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Regard chaleureux, paroles encourageantes, Isabelle Carlier vous met à l'aise en quelques minutes. Dans ce lieu institutionnel qu'est l'antenne de Shenzhen de la Chambre de Commerce et d'Industrie française en Chine (CCIFC), on se sent écouté, compris, aidé. Après deux coups de téléphone bien ciblés, trois cartes de contacts ou d'adresses utiles et une demi-heure de discussion, on ressort avec un nouveau projet en tête, et l'énergie de le réaliser. Pendant quatre ans, Isabelle a ?uvré ainsi à mobiliser les énergies pour faire progresser l'ensemble de la présence française en Chine. Alors qu'elle tire sa révérence à regret pour regagner la France, elle nous a confié son bilan.
Une mission : l'emploi et l'employabilité des Français en Chine
L'antenne de la CCIFC à Shenzhen a ouvert en décembre 2008, sous l'impulsion de Joël Pujol qui avait pleinement conscience du potentiel de développement économique de la ville. Au départ, des navettes se font depuis Canton, puis Frédérique Consigny et Claire Xie démarrent. Le 23 juin 2010, Isabelle Carlier pousse la porte de la Chambre et anime rapidement un atelier recherche d'emploi. Au départ de Frédérique, le poste est confié à Isabelle. Sa mission, en tant que directrice de la CCIFC Shenzhen est de mettre en place un réseau d'emploi et, en tant que référente emploi Chine, de coordonner l'employabilité des Français de Pékin, Shanghai, Canton et Shenzhen. Vaste tâche pour laquelle Isabelle puisera aussi bien dans ses études de psychologie que dans son expérience de DRH en France.
Créer du lien social et du lien d'affaires
Pour ce travail, l'empathie et les qualités d'écoute sont indispensables : que ce soit en entretien individuel, au club recherche et développement, lors des diners officiels, de visites d'entreprises ou de conférences, il faut d'abord écouter pour pouvoir donner la meilleure information possible. "Souvent, les personnes viennent vers moi avec une demande précise, mais si on ne répond qu'à cette attente concrète, on passe à côté du problème, car beaucoup de questions sont cachées derrière !" L'art et la manière de questionner que cultive Isabelle aident beaucoup à verbaliser les difficultés, et à orienter les gens vers ceux qui, plus expérimentés, pourront les aider concrètement. Partager ses difficultés comme ses succès permet de capitaliser de l'expérience au profit de tous et de faire avancer l'ensemble de la communauté française. "Ceux qui veulent faire cavalier seul ne s'en sortent pas facilement. Ceux qui ont dû démarrer seuls viennent aujourd'hui frapper à la porte après 6-8 ans de travail acharné", précise Isabelle.
Miser sur le capital confiance
"Notre plus belle réussite a été de montrer aux PME que les difficultés étaient les mêmes pour elles que pour les grandes. De plus, les PME trouvent parfois avant les grandes l'aide nécessaire, elles ont beaucoup de dynamisme ! Au départ, les TPE et PME pensaient que nous ne nous intéressions pas à elles, mais elles ont toutes leur place à la CCI : leur entrée dans notre annuaire des entreprises prouve que nous les avons mises en confiance". Mais la confiance s'est aussi développée jusque dans les réseaux chinois : "Aujourd'hui, même les entreprises chinoises nous appellent pour nous demander de les aider à recruter. Nous avons également des sponsors chinois ! Nous avons réussi à nous faire identifier par les grands partenaires institutionnels et économiques chinois", se félicite Isabelle Carlier, qui laisse la CCIFC de Shenzhen en plein développement !
Le défi de l'interculturalité
Chacun a connu cette phase d'adaptation qui dure environ huit mois où l'on passe de l'émerveillement à la déprime, où on remet en question sa présence en Chine avant de construire en acceptant de vivre avec ce qui manque dans le paysage. "Ici, il faut mettre des ronds dans des carrés !", résume-t-elle avec son langage imagé. Face à cela, le secret d'Isabelle "pour bien vivre ces difficultés culturelles, c'est d'être humble par rapport à son métier, ne pas être donneur de leçon, mais écouter ce que les Chinois ont à nous dire pour pouvoir travailler avec eux. C'est ainsi que nous tissons la confiance entre entreprises, mais c'est vrai aussi au niveau interpersonnel." Construire cette relation prend du temps, et Isabelle regrette que les managers depuis la France mettent la pression : "Monter un business en Chine prend du temps, 2 ans, 3 ans c'est très court pour que les entreprises chinoises intègrent les codes internationaux et que nous acceptions de faire des compromis. Un jeune VIE ne peut pas développer une affaire à toute allure, même s'il travaille à 200% ! Pour venir en Chine, il faut savoir nager !", aime-t-elle à rappeler.
De retour en France, Isabelle sait que ces années passées en Chine seront précieuses pour elle : ce qu'elle a construit et appris à la Chambre, elle aimerait d'ailleurs le poursuivre, en tissant un lien entre cette expérience et son avenir professionnel. Pour que ce ne soit pas une simple parenthèse, mais que ce trait d'union entre la Chine et la France puisse continuer à l'enrichir.
Apolline Delplanque (www.lepetitjournal.com/hong-kong) lundi 20 janvier 2014