Benoît, écrivain de Jeux de Rôles

Nous sommes allés à la rencontre de Benoît, tombé tout petit dans la marmite du Jeu de Rôles (JdR). Passé depuis quelques années du côté de l’écriture, il décrypte pour nous cet univers méconnu.

Qu'est-ce que le jeu de rôles?

C'est un jeu de société à mi-chemin entre le jeu de stratégie et le théâtre d'improvisation. Les joueurs incarnent des personnages qu'ils créent pour une ou plusieurs parties, comme s’ils jouaient un rôle au théâtre. Mais contrairement à des acteurs, ils ne connaissent pas l'histoire à l'avance, ils la créent au fil de l'eau. Dans la plupart des jeux de rôles, un participant, le Meneur de Jeu (MJ), a une fonction particulière: il n'incarne pas un rôle en particulier, mais tous les rôles et l'univers autour des personnages. Il est moitié metteur en scène, moitié acteur.

Concrètement, on s'assoit autour d'une table avec les règles du jeu, du papier pour décrire les personnages, des crayons et (souvent) des dés. Ceux-ci déterminent si les personnages réussissent leurs actions. Puis on raconte ensemble une histoire.

Pouvez-vous nous résumer le développement du JDR? Quels sont les jeux phares?

Le 1er jeu de rôle sorti en 1974 était Donjons & Dragons (D&D), jeu médiéval fantastique inspiré de Tolkien et de la fantasy, qui en est à sa 5ème édition officielle. D&D a établi beaucoup de standards et reste très influent. La 2ème locomotive est L'Appel de Cthulhu, un jeu d'enquête et d'horreur inspiré de HP Lovecraft. Des alternatives ont émergé en terme de thèmes (science-fiction, historique...) et de mécaniques (jeux sans MJ, sans dés…).

Il existe aujourd'hui des centaines de jeux, très divers. Les jeux à licence (Game of Thrones, Star Wars…) attirent de nouveaux joueurs grâce à la notoriété de leur univers et représentent le gros des ventes hors D&D et Cthulhu. 

Le "marché" du JdR est minuscule. Hors gros succès, les ventes se limitent à une niche de passionnés. Un JdR francophone vendu à 4000 exemplaires, c'est déjà beaucoup. 

Pour répondre aux besoins des premières générations de joueurs (qui ont pris de l’âge et ne peuvent plus consacrer des nuits entières au JdR), la tendance est aux JdR permettant des parties courtes, sur 2-3 heures. Les règles sont plus simples, l’histoire avance plus rapidement.

En quoi consiste votre rôle d'écrivain de JdR?

Comme beaucoup de joueurs passionnés, j'avais depuis longtemps des idées de jeux. Cette année, je publie "Donjon&Cie" chez John Doe Editions, une gentille parodie de Donjons&Dragons et du monde de l'entreprise. Le postulat de base de Donjons&Dragons c’est que les aventuriers (les joueurs) explorent des Donjons et y tuent des monstres. Dans Donjon&Cie, on joue les monstres, on fait partie d'une entreprise qui vise à dépouiller les aventuriers. 

Côté actu, je prépare un second jeu, “Les Mystères de Paris”. Les joueurs seront des flics qui enquêtent sur des événements surnaturels, dans le Paris contemporain.

D'après mon expérience d'écrivain, il faut d'abord identifier un bon concept, puis construire les règles: comment caractériser les personnages, comment résoudre les actions entreprises, pour produire une histoire fun pour chacun des participants. Enfin, il faut donner au MJ (s'il y en a un) tous les outils pour mener aisément le jeu: scénarios tous prêts, boîtes à idées…

Enfin il faut tester: pour Donjon&Cie, j'ai fait une cinquantaine de parties avec des joueurs différents, ainsi qu'une campagne de quinze parties suivies avec les mêmes joueurs. Il faut s'assurer que les règles tiennent la route, que les joueurs s'amusent et que le jeu tient sur la durée. En tout, j'ai travaillé dessus pendant 2 ans sur mon temps libre.

Quels jeux conseilleriez-vous pour s'initier au JdR?

Tranchons&Traquons est simple d'approche et très riche. La 2nde édition est téléchargeable gratuitement, il existe aussi une édition illustrée format papier à prix raisonnable. C'est le premier jeu auquel j'ai fait jouer mes fils dès 7-8 ans, mais il est aussi adapté pour des adultes.

Pour ceux que ça intimide mais qui aiment les jeux de société, For the Queen, sorti récemment en anglais, permet de "faire du jeu de rôle sans s'en rendre compte". On y joue l'entourage d'une reine qui l'accompagne en voyage. Les joueurs répondent à des questions, leurs réponses créent l'histoire et décrivent les personnages. C'est fun, intelligent, et très prenant.

Un dernier point pour les Hongkongais: un club informel de rôlistes anglophones organise tous les samedis à Central des parties au pied levé, dans une ambiance très sympa. Les MJs sont accueillants envers les débutants, on y croise des gens de tous âges et toutes nationalités. Pour en savoir plus, rejoignez le groupe One-Shot Saturdays: Hong Kong RPG Meetup sur Facebook.

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