

Après 55 jours sans nouveau cas de transmission locale, la capitale chinoise a confirmé 106 nouveaux cas ces 5 derniers jours. La municipalité est repartie dans une spirale de confinement. Que sait-on de cette deuxième vague?
Retour au confinement à Pékin
Tout a commencé au marché de gros Xinfadi au sud de la ville, qui fournit 70% des fruits et légumes consommés à Pékin. Comme Rungis, Xinfadi est le centre d’approvisionnement de nombreux marchés de la ville, fréquenté quotidiennement par 75.000 personnes dans une grande promiscuité. 36 cas y ont été confirmés, pour un taux de contamination qui paraît très largement sous-estimé. Les chiffres continuent d’être revus. Suite à ce premier cluster confirmé à Xinfadi, depuis jeudi, la ville teste les marchés de proximité. Quatre ont déjà été fermés. A Tiantao Honglian par exemple, au moins un vendeur a été atteint et les surfaces des étals ont été testées positives… 62 employés sont désormais confinés.

Mardi, le niveau d’alerte dans la ville a été remonté, et 30 quartiers (classés hautement ou moyennement risqués) confinés. Des milliers de résidents doivent rester chez eux, ils seront testés et ravitaillés. Les visites sont interdites. Les comités de quartiers ont de nouveau instauré des guets à l’entrée des complexes résidentiels.
La distanciation sociale se resserre: fermeture des sites sportifs et culturels, des lieux de loisir (les boîtes de nuit ont pu ouvrir vendredi dernier, samedi elles étaient fermées), des écoles. Les entreprises sont encouragées à adopter des horaires décalés et recourir au télétravail. Beaucoup de commerces ont fermé spontanément. Les transports publics (métro, bus) doivent contrôler le nombre de passagers, les taxis ne peuvent plus quitter Pékin. Les bus longue distance à destination des capitales des provinces limitrophes (Tangshan au Hebei, Rizhao au Shandong, Chifeng en Mongolie Intérieure, Tianjin) sont suspendus. Pékin est donc bouclé, et ses habitants avec: "Toute personne qui doit vraiment quitter Pékin devra fournir un certificat attestant d’un test négatif réalisé lors des sept derniers jours", a averti Chen Bei, la secrétaire générale adjointe de la mairie.
Chercher des coupables
On le voit, les grands moyens ont été déployés, très vite. Les autorités chinoises cherchent la faille du système sanitaire. Le Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC) affirmait ainsi lundi que la souche découverte au marché correspondait à une souche repérée communément en Europe. Les réseaux sociaux ont laissé entendre que des saumons européens auraient amené la si redoutée deuxième vague. Le virus avait en effet élu domicile sur des planches à découper du marché.
La thèse d’une souche importée a été depuis modérée: "Cela ne suffit pas à certifier qu'il provient de produits de la mer d'importation", d’après l'épidémiologiste en chef du CDC, Wu Zunyou. "Cela a pu provenir d'une personne contaminée". L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué suivre "de très près" la situation. Pour l’OMS, il s’agit bien sûr de mieux comprendre l’origine d’une seconde vague dans une région où les mesures sanitaires sont toujours très fortes. C’est aussi l’occasion de redorer son blason, alors que l’organisation est accusée de complaisance à l’égard de la Chine.
Risques de propagation
Il n’y a pas que des Pékinois qui font leurs courses à Pékin, alors que les déplacements en Chine sont désormais courants. 4 cas ont été confirmés dans la province du Hebei (qui entoure Pékin), semble-t-il directement liés au marché. Au moins 1 cas a été repéré au Sichuan suite au retour dans la province d’une femme après un voyage à Pékin.
Ces cas locaux s’ajoutent bien sûr aux cas importés: Shanghai, Guangdong, Mongolie Intérieure et Liaoning par exemple reportaient des cas lundi. Certaines municipalités, en premier lieu la capitale économique Shanghai, ont remis en place la quarantaine pour les voyageurs d’autres régions de Chine, en premier lieu Pékin. L’ombre du coronavirus rôde encore, même dans les premiers pays qu’elle a touchés. L’Italie, qui a rouvert ses frontières le 3 juin, annonçait 2 nouveaux foyers à Rome. Il est encore trop tôt pour en tirer des leçons, mais une chose est sûre: il ne faut pas baisser la garde.
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