Carden Chan est à la tête de l’association Tetra Neons qui lutte pour récupérer les enseignes au néon progressivement démontées à Hong Kong, éléments d’un patrimoine qui disparait. Maitre Wu Chi Kai fabrique des néons depuis 36 ans. Nous les avons rencontrés tous les deux.
Petite histoire des néons de Hong Kong
Dans les rues de Hong Kong, les néons ont joué un rôle essentiel dans l’animation de la vie nocturne de ces cinquante dernières années. À mesure que la ville se développait comme centre commercial et financier majeur, les commerçants ont adopté ces enseignes lumineuses pour attirer l'attention et se démarquer. Le résultat était un spectacle éblouissant de toutes les formes et tailles, de caractères chinois étincelants et logos des marques internationales que l’on retrouve dans les films de cette période. Exemple avec le film Chungking Express de Wong Kar Wai, réalisé en 1994. Tout y est emblématique du paysage urbain de la ville : nuit, fourmillement, halos jaunâtres, fumée de cigarette et surtout enseignes de néons, qui sont un élément essentiel dans la représentation de l'ambiance urbaine et de l’identité visuelle de la ville dans le film.
Carden Chan : « préserver le patrimoine »
Avec l'évolution des technologies et l'émergence des écrans LED, les néons traditionnels ont entamé leur déclin au cours des dernières décennies. De nombreux panneaux lumineux ont été remplacés par des solutions plus économes en énergie et plus flexibles. Cette évolution marque la fin d'une ère, sans effacer cependant la mémoire collective de l'impact culturel et esthétique des néons.
Carden Chan : « L’association Tetra Neon Exchange se charge de collecter et de restaurer les néons remplacés voués à être abandonnés ou détruits. Après être parvenu à conserver le signe lumineux, l’association l’élève d’abord sur des traiteaux pour éviter qu’il ne soit abîmé par la pluie et l’humidité. Ensuite, il faut trouver un investisseur, un sponsor, qui souhaite le restaurer, le récupérer, ou l’intégrer à une exposition. Ainsi l’année dernière a eu lieu une première exposition, organisée à Central. Dans ce contexte, nous avons fait appel à des ingénieurs, des maîtres artisans de néons, ou travaillant le métal, pour faciliter la réparation, le transport et le fonctionnement des néons, et afin de s’assurer que ces derniers ne posaient aucun problème de sécurité sur place. »
La restauration des néons de Hong Kong avec Maître Wu
Maître artisan Wu Chi Kai, travaille sur les néons depuis 36 ans et a acquis expertise et savoir-faire. Lui a connu l’effervescence des années 1970, 1980, 1990, où les néons pullulaient sur les façades, inondaient les rues. L’écrasante majorité des panneaux lumineux était constituée de néons. Mais désormais, la demande a diminué, limitée à des expositions, ou pour des logements privés. Il lui faut donc adapter l’offre, renforçant l’importance de la restauration. Restaurer un néon peut demander du temps mais les néons deviennent des objets « rétro », témoins d’une époque révolue. Maitre Wu en est persuadé, « Le tout est de privilégier la qualité, la beauté des néons, pour qu’une majorité de gens cherchent naturellement à les conserver. Il y a un lien intrinsèque, un rapprochement évident entre les néons et Hong Kong. »
A ce propos, maintenant que l’offre s’est fortement restreinte, et que les néons sont destinés à un public de curieux, d’amateurs ou de photographes, la qualité d’œuvre d’art de ces néons peut être pleinement assumée, même si, comme l’indique Carden Chan, «la place des néons est avant tout dans les rues, qui sont des galeries vivantes ».
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