Cette année, le 2 septembre marque la fête des "fantômes affamés". A cette occasion, revenons sur certaines histoires de fantômes tristement célèbres à Hong Kong.
Le festival des "fantômes affamés" est le moment de l’année où les morts sont supposés revenir sur terre. Il est célébré le 15ème jour du 7ème mois lunaire, mais cérémonies et offrandes se déroulent tout au long du mois. J’en profite pour vous raconter quelques-unes des histoires de fantômes liées à Hong Kong.
La première d'entre elles est liée à l’occupation japonaise, période de triste mémoire. Fin 1943, les Japonais qui contrôlent l’ancienne colonie britannique érigent un sanctuaire commémorant les héros tombés au combat, version shinto du cénotaphe des anglais de la place Chater. Ce monument, haut de 40 mètres, domine alors Victoria Harbour, sur le Mount Cameron.
L’épée du samouraï
Pour conférer son caractère sacré à l’édifice, les autorités d’occupation décident de faire venir du Japon une pièce exceptionnelle, un katana forgé il y a 500 ans qui aurait servi au célèbre samouraï Miyamoto Musashi (1584-1645), auteur du traité militaire "Le Livre des Cinq Anneaux". Or, cette pièce inestimable fut coulée à 14 mètres dans les fondations selon d’anciens ouvriers, avant que le mémorial ne soit élevé.
À la libération, le monument rappelle par trop les temps de malheur. On décide donc de l'abattre mais la tâche s’avère plus dure que prévue car la structure est bardée de tiges métalliques. Il faudra disposer de nombreuses charges explosives et l’expertise des artificiers militaires pour qu’enfin le 26 Février 1947, le monument bascule sur sa base avant d’être ensuite émietté à la masse. La base, quant à elle est intacte et c’est sur celle-ci que sera érigée plus tard la résidence Cameron Mansions.
Sous les pieds des habitants se trouve donc peut-être l’âme du célèbre héros japonais dont l’épée est coulée dans la structure. Des essais ont bien été menés pour localiser et éventuellement retrouver cet objet précieux mais sans succès. Pourtant si l'on parle bien de fantôme dans les parages, on évoque plutôt une âme taquine qui viendrait frapper aux portes des dames et leur toucher les fesses de temps en temps. Le guerrier, quant à lui, semble avoir trouvé le repos.
L’asile hanté
L’ancien asile d’aliénés, situé sur les hauteurs de Sai Ying Pun, est souvent désigné par les habitants du quartier comme "la maison hantée de High Street".
La raison en est que plusieurs incendies s’y sont déclarés après sa fermeture dans les années 70, allumés par des fantômes, dit-on. Même si certaines rumeurs évoquent des exécutions qui y auraient eu lieu pendant la guerre, il est aussi tout à fait possible que la fréquentation par des jeunes marginaux pendant la fermeture soit à l’origine de ces incidents. Le bâtiment a depuis fait l’objet d’importants travaux de rénovation. Quoi qu’il en soit, si vous passez par le quartier pour aller boire un verre, changez de trottoir, on ne sait jamais.
D'une manière générale, les lieux marqués par un passé de centres de torture, maisons de confort ou massacres perpétrés par les Japonais sont nombreux. Ainsi, Nam Koo Terrace dans le parc de Hong Kong, serait-il encore hanté par les cris des femmes emprisonées par l'occupant et la villa du 51 Blue Pool Road reste asscociée à l'éxécution sommaire de civils.
Villages abandonnés
Si vous êtes marcheurs, vous aurez probablement traversé lors d’une de vos randonnées certains de ces villages abandonnés par leurs occupants dans les années 1990. Ils sont nombreux sur Hong Kong, en général dans des endroits isolés ou mal deservis par les lignes de transports, sur des îles ou dans des zones montagneuses déclarées parcs naturels. Citons Fan Lau, Sham Chung ou encore Yim Tin Tsai.
Ces locations correspondent souvent à des communautés de migrants venus s’installer logiquement près des côtes ou encore de la frontière et qui, améliorant progressivement leur situation économique ou simplement fatigués des longs temps de déplacement, se sont rapprochés de la ville. Lorsque l’on y pénètre, il est difficile de ne pas penser aux générations d’enfants qui ont occupé les bancs des écoles devenues désertes ou aux travailleurs des salines qui ont peiné pour gagner leur vie.
Certains de ces lieux reviennent aujourd’hui à la vie, tel Yim Tin Tsai, dans le parc de Sai Kung, ancien village de missionnaires classé au patrimoine mondial UNESCO, qui accueille désormais les touristes de tours organisés en bateaux dans la baie mais la plupart du temps, on ne peut qu’imaginer la vie disparue au milieu des toits et des lits éventrés.
Comme les Chinois sont très superstitieux, le retour des mauvais esprits est souvent conjuré par des rituels, offrandes et bâtonnets d’encens, ou encore les miroirs "bat gwa" (八卦) octogonaux placés au dessus des ouvertures, rappelant ceux du Berry destinés à éloigner le mauvais œil. N’ayez pas peur, donc, si certains sanctuaires avec alcool, poupées ou cigarettes évoquent pour vous les cérémonies vaudou (voir ci-dessus dans une maison abandonnée de l'ile de Cheung Chau), c’est au contraire la garantie d’un excellent Feng Shui!
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