Pour la première fois, les deux personnages créés en 1946 par Edgar P. Jacobs visitent Hong Kong, proposant une ballade dans la ville des années 1950. Un mélange unique entre histoire et science-fiction!
Parmi les nouvelles qui raviront les amateurs de BD, la parution prochaine de La Vallée des Immortels, le dernier volet de la saga Blake et Mortimer, est à marquer d’une pierre blanche pour les afficionados du vieux Hong Kong. En effet, cette nouvelle aventure se déroule dans le port des parfums. Même si l'album n'est pas encore disponible (sortie en France le 16 novembre), il était possible d'en avoir un premier aperçu en lisant les planches publiées depuis la fin de l'été dans les journaux "Ouest-France" et "Moustique", sur le modèle du Journal de Tintin de la grande époque!
Depuis les premiers albums, la série se caractérise par le mélange entre réalité historique et science-fiction, le souci apporté aux détails rendant les inventions plausibles. Le dessinateur belge Edgar P. Jacobs travaillait beaucoup à partir de photos comme par exemple pour L’Affaire du Collier, qui se déroule à Paris, Le Mystère de la Grande Pyramide au Caire ou le cultissime La Marque Jaune situé à Londres.
L'autre caractéristique est l'utilisation de l'uchronie, c'est-à-dire un style de récit qui extrapole l'histoire officielle en répondant à la question "que serait-il arrivé si...?". La plus grande invention historique du père de la série est la troisième guerre mondiale, engagée et perdue dès la fin de la seconde par un hypothétique dictateur tibétain, l'empereur Basam Damdu. Quant aux héros, le capitaine Francis Blake est un ancien pilote de la Royal Air Force devenu directeur des services secrets britanniques, le MI5, tandis que Philip Mortimer est un éminent professeur de physique nucléaire. Les successeurs de Jacobs, comme Yves Sente, ont tous conservé les bases qui ont fait le succès de la série.
C'est précisément après la troisième guerre mondiale que se situe cet épisode, les personnages attérrissant à Kai Tak à la fin des années 1940. La RAF, autrefois stationnée à Kai Tak, est d'ailleurs mise à contribution par l'histoire puisque trois Spitfire engagent un combat aérien à un mystérieux pilote aux commandes d'un Mustang de fabrication américaine.
L'ennemi, lui, est chinois, un seigneur de la guerre du nom de Xi-Li, qui profite du chaos laissé par la fin de la guerre et la lutte grandissante ente Mao et Chiang Kai-shek pour tenter de mettre la main sur un précieux manuscrit. Devant cette menace et la poussée des communistes (voir la vidéo), Hong Kong doit assurer sa protection, aussi le capitaine Blake et le professeur Mortimer sont-ils mis à contribution.
La partie historique de La Vallée des Immortels est particulièrement bien documentée, le rappel des événements politiques qui secouent ces années étant présent dès les premières pages où un personnage familier des tintinophiles, un certain Gibbons, salue le professeur Mortimer dans le célèbre Peninsula.
Il explique qu'il vient de Shanghai dont la Concession Internationale a été cédée aux Chinois et on aura fini de reconnaître le méchant colonialiste rabroué par Tintin au début du Lotus Bleu. L'hommage à la carrière de Edgar Jacobs par Yves Sente est ici manifeste quand on sait que celui-ci a participé aux albums de Hergé comme coloriste. La similarité des tons employés par les deux tenants de la ligne claire dans les albums des années 1950 est évidente avec le rouges et bleus criants destinés à égayer les histoires parues dans les années 1930 et 1940.
La mise en situation se poursuit avec un trajet en ferry boat à partir de Tsim Sha Tsui, une halte au Hong Kong Club et une course en pousse-pousse dans Wan Chai qui n'est pas sans rappeler l'arrivée de Tintin à Shanghai. La parenthèse historique refermée, l'intrigue se met en place grâce à l'imagination futuriste propre à la série.
C'est cette fois dans Mount Davis, au dessus de Kennedy Town, que l'auteur a décidé d'installer la base secrète de l'armée britannique censée protéger le monde libre (on se souvient de James Bond, L'Homme au Pistolet d'Or, et de la base dans l'épave du Queen Elisabeth II dans Victoria Harbour). Une nouvelle arme stratégique s'y cache, système de guidage satellite pour les fameux Espadon créés par le professeur Mortimer. La montagne s'ouvre à la manière d'un silo de la Guerre Froide pour libérer l'engin.
Résidant à côté du Mount Davis, je peux vous garantir qu'il n'y a rien de tel en dessous, raison de plus pour lire cette BD sur place lors d'une randonnée sur les batteries abandonnées et laisser partir votre imagination. Rendez-vous donc dès mi-Novembre pour une ballade avec Blake et Mortimer!
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