Comprehensive and Progressive Agreement for Trans-Pacific Partnership (CPTPP). Cet accord de libre-échange a été ratifié à ce jour par l’Australie, le Canada, le Japan, le Mexique, la Nouvelle Zélande, Singapour, le Vietnam, le Pérou, la Malaisie et le Chili. Brunei est en cours de ratification.

Secteur identifié comme clé: sans surprise, les semiconducteurs (+50% de budget du gouvernement central soit 13.3 milliards de yuan ou US$1.9 billion).

Diplomatie, sécurité publique, dépenses militaires

Ces dépenses publiques vont bénéficier d'un budget confortable. La diplomatie (+12.2% en 2023 contre +2.4% en 2022) a fort à faire, en pleine guerre des mots avec les Etats-Unis. La sécurité publique (+6.4% en 2023 contre +4.7% en 2022) est au coeur de la politique intérieure chinoise, alors que les gouvernement locaux, au bord de la banqueroute, doivent rogner sur les dépenses du quotidien (retraite, etc).

Le budget militaire est aussi en croissance, avec +7.2% cette année. L’Armée Populaire de Libération doit ainsi "intensifier ses exercices et sa préparation au combat".

Sciences et technologie

Dans son bilan et ses perspectives, le premier ministre Li Keqiang a beaucoup parlé de sciences et technologie et d’autonomie. Le budget pour la recherche fondamentale va doubler dans les 5 prochaines années.

Lois attendues

Parmi les lois déjà connues et qui vont être débattues (et votées), l'une vise à restaurer la confiance des dignitaires du parti. Elle s’inscrit dans la lutte contre l’ennemi public numéro 1. Cette loi permettra de contrer les sanctions de gouvernements étrangers envers des personnes ou personnes morales chinoises. Wang Chao, porte-parole du NPC, l’a confirmé ce 4 mars. Cette épée de Damoclès, le fameux "long arm" américain, est très critiquée en Chine et très impopulaire au plus haut niveau du gouvernement. De nombreuses circulaires internes avaient recommandé aux Chinois ayant des avoirs à l’étranger de les rapatrier en Chine pour les mettre en sécurité. La loi vise à protéger les intérêts chinois à l’étranger.

John Lee en déplacement à Pékin pour parler de Hong Kong

Avant son départ pour Pékin, John Lee s’exprimait sur RTHK:

I also hope that Hong Kong citizens will pay attention and attach importance to the proceedings and outcomes of the 'two sessions', as they are of great significance to the successful implementation of the "One Country, Two Systems" principle in Hong Kong

John Lee doit participer à l’ouverture et la fermeture des Deux Sommets et travailler étroitement avec les députés représentant les intérêts hongkongais à la NPC et au CPPCC. Le mot clé dans la feuille de route de Hong Kong semble l’intégration.

Feuille de route politique: intégration à la Chine

Côté politique, le nom du remplaçant de Han Zheng au Politburo Standing Committee pour gouverner les affaires de Hong Kong et Macao n’était, à la clôture du journal, pas connu.

Dans son discours de présentation de son bilan, Li Keqiang a affirmé que le principe de "patriots administering Hong Kong" était dorénavant partagé et mis en application.

Il a évoqué la mise en application du principe “un pays, deux systèmes” à Hong Kong et Macao avec un degré élevé d’autonomie. Il a réaffirmé que Pékin continuera de soutenir les économies des RAS et de promouvoir leur prospérité et stabilité.

Hong Kong va passer sous tutelle non plus du gouvernement (Conseil d’Etat) mais du Comité Central du PCC. Cette nouvelle tutelle clarifie les relations entre le HKMAO et le Liaison office. La décision a déjà été débattue et adoptée ce 28 février dans une session plénière, dans le cadre du "Party and State Institutional Reform Plan".

Le Chairman du CPPCC, Wang Yang, a insisté sur le rôle des délégués hongkongais dans la sécurité nationale et les intérêts de développement économiques. Il s’agit pour les Hongkongais au pouvoir de contrer la propagande occidentale qui dépeint Hong Kong comme en déperdition (libertés individuelles, de la presse, etc). A la veille de l’ouverture du NPC, Wang Chao (porte-parole du NPC) expliquait que la Loi de Sécurité Nationale était un jalon dans la mise en application de "Un pays, deux systèmes". Il faut donc s’attendre à ce que Pékin continue l’intégration politique de Hong Kong. Wang Chao a fait référence à une enquête auprès de la population hongkongaise : 75.7 % des résidents seraient satisfaits de l’implémentation de cette loi.

Volet économique: GBA

Sur le volet économique, Hong Kong doit prendre un rôle plus actif dans le développement de la Greater Bay Area (GBA). Ce grand plan, décrit dans le Outline Development Plan for the Guangdong-Hong Kong-Macao Greater Bay Area et débattu chaque année depuis 6 ans dans ces instances, a pris beaucoup de retard. Les contraintes aux frontières liées au Covid ces trois dernières années prenant fin, le travail peut reprendre. Hong Kong doit être force de proposition sur le sujet.

L’intégration géographique passe tout d'abord par de nouvelles routes. Il a été annoncé dans la presse que de nouvelles liaisons par ferry vont rejoindre Hong Kong et Guangzhou (Canton) en avril. Le Pazhou Ferry Terminal (Pazhou fait partie du district de Haizhu à Canton) connectera Hong Kong International Airport et Tsim Sha Tsui avec Canton en deux heures. 

Côté liaison, on a aussi rapporté récemment les ambitions de la Greater Bay Airlines, une compagnie basée à Hong Kong et qui vient de commander 15 Boeing 737-9 Max et pris une option pour 5 787 Dreamliners. A ce jour, les lignes sont locales, les liaisons internationales viendront dans un deuxième temps.

Toujours sur le volet GBA, Gong Yongde, membre du CPPCC, a évoqué l’intérêt de développer des instituts de formation et conseil financier pour soutenir les entreprises souhaitant se développer à l’international. Ces entités pourraient aider au meilleur contrôle des risques. Hong Kong semble avoir une forte carte à jouer dans les ambitions très clairement affirmées de la Chine d’exporter encore et toujours.

Certains ont déjà saisi les opportunités de la GBA. Le Canadien Allan Zeman, roi de Lan Kwai Fong à Hong Kong et très bien connecté à Pékin, a signé un accord avec le HaiYa Group de Shenzhen le 1er mars pour exporter son modèle dans des villes chinoises, bien sûr dans la GBA. Le premier projet est celui de Zhongshan au Guangdong. La surface de construction est de 1,2 millions m2 et une surface commerciale de 580.000 m2. Le projet communique autour de sa valeur culturelle.

Hong Kong comme chaînon manquant entre Chine et l'Ouest

Ce volet culturel de lien entre la Chine et l’occident était mis en avant par Leung Chun-ying, vice-chairman du CPPCC dans une conférence de presse le 4 mars à Pékin (rapporté par le China Daily). Il évoquait le rôle de Hong Kong pour le commerce:

  • pour accéder au marché international

We do a lot of offshore trading, for example, we are manufacturing products on the Chinese mainland that can be sold through Hong Kong to bigger and better markets for better terms and prices

  • pour accéder au marché chinois

Similarly, the mainland’s needs could be met by Hong Kong importing goods for the mainland at better prices and terms. So, that is just one role Hong Kong can play

Plusieurs pistes économiques donc ont été évoquées, à suivre.

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