Andy Cornish a grandi et vit à Hong Kong. Diplômé de l'Université de Hong Kong, où il a soutenu une thèse sur les poissons de récif, il a consacré sa vie à la conservation de la nature et dirige aujourd’hui le programme mondial de conservation des requins et des raies du WWF sur les six continents. Il s'est confié à lepetitjournal.com.
WWF lutte pour la biodiversité depuis 60 ans
Comment fonctionne le WWF, notamment à Hong Kong ?
Avec 20 bureaux de part le monde, WWF est engagé dans la protection des océans et de la vie sauvage en général, luttant depuis 1961 pour sauvegarder la faune et la flore de notre planète. Les actions de l'organisation comprennent l'éducation scolaire, les programmes commerciaux à faible émission de carbone, les produits de la mer durables, la lutte contre le commerce illégal d'espèces sauvages. A Hong Kong, l'ONG est présente depuis 1981 et gère la réserve naturelle de Mai Po et les Wetlands.
L'établissement de parcs marins à Hong Kong permettrait de sauver de nombreuses espèces
Hong Kong fait face à de nombreux défis écologiques. Selon vous, quels sont les plus urgents ?
Dans le domaine marin, l'interdiction de la pêche au chalut il y a dix ans a constitué un grand pas en avant pour réduire la surpêche mais la défense de la faune marine le long de nos côtes, autrefois abondante, n’est pas suffisante selon moi. La pollution par déchets constitue en particulier une menace pour la vie marine. Le développement continue de détruire l'habitat à l’ouest de Hong Kong, et la protection de la population chinoise de dauphins blancs nécessite de prendre des mesures comme la mise en place de parcs maritimes. A ce jour, aucun poisson ni mammifère marin n'est réellement protégé. Cela doit changer si l’on veut que les espèces les plus épuisées puissent survivre.
Les requins sont particulièrement menacés par la surpêche
Quelle est la chose dont tu es la plus fière depuis que tu as commencé à travailler ?
De nombreuses populations de requins et de raies ont subi un déclin important en raison d'une surpêche généralisée. Ainsi 92 espèces majeures sont aujourd’hui à deux doigts de la disparition totale. Au cours des deux dernières années, j'ai travaillé avec des experts pour concevoir un programme mondial que nous prévoyons de lancer dans les mois à venir, visant à sauver certaines des espèces les plus menacées d’extinction. C’est probablement le programme avec le plus fort impact potentiel sur lequel il m’ait été donné de travailler, permettant d'améliorer la santé des océans et de protéger les requins.
La contrebande d'espèces menacées a repris de manière inquiétante
Avez-vous des anecdotes à partager avec nous ?
J'ai passé beaucoup de temps en mer à Hong Kong au cours des 20 dernières années et j'ai fait plus de 800 plongées. Début septembre, j'étais sur le téléphérique de Ngong Ping avec mon fils de trois ans et j'ai vu ce qui semblait être plus de 50 vedettes rapides quitter Lantau à grande vitesse près du pont vers Macao et Zhuhai. C'était un spectacle complètement nouveau pour moi et assez étrange, alors j'ai pris quelques photos. Environ un mois plus tard, l'histoire a éclaté sur une opération de contrebande massive entre Hong Kong et le continent – c'est ce que j'avais vu – et une saisie massive de marchandises sur le point d'être passées en contrebande qui comprenait l'une des plus grosses saisies jamais réalisées d'ailerons de requin. Selon les estimations, 10 000 animaux. C'était assez étonnant de voir comment une rencontre fortuite s'est avérée si liée à mon travail.
Nous sommes tous en mesure de faire quelque chose pour la planète
Si nos lecteurs souhaitent contribuer à améliorer la situation, quels seraient vos conseils ? Comment pourraient-ils aider et améliorer la situation ?
Ils peuvent soutenir les ONG travaillant sur les causes qui vous tiennent à cœur, que ce soit financièrement ou en donnant de leur temps et expertise professionnelle. Ils peuvent encourager l'entreprise pour laquelle ils travaillent à progressivement réduire son impact environnemental et à devenir une force de changement positif. Enfin, une fois que les voyages internationaux s'ouvriront à nouveau, réfléchissez avant de prendre un vol long-courrier car ce sont généralement de loin les plus gros émetteurs de dioxyde de carbone pour les particuliers. Achetez des crédits carbone pour compenser vos déplacements personnels.