Alors que quelques dizaines d’étudiants sont toujours enfermés dans les locaux de PolyU après 6 jours d’encerclement par la police, il semble que le processus prévu pour les élections des représentants de districts soit bel et bien maintenu pour ce Dimanche.
Risques de report
On craignait en effet que suite aux violents affrontements qui ont eu lieu ces deux dernières semaines, transformant les campus universitaires en camps retranchés pour résister aux assauts des forces de l’ordre, le gouvernement ne prenne la décision de reporter le vote, avec le risque de raviver les tensions. Or, depuis deux jours, les nuits habituellement agitées ont été calmes et les barrages routiers faits de briques levés sur presque tout le territoire. Même le rendez-vous du “lunch-time protest” de Central qui associait blocage et parfois dégradations, avec le soutien improvisé des cadres travaillant dans le secteur à l’heure de leur pause, a mobilisé un nombre réduit de participants depuis Mercredi, un rassemblement ayant eu lieu dans le mall IFC Jeudi en soutien aux étudiants de PolyU.
Les bureaux de vote protégés
Quoi qu’il en soit, on annonçait Vendredi que l’ensemble des bureaux de vote feraient l’objet d’une protection policière, sur le modèle des pays sortant de guerres civiles ou de conflits ethniques. C’est la première fois dans l’histoire de Hong Kong qu’un tel dispositif est mis en place, témoin s’il en était encore besoin de l’extrême tension qui entoure cet événement. On craint en effet que des groupes d’un bord ou de l’autre ne cherchent soit à influer sur le processus du vote, soit empêcher son déroulement par des actions violentes.
L’enjeu du vote
Ce Dimanche, il s’agit pour les 18 districts de Hong Kong de choisir 452 représentants sur 479 sièges. Même si ces élections apparaissent dérisoires dans leur portée par rapport à la désignation des décideurs réels sur des listes fournies par Pékin, le fait de disposer dans les comités de districts qui restent consultatifs d’une majorité de partisans de la démocratie pourrait bien gripper le système en accentuant le sentiment que l’équipe dirigeante agit contre l’avis de la population. On s’attend certes à un nombre plus important de représentants du camp anti-Pékin qu’à l’accoutumée mais cela ne signifie pas pour autant que l’écrasante majorité des Hongkongais supporte cette vision. En effet, la crise actuelle a mis en évidence une fracture profonde dans la société hongkongaise, une partie de la population ayant tout simplement intérêt à ce que la politique pro-chinoise se poursuive. C’est le cas notamment des propriétaires immobiliers et des commerçants et hommes d’affaires qui profitent du marché, des resources ou des capitaux chinois. Les vieilles générations en particulier ont largement bénéficié du développement de Hong Kong depuis la rétrocession et ont parfois le sentiment d’un juste retour de l’ancienne colonie britannique à la Chine dont elles sont issues.
Une société divisée
C’est bien contre cette société où les richesses ont déjà été distribuées et dont ils ne parviennent pas aujourd’hui à retirer les fruits que se battent les jeunes générations, agitant des concepts inédits à Hong Kong comme autant de bouées de sauvetage. Avec des prix de logement devenus inabordables et la concurrence des cadres d’origine chinoise sur le marché des entreprises de plus en plus contrôlées par la Chine, ils craignent de ne plus pouvoir tirer leur épingle du jeu. Leur mobilisation dans les urnes sera donc déterminante. La question est de savoir si la majorité de la population soutiendra la demande de changement portée par la jeunesse ou au contraire croit que le besoin de sécurité est devenu la première priorité. De ce choix dépendra la poursuite ou non du mouvement, bien que de nombreux manifestants aient par avance fait savoir que le vote ne changera rien, ayant tout simplement, expliquent-ils perdu confiance dans le système.
A suivre.
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